Le tribunal de commerce de Marseille a validé l'unique offre de reprise d'Alinéa, portée par le dirigeant de l'entreprise. Elle prévoit de conserver neuf magasins sur les 26 et de licencier 992 salariés de l'enseigne d'ameublement placée en redresssement judiciaire depuis mai dernier.
Une seule offre avait été déposée et sans surprise le tribunal de commerce de Marseille l'a validé ce lundi. Il s'agit d'une reprise partielle de l'enseigne d'ameublement basée à Aubagne, en redressement judiciaire depuis le 18 mai.
Neuf magasins sont conservés (dont ceux d'Aubagne et Avignon), sur 26 et 865 salariés sur les 1.861 que compte le groupe.
Selon le ministère public, l'offre des actionnaires, la famille Mulliez, baptisée Néomarché était "la seule alternative possible à une liquidation judiciaire directe". Un magasin supplémentaire, situé à Poitiers, est quant à lui repris par le groupe Gifi.
La famille Mulliez reste aux commandes
Cette offre émane des actionnaires, le PDG Alexis Mulliez (15%) et l'association familiale Mulliez (AFM, 85%), au sein de l'entité Néomarché."Il n'y a pas vraiment de suspense, avait amèrement constaté Eddy Chlang, délégué CGT chez Alinea,lors de l'audience. "Il n'y a qu'une seule offre, forcément elle sera validée par le juge."
Le repreneur a promis d'ajouter deux millions d'euros d'aides au retour à l'emploi, sans compter une enveloppe de "plusieurs millions d'euros" à répartir entre les personnes licenciées, à qui seront proposés plus de 900 postes en CDI dans la galaxie Mulliez et plus de 700 CDI dans d'autres entreprises.
Pour le syndicaliste, le compte n'y est pas. "Notre Pdg profite de la fameuse ordonnance du 20 mai, qui lui permet de racheter son entreprise."
L'aubaine d'une ordonnance post-Covid
Cette ordonnance post-Covid offre des dérogations en matière de cession, alors que la loi actuelle interdit aux dirigeants d'une entreprise qui dépose le bilan de présenter une offre et de détenir des actifs de cette entreprise pendant cinq ans.La Covid, une aubaine pour la direction d'Alinea ? "A l'origine, ils devaient fermer cinq magasins qui resprésentent 80 % des pertes, au final ils en ferment 17", a souligné Ingrid Seillery, secrétaire CGT du CSE central d’Alinéa, lors de l'examen de l'offre par le tribunal.
Les dirigeants d'Alinéa réfutent l'accusation. Ils mettent en avant la crise des gilets jaunes, la réforme des retraites et la crise sanitaire pour expliquer les pertes de l'entreprise. A l'ouverture de la procédure de redressement, le groupe aubagnais affichait un passif exigible de 12 millions d'euros, pour un chiffre d'affaires annuel de 257 millions d'euros et 62 millions d'euros de résultat net négatif.
Eddy Chlang reste inquiet pour l'avenir de l'entreprise. ""Ça reste la même stratégie commerciale, le même comité de direction, je ne vois pas comment ça pourrait perdurer par la suite".