A 16 ans, Antoine Doquin est un espoir du sport automobile français. Mais contrairement à d'autres, le Marseillais a décidé de faire ses classes en endurance. Cette saison, il va participer à la « Le Mans Cup » sur des circuits aussi mythiques que Monza, Spa Francorchamps ou Le Castellet.
"Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années", disait Pierre Corneille. Cette citation va comme un gant ignifugé à Antoine Doquin. Après des débuts tardifs dans le sport automobile, le jeune pilote marseillais est bien décidé à montrer qu’il a l’étoffe d’un champion.
"Mon père faisait des courses historiques donc j’étais toujours sur les circuits à le regarder. A l’âge de 12 ans, il a fini par m’acheter un kart et tout est parti de là. Après, c’est sûr que j’ai commencé le sport automobile avec quelques années de retard sur d’autres pilotes mais cela ne doit pas être une excuse".
Après 3 ans de karting, le jeune Marseillais effectue quelques stages en Formule Renault et Formule 4. Mais c’est finalement vers l’endurance qu’il se tourne. "Grâce à des contacts, j’ai pu faire deux tests en LMP3 avec le Team « Cool Racing ». Cela s’est plutôt bien passé et j’ai pu faire deux courses avec eux fin 2020".
Couvé par Nicolas Lapierre, triple vainqueur des 24 heures du Mans
Nicolas Lapierre, le Team Manager de son équipe, est convaincu du potentiel du jeune homme. "Toute l’équipe a eu un coup de cœur lorsque nous avons rencontré Antoine. C’est un jeune super motivé avec un bon petit coup de volant. Et comme il n’a que 16 ans, ça nous motive énormément de le faire évoluer".
De son côté, Antoine Doquin savoure chaque conseil du champion français. "Nicolas Lapierre, ça reste un palmarès conséquent. Gagner trois fois "Le Mans". Etre champion du monde d’endurance, ça fait quand même rêver. C’est quand même un vrai privilège de pouvoir apprendre à ses côtés".
Et le jeune lycéen en classe de première apprend vite. Troisième de sa première course, Antoine monte sur la plus haute marche du podium dès sa deuxième tentative sur son circuit fétiche du Castellet. "C’était une course parfaite. Avec Bruce Jouanny (ndlr : son coéquipier sur cette épreuve et présentateur de l’émission "Top Gear France"), tout a bien fonctionné et l’équipe a fait un super travail".
Plus 24 heures du Mans que Formule 1 !
Du coup, le Team "Cool Racing" a renouvelé sa confiance envers Antoine pour cette saison 2021. La concrétisation d’un rêve pour ce fils de généalogistes. "Je regarde les 24 heures du Mans depuis que je suis tout petit. C’est l’un des grands mythes du sport automobile et ça m’a toujours plus attiré que la Formule 1".
Pour Nicolas Lapierre, les courses d’endurance ont d’ailleurs bien plus à offrir à Antoine que la Formule 4. "C’est un très bon choix pour un jeune de rejoindre l’Ultimate Cup car il y a beaucoup d’essais libres, beaucoup d’heures de roulage, trois qualifications. Une course de deux à quatre heures pour finir donc ça va lui permettre d’emmagasiner beaucoup d’expérience. On sait qu’il y a d’autres pilotes très compétitifs aussi donc il va pouvoir se jauger par rapport à eux".
Lycéen en ski-études, il s’entraîne surtout sur simulateur
A 16 ans seulement, Antoine Doquin va pouvoir disputer cette saison les six manches de la "Le Mans Cup" sur des tracés de légende comme Monza, Spa Francorchamps ou Le Mans. Il va lui falloir jongler entre ses cours en ski-études au lycée de Barcelonnette (Alpes-de-Haute-Provence) et ces longs week-ends de compétitions. "Mes parents m’ont acheté un simulateur performant qui me permet de m’entraîner et de connaître chaque virage des circuits sur lesquels je vais rouler ensuite. Cela me fait gagner un temps précieux".
Et cette technique semble marcher. Pour ses premiers tours de roue sur le circuit de Barcelone en avril, le Phocéen signe la pole position au volant de sa Ligier JS P320, flanquée du numéro 37. Il mène ensuite la course pendant la majeure partie de son relais avant que son coéquipier, le Britannique Josh Skelton, 19 ans, ne soit victime d’une sortie de route. Mais le jeune duo s’annonce prometteur.
Même s’il est conscient que la route est encore longue avant le top niveau, Antoine Doquin affiche ses ambitions. "Il me reste encore pas mal d’étapes avant de pouvoir être aligné sur les 24 heures du Mans. Il faut que je passe un cap et que je réussisse à monter dans la catégorie supérieure (LMP2) notamment. Mais si je parviens à prendre le départ de l’épreuve l’an prochain, je serais le plus jeune pilote français de l’Histoire à le faire. C’est une source de motivation supplémentaire pour montrer à mon équipe qu’ils ont raison de me faire confiance".