"C'est un beau jour", annonce Eric Le Dissès, maire de Marignane ce lundi, après l'annonce de la Métropole. Martine Vassal refuse l'installation de l'usine Satys sur cette commune des Bouches-du-Rhône, comme l'avait demandé le maire.
Satys ne s'installera pas à Marignane.
L'usine fait part du "gel" du projet dans un communiqué de presse paru ce vendredi 22 novembre. Une information confirmée par le maire de Marignane, Eric Le Dissès, par communiqué de presse.
Il a obtenu que les usines à caractères dangereux ne puissent pas s'installer sur la Zac des Florides. Une demande validée par la Métropole.
De nombreux habitants avaient défilé dans les rues de Marignane le samedi 6 novembre pour protester contre la construction de cette nouvelle usine.
"Stop aux usines chimiques, non à nos vies sacrifiées" pouvait-on lire sur la banderole en tête de cortège. Derrière, des familles avec de jeunes enfants scandaient "Non à Satys".
Justine Giordano de l'Association Respire 13 était plus disserte. "L'usine est à moins de 150 mètres d'une crèche d'entreprise et à moins de 300 mètres des premières habitations." Pour elle une seule solution : l'abandon du projet.
Satys c'est le nom de la future usine qui doit être construite dans la zone d'activité des Florides, à côté du site d'Airbus. Pour sa production de peinture aéronautique, l'entreprise utilisera du chrome VI, considéré comme cancérigène, et de l'acide chlorhydrique.
Le site est classé Seveso, il présente donc des risques d'accidents industriels majeurs (explosion, incendie, pollution). Il est cependant classé en seuil bas.
Pour faciliter l'installation de Satys, la Région a financé le projet à hauteur de 30 000 euros, voté le 13 décembre 2019.
de son côté la Métropole a acté une aide de 100 000 euros le 19 avril 2021. Et l'Etat avait apporté 400 000 euros d'aides également.
Un retournement de situation qui a fait réagir la La chambre de commerce et d’industrie Aix Marseille-Provence (CCIAMP).
" Il s’agit d’une très mauvaise nouvelle pour l’emploi, pour la vocation industrielle de notre territoire et pour l’avenir".
La CCIAMP s'inquiète de l’avenir de l’activité de Satys STM (ex PMA) et de ses quelques 150 collaborateurs, "mais aussi de la supply chain d’Airbus, qui pourrait être remise en question, si aucune autre solution n’était trouvée".
La CCIAMP se propose de réunir très rapidement l’entreprise et l’ensemble des parties prenantes et décideurs "avec la tenue d’une table ronde sur ce dossier important et emblématique".
La chambre de commerce s'inquiète de l'image donnée par cette situation.
"Nous sommes, donc, fortement préoccupés par le message qui vient d’être adressé indirectement aux industriels et investisseurs français et internationaux, qui laisserait penser que notre métropole est désormais hostile à l’implantation de nouvelles industries".
"Amalgames et fausses informations"
"Satys a présenté un dossier d’approbation environnementale aux Services de l’État dès 2020 et y a intégré toutes les dernières technologies en termes de traitement de l’air, de l’eau et protection incendie, afin de garantir une conformité parfaite avec les règlementations les plus strictes en termes de sécurité et d’environnement", indique l'usine dans un communiqué.
"Nous regrettons (...) que cette inquiétude et les questions légitimes de la population, aient pu être amplifiées et instrumentalisées, par des amalgames, des fausses informations et parfois des considérations partisanes, dont malheureusement les collaborateurs de Satys ont été très injustement les premières victimes."
L'usine assure continuer à protéger l'emploi des 120 personnes de Satys.
Une zone déjà polluée
En France, la zone de Fos-Etang de Berre concentre le plus d'industries, avec une forte pollution de l'air. Alors, pour les manifestants, c'est l'usine de trop. "On se bat pour nos enfants, expliquait Christophe venu manifester en famille, ce sont eux qui vont respirer toute cette pollution. "
Le futur site de l'usine est pour le moment un terrain en friche. " Je travaille pour qu'administrativement ça ne se fasse pas", avait annoncé sans plus de précision Eric Le Dissès maire de Marignane , venu participer au défilé.
"La commune fait 2.300 hectares, j’ai 2.000 hectares en site classé ce n’est pas pour avoir une usine Seveso, après je dois défendre ma population", témoignait Georges Rosso, le maire du Rove, commune adjacente de la future usine.
"On pense qu’avec la réglementation très stricte nationale ou européenne, les garanties existent sur le fonctionnement d’une usine qui retraite l’ensemble de ses déchets et n’a pas d’impact direct sur l’environnement autour de l’usine", assurait le directeur des activités de traitement des surfaces de Satys".
La région Paca compte aujourd'hui 92 établissements classés Seveso dont 55 sont en risque haut.
Encore marqués par l'incendie de l'usine Lubrizol surevenu à Rouen en septembre 2021, les manifestants ne veulent pas d'une nouvelle usine à proximité.