Les décharges sauvages sont souvent dénoncées. Cette fois-ci, nous sommes dans une autre catégorie : la décharge illégale. Elle se situe à Saint-Martin-de-Crau. Deux à trois camions par jour viendraient y jeter leurs déchets. Le "petit trafic" pourrait être un gros scandale.
Au bout d’un joli chemin de verdure se cache une activité beaucoup moins bucolique. Des propriétaires ont creusé des trous, énormes, sur leur parcelle agricole. Des déchets y sont jetés plusieurs fois par jour. Contre rémunération, évidemment.
Sur cette vue de Google Earth, datant de 2019, deux « cratères » réalisés vraisemblablement avec des engins de chantier sont bien visibles.
Les propriétaires expliquent qu’il s’agit d’un apport de terre et de cailloux pour un remblai destiné à construire un hangar.
L'association France Nature Environnement est saisie par lettres anonymes
Au mois de juillet, l’association France nature environnement (FNE 13), reçoit des lettres anonymes. Elles dénoncent de probables enfouissements de terre et de déchets sur des terrains privés, depuis le mois de janvier. Le tout dans une zone classée Natura 2000."Il s’agirait d’un enfouissement de terre et déchets de très grande ampleur", décrit Stéphane Coppey, administrateur FNE 13, "le site ferait l’objet d’aller-retours incessants de semi-remorques chargés de détritus qui sont déversés sur le sol. Une à plusieurs pelles mécaniques s’activent ensuite pour enfouir le contenu des bennes."
"Presque 6 mois se sont passés depuis les premiers constats et alertes de la part de personnes qui, pour certaines, ont été victimes d’intimidations et de graves menaces", regrette le spécialiste de l'environnement, "Nous souhaitons que les espaces naturels et agricoles soient remis en l’état et qu’une enquête soit diligentée pour savoir si la nappe phréatique aurait été souillée et polluée."
"Dernièrement, au mois d'août, nous sommes allés voir avec les services de police, de la gendarmerie et de l'Etat, constater toutes les infractions qui bien sûr vont remonter au procureur de la République.", déclare la maire.
Anticor s'empare de ce dossier et découvre un scandale
Une autre association s’est plongée dans ce dossier, avec une compétence différente. Il s’agit d’Anticor, un groupe qui agit contre la corruption, pour l’éthique et la transparence.Jean Sansone, co-référent dans les Bouches-du-Rhône, ne croit pas à la version de la maire de Saint-Martin-de-Crau. " Dans ce genre de situation, si on veut vraiment être efficace, on s’adresse directement à la préfecture. La DREAL (Direction régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement) est compétente et efficace."
Selon les premiers éléments recueillis par Anticor, on ne serait pas dans le cas de propriétaires qui se font quatre sous avec leur terrain mais plutôt dans le cas d’une organisation gérée par des professionnels.
Les zones d'ombre semblent s’éclaircir rapidement. Un vrai scandale pourrait éclater autour de cette affaire, impliquant une grosse entreprise et des noms bien connus.
"Pendant le confinement, ce n'était plus deux ou trois camions par jour mais un camion toutes les 45 minutes", décrit Jean Sansone, "A raison de 20 à 30 euros par camion, la petite affaire a pu rapporter environ 300 euros par jour."
"Les déchets concernés seraient des gravats, des déchets de chantier. Mais aussi des déchets destinés à l'incinération."
Anticor et la FNE porteront plainte sous peu. La mairie de Saint-Martin-de-Crau se portera partie civile.