Témoignage. "On voyait la fumée partout…" La bataille de Toulon, l'une des batailles les plus sanglantes du débarquement en Provence en 1944

Publié le Écrit par Daniel Gerner

Le 20 août 1944, les Forces Françaises de Libération et les Forces Françaises de l'Intérieur attaquent Toulon. Une semaine de bataille acharnée plus tard, la ville est libérée de l'occupant. Au prix de 2700 morts parmi les troupes françaises et coloniales. Toulon présente encore aujourd'hui les séquelles de ces combats, parmi les plus sanglants du débarquement en Provence.

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Le chaos. La bataille de Toulon débute le 20 août 1944 en fin d'après-midi. Un régiment français pénètre dans la ville et parvient à contourner les défenses allemandes. Les habitants se sont retranchés chez eux, et vivent dans la peur. Alain Roubieu avait six ans à l'époque, mais se souvient parfaitement de ce qu'il a ressenti. "On ne sortait pas beaucoup. Le centre Toulon, on n’y allait pas. On voyait la fumée partout..."

Pendant plusieurs jours, le fracas des combats rythme le quotidien. "Le bruit des canons, de la DCA, les rafales de mitrailleuses..." se souvient Alain. "Et puis d'un coup plus rien." Un silence assourdissant. À 200 mètres de sa maison à peine, les troupes françaises viennent de réussir à prendre une place forte : un blockhaus situé sur les collines du Thouar. 

2 700 morts côté alliés

Toujours d'après Alain, pour les Allemands, "c'était perdu d'avance. Il fallait voir comment les tabors marocains et les tirailleurs sénégalais montaient : c'étaient de sacrés gaillards !" Vision d'enfant. Pourtant, ces combats ont été particulièrement violents.

Les Allemands avaient reçu pour consigne de combattre jusqu'au dernier... car il était vital pour eux que les Alliés ne puissent pas s'emparer de ports à grande capacité. Et c'est pour ça qu'ils se sont battu aussi durement à Marseille et à Toulon.

Jean-Pierre Martin, Historien et ancien militaire

Entre Nice et Marseille, la bataille de Toulon fut la plus meurtrière. 2.700 soldats ont perdu la vie côté alliés. Comme pour le massif du Thouar, les obstacles viennent des points hauts. Ils constituent les objectifs prioritaires fixés par le Général de Lattre de Tassigny qui commande les opérations pour s'assurer la prise de la ville.

1 000 morts et 17 000 prisonniers Allemands

Parmi eux, les Forts du Coudon et du Mont Faron, repris au terme de combats acharnés. L'accrochage le plus sérieux a lieu autour de la poudrière de Saint Pierre, sur les collines du Faron également. "Les Allemands avaient placé des mitraillettes en haut de la colline avec une vue dégagée sur une grande partie de la vallée," raconte Philippe Maurel. Il a réalisé un documentaire intitulé Les Drailles de la Liberté consacré à la bataille de Toulon et aux combats autour de la poudrière. "C'était une forteresse quasiment imprenable ! Et c'est pour ça qu'lis ont eu tant de problèmes pour prendre la poudrière."

Deux jours sanglants, qui permettront d'ouvrir les portes de la ville. Mais il faudra encore plusieurs jours pour venir à bout des troupes d'occupation. 1.000 soldats allemands sont tués et plus de 17.000 sont capturés. Le 27 août, après une semaine d'affrontements, la capitale varoise peut enfin célébrer sa libération.

Meurtrie, complètement détruite par les bombardements, Toulon devra être entièrement reconstruite.

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