Comme chaque été, La Ciotat organise des événements festifs sur le Vieux-Port. Mais depuis quelques années, les concerts et autres festivités débordent, selon un riverain. Face au silence de la mairie, cet habitant décide de saisir la justice.
L'été est enfin là. La chaleur, le soleil, les vacances, mais aussi les concerts, animations et sorties endiablées jusqu'au bout de la nuit. Si certains profitent pleinement de ces jours de farniente, pour d'autres, c'est le début des ennuis.
Comme chaque année, la ville de la Ciotat qui se dit désormais "cité balnéaire" organise ses festivités sur son port. Dans les bars et les restaurants, les scènes musicales se succèdent. Pour certains riverains, le bruit engendré par ces activités estivales est insoutenable. Alissone, Ciotadenne de 27 ans, a vécu deux ans au port de La Ciotat. "C'était vraiment insupportable. Certains ne respectent pas l'heure pour la musique ou les karaokés. Certes, ils doivent gagner leur croûte, mais pas sur le dos des gens qui doivent se lever le matin très tôt".
C'est quand même un gros bénéfice pour les restaurants.
Alissone, Ciotadenneà France 3 Provence Alpes
Ayant elle-même travaillé dans la restauration, Alissone est divisée sur la question. "Je pense que c'est le même problème pour beaucoup de villes chaque été. C'est très difficile de dire aux gens qui consomment de ne pas faire de bruit. Puis c'est vrai que pour les jeunes de La Ciotat, il n'y a aucun endroit où écouter de la musique et danser sans que ça gêne personne", reconnaît-elle. Il y a quatre ans, une de ses voisines avait lancé une pétition pour imposer un couvre-feu à un bar situé juste en bas de chez elle. "Elle avait obtenu pas mal de signatures. Elle avait réussi à faire en sorte que le bar coupe la musique à partir de 23h30."
Mais pour d'autres, la fête dépasse les bornes. Un riverain, qui souhaite rester anonyme, a saisi le tribunal administratif de Marseille pour dénoncer ces nuisances sonores qu'il juge excessives. Selon lui, le niveau des décibels, ainsi que la durée des concerts, ne respecte pas les normes et réglementations relatives à la tranquillité des riverains.
Des festivités "qui débordent"
Depuis quelques années, La Ciotat cherche à développer son attractivité. "De plus en plus de délivrances sont accordées aux restaurants et bars pour faire des animations jusqu'à des heures tardives. Officiellement, cela dure jusqu'à une heure du matin, mais très souvent, cela déborde", explique Me Zoe Poncelet, son avocate. "Durant la période hivernale, des enceintes installées sur les frontons des immeubles fonctionnent en continu. Quand on est un habitant du port, on est contraint à subir de nombreuses nuisances près de six mois dans l'année", poursuit l'avocate.
Il y a cinq ans, le plaidant a commencé par demander des documents à la mairie pour se renseigner sur "le cadre du bruit" dans l'espace public, et ainsi vérifier si ce cadre est respecté. "Face au mutisme total de la commune, et à la carence de la police municipale qui n'a jamais répondu à ses appels, mon client a saisi la Commission d'accès aux documents administratifs (Cada) à quatre reprises, qui elle, a émis des avis favorables à la consultation de ces documents". Malgré cette légitimité manifestée par la commission, aucune réponse de la mairie, jusqu'à ce que le Ciotaden saisisse la justice.
Une première audience s'est tenue le 25 juin dernier. "L'avocat de la commune dit qu'il embête tout le monde, qu'ils n'ont jamais eu de plaintes, mais c'est faux. Ils mettent en place des événements qui les dépassent", accuse l'avocate du riverain. "Notre objectif est de démontrer que La Ciotat organise ces événements en dépit total de la tranquillité des riverains." La décision du tribunal administratif de Marseille devrait tomber "courant juillet".