La Libye a été victime d'inondations meurtrières dont le dernier décompte officiel fait état de 3 800 morts. Les medicanes sont à l'origine de la catastrophe. Un phénomène météorologique qui pourrait frapper notre département.
Depuis le mardi 12 septembre, la Libye fait face à d'importantes inondations ayant déjà causé la mort de 11 470 personnes. En cause : les medicanes. Qu'est-ce que ce phénomène météorologique ?
Un medicane est un phénomène hybride possédant quelques caractéristiques des cyclones et d’autres des dépressions plus classiques des latitudes moyennes, explique Météo France. "Il s’agit d’une contraction de Méditerranée et "hurricane" (ouragan, en anglais). Comme l’ouragan, l’intensité du phénomène dépend de la température de l’eau", ajoute Fabio D’Andrea, directeur de recherche au CNRS.
Oui, tout le pourtour méditerranéen peut être concerné
Peut-on vraiment être touché par ce phénomène météorologique, dans les Bouches-du-Rhône ? La réponse est oui. Serge Zaka, spécialiste météo climat, rappelle d’abord qu’entre le 9 et le 11 novembre 2011, le Var a été touché par le medicane Rolf, avec 400 mm de précipitations et des rafales à 150 km/h.
Pour le spécialiste, la fréquence de ce phénomène ne va pas augmenter dans les années à venir, il se pourrait même qu’elle soit en baisse. "En revanche, les études montrent une évolution de l’intensité, avec des vents, des vagues et des précipitations plus violentes."
Le réchauffement climatique n’y est pas pour rien. "L’intensité du medicane dépend de la température de l’eau. Et comme on connait une hausse de la température de l’eau, c’est pour cela qu’on prévoit qu’il monte en intensité", explique Fabio D’Andrea. "Le réchauffement des eaux méditerranéennes envoie de l’énergie supplémentaire pour les orages. La loi physique dit que chaque degré d'augmentation de la température peut augmenter la teneur en vapeur d'eau de l'atmosphère de 7 %", ajoute Serge Zaka.
En clair, une chose est sûre : "les Bouches-du-Rhône, comme tout le pourtour méditerranéen, est susceptible de subir un medicane, d'ici à la fin du siècle".
Mais il y aurait moins de dégâts qu'en Libye
Mais Serge Zaka se montre rassurant : les dégâts ne seront pas aussi importants que ceux en Libye. "La Libye a eu quelques facteurs aggravants, avec des constructions à la sortie d’un fleuve et la rupture de barrages." De notre côté, notre sol est moins désertique et, par conséquent, absorbe davantage d’eau que la Libye. Aussi, nos barrages sont plus surveillés et il est peu probable qu’on ait une rupture de barrage. Le spécialiste insiste sur le fait que nous avons un système d’alerte et d’évacuation efficace.
Cependant, attention. De par notre urbanisation, "nous ne sommes pas à l'abri d’avoir des inondations dévastatrices. C’est la vulnérabilité des côtes qui est en cause dans les dégâts, plutôt que le médicane lui-même", souligne le spécialiste météo climat. Entre l’urbanisation des zones humides, les reliefs qui peuvent favoriser les accumulations, les sols qui favorisent le ruissellement et la mer et les vents locaux qui favorisent l’énergie des orages, l’arc méditerranéen n’est pas protégé des inondations
Si un médicane est difficilement prévisible, le risque reste présent tant que la température de la mer reste supérieure à 26 degrés.