25 ans après, vibrant hommage à Ibrahim Ali tué par des colleurs d'affiches du Front national

Comme chaque année depuis 25 ans, amis, famille et anonymes sont venus commémorer la mémoire d'Ibrahim Ali. Ce jeune de 17 ans a été tué par des colleurs d'affiches, un soir, d'une balle dans le dos. En pleine campagne municipale, cet hommage prend une autre dimension cette année.

200 personnes étaient présentes ce 21 février 2020 pour rendre hommage à Ibrahim Ali. Ce jeune Marseillais d'origine comorienne, tué le 21 février 1995. 

"Ça fait plaisir qu'il y ait toujours autant de monde depuis toutes ces années pour la mémoire d'Ibrahim", constate sa cousine, Fati Maoulida, présente chaque année elle aussi.

"Ça fait chaud au coeur et cela prouve que notre message est compris, même les jeunes générations sont là et partagent nos idées", ajoute Fati.

Tragique rencontre avec la haine

Ce 21 février 1995, trois militants du Front national, Robert Lagier, Mario d’Ambrosio et Pierre Giglio, collent des affiches dans le quartier de la Savine, au nord de Marseille, au profit de la campagne de Jean-Marie Le Pen.

Un peu après 23 heures, une bande de dix copains du collectif B.Vice sort d'une répétition. Ils croisent la route des trois colleurs du FN, rue Le Chatelier (15e). 

Parmi eux, Ibrahim Ali. Il est abattu d’une balle dans le dos alors qu’il courrait pour attraper son bus avec ses camarades. Un destin terrible pour ce jeune talent qui préparait une performance dans le cadre d’un concert de lutte contre le sida.

Maintenir le combat contre le racisme

Le procès a eu lieu du 9 au 22 juin 1998 à la cour d’Assises d’Aix-en-Provence. Le meurtre est alors reconstitué.


Deux des trois militants du parti d’extrême-droite étaient armés. Robert Lagier, auteur du coup de feu mortel écope de quinze ans de prison. Il mourra en détention.

Marc d’Ambrosio est condamné à dix ans et Pierre Gigilo à deux ans dont un avec sursis.

Les parties civiles ont obtenu la qualification de crime raciste et la désignation du FN comme le protagoniste de cet assassinat.  

Continuer le devoir de mémoire

Dans son discours Soly, ami d'Ibrahim Ali, a rappelé que l'avenue des Aygalades n'a toujours pas été rebaptisée de son nom, comme le souhaite depuis des années le collectif. La municipalité reste sourde à cette demande .

"Je ne comprends pas pourquoi cela prend autant de temps, pourquoi depuis le temps cela n'a toujours pas été fait ? Ce que nous voulons est simple, c'est que ce 4 Chemin des Aygalades porte enfin son nom en sa mémoire", explique Fati Maoulisa, la cousine d'Ibrahim Ali.

Pourtant en bas de la cité de la Savine, un rond-point porte son nom.  Il a été inauguré en catimini, ce que regrettent les proches d'Ibrahim Ali.  

"Ce rond-point, c'est du mépris, la plaque a été apposée en catimini, par la mairie centrale, sans en faire part aux amis et à la famille", souligne Soly.

Soly, l'un des amis et organisateurs de ces hommages annuels, a rappelé que cette année le contexte est particulier puisque "nous sommes à la veille d'une élection municipale. Gaudin prend sa retraite, il n'est jamais venu nous voir. Nous attendons de la prochaine municipalité qu'elle nous entende, ce n'est pas une revendication, c'est un cri du coeur pour un minot de Marseille qui a été tué". Si le message est un refus du Rassemblement national, Soly précise que le collectif est apolitique et refuse que la mémoire d'Ibrahim Ali soit rattachée à une couleur politique, "c'est le combat de tout le monde".

Il précise qu'en cette période éléctorale, il a été approché par différents partis politiques et qu'il a refusé "car justement je ne veux pas étiqueter cette mémoire, elle n'appartient pas à un camp politique. Cette mémoire appartient à tout le monde, à tous les Marseillais, à tous les démocrates." 
 
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