80 ans de la libération de Marseille : qui étaient les trois frères Barthélémy morts fusillés quelques semaines avant ?

Alors que Marseille célèbrera ces 27 et 28 août les 80 ans de la libération de la ville, après des combats extrêmement violents et un bombardement américain meurtrier, rendre hommage aux libérateurs de tout horizon, c'est aussi se souvenir de combattants de l'ombre. Des résistants morts fusillés, comme les trois frères Barthélémy.

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À Marseille, certaines rues portent le nom de résistants de la Seconde Guerre mondiale. Parmi elles, la rue des frères Barthélémy. Lucien, Georges et Louis Barthélémy sont trois frères résistants, connus pour avoir fait partie du réseau d'informations Brutus, fondé par Gaston Defferre. Ils grandissent à Marseille et s'engagent avec leur père contre l'opposition nazie. L'été 1944, les trois frères sont arrêtés et fusillés par la police Mais qui étaient-ils vraiment ? France 3 Provence-Alpes revient sur l'histoire de ces combattants pour la liberté.

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Fusillés par la police allemande

La police allemande les suspecte de faire partie d'un réseau d'informations de résistants et se met à la recherche des trois frères Barthélémy dès janvier 1944. Ils se cachent quelques mois à la campagne et reviennent à Marseille au mois de juin. Les forces de l'ordre allemandes établissent une souricière chez les parents de la fratrie, habitant à cette époque-là au 53 rue des Minimes (6ᵉ arrondissement), ancienne rue des trois Frères Barthélémy. L'objectif est de leur tendre un piège pour les arrêter.

Le 11 juillet 1944, Louis Barthélémy, le plus jeune, est abattu par la Sipo-Sd, police de sûreté allemande, avec un coup de revolver. Georges Barthélémy, né en 1906, arrive quelques instants après. Il tente de porter secours à son frère blessé, mais est arrêté par les hommes du Sipo-Sd. Le résistant est conduit au siège de la Gestapo, installé au 425 rue Paradis à Marseille.

Georges Barthélémy, cadet de la fratrie, fusillé le 18 juillet 1944. © ANACR Marseille

Lucien, né en 1903, le plus âgé, échappe à la police après avoir été prévenu par un voisin. Il rejoint son père, lui aussi engagé dans la résistance, réfugié chez un ami. Le lendemain, le 12 juillet 1944, les deux hommes se rendent chez Charles Boyer. Appartenant lui aussi au réseau Brutus, il est contraint d'écrire à Lucien par les agents de la Sipo-Sd le matin même pour qu'il vienne à son magasin d'antiquités. "Le magasin servait de boîte aux lettres pour les résistants. C'est là-bas qu'on portait les informations", nous explique l'historien Jean-Marie Guillon. Les deux hommes sont tous les deux arrêtés.

Lucien, Georges et son père sont emprisonnés à la prison des Baumettes. Si leur père a pu sortir de sa cellule le 31 juillet, le destin est plus tragique pour les deux combattants de la résistance. Georges et Lucien sont fusillés à Signes dans le Var le 18 juillet avec Charles Boyer et 26 autres résistants. Un jugement sommaire est donné sur place le jour même. Aujourd'hui, ce vallon isolé dans lequel ces opposants au régime nazi ont rendu leur dernier souffle est la principale nécropole nationale de la région.

Appartenance au réseau d'information Brutus

Ces trois frères ont marqué l'histoire de la résistance marseillaise. Lucien Barthélémy est le premier à s'engager dans les réseaux d'information, d'abord pour le mouvement Combat, puis pour les Mouvements unis de la résistance (MUR). Il fait aussi partie du réseau d'informations Brutus, fondé par deux avocats, André Boyer et l'ancien député Gaston Defferre, et devient même chef régional de celui-ci. Lucien entraîne ses deux frères, dont l'un fait aussi partie de l'armée secrète (AS), et son père dans son combat pour la liberté.

La maison possède aussi, selon Jean-Marie Guillon, un gros stock de vêtements et de tissus, entreposé à Vachères, dans les Alpes-de-Haute-Provence. René Char, poète, résistant et responsable de la Section atterrissages et parachutages (SAP) à Céreste pouvait puiser dans la réserve.

La fratrie est repérée par la Gestapo de Marseille. Le rapport Antoine, dans lequel ils figurent comme des cibles à abattre, est écrit par un des chefs de la section 4 de la police allemande, Ernst Dunker-Delage. Les archives retrouvées ne permettent pas exactement de savoir quel rôle ils ont joué dans ce mouvement de résistance, hormis celui d'être informateurs. "Lucien Barthélémy était représentant de commerce, il a peut-être donné des informations sur les voyages", poursuit l'historien. 

En hommage à ces trois frères qui se sont battus contre l'opposition nazie, la rue des minimes est rebaptisée la rue des Trois frères Barthélémy, après la libération. 

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