Le Maroc a décidé, dès le 13 mars, de supprimer les vols de et vers plusieurs pays européens dont la France. Pays très touristique, le Royaume a accueilli 13 millions de visiteurs en 2019. Une décision pour contenir l'épidémie de coronavirus qui bloquent des milliers de Français sur place.
Elles sont arrivées à 7h ce samedi matin à l'aéroport de Marrakech-Ménara pour tenter de rentrer rapidemment en France.
Alix, Laurianne, Manon, Nathalie et Laurence ont patienté dans la queue interminable à l'affût de la moindre information sur le rapatriement.
Les voyageurs français dans le flou
On a contacté l'ambassade de France, la cellule de crise du Quai d'Orsay et notre compagnie aérienne. Personne n'est capable de nous dire si un avion va être affrété pour nous ramener.
Les cinq femmes travaillent dans des services hospitaliers. Pour elles, il est urgent de revenir car elles pourraient être sollicités face à la crise.
Quatre de ces mamans bloquées sont niçoises et elles s'inquiètent aussi de ne pas être auprès de leurs proches.
Le Maroc coupe toutes les voies vers l'Europe
La décision du Maroc de stopper, dès le 13 mars, les relations maritimes, aériennes et terrestres avec la France a pris tout le monde de court.
Au départ, on a pensé à changer la trajectoire des avions pour faire escale dans d'autres pays européens mais ce n'est pas possible.
Un agent de l'ambassade du Maroc à Paris nous a répondu. La question du retour des Marocains actuellement en France se pose aussi.
Mais les escales en Europe sont impossibles car d'autres connexions ont été coupées ce matin. Celles avec l'Allemagne, le Portugal, la Belgique et les Pays-Bas en plus de l'Italie, de l'Espagne et de la France hier.
Le #Maroc décide de suspendre, jusqu'à nouvel ordre, les vols en provenance et à destination de l’#Allemagne, des #PaysBas, de la #Belgique et du #Portugal.https://t.co/fjBRkK0lIU pic.twitter.com/miVHo2l6et
— Maroc Diplomatie ?? (@MarocDiplomatie) March 14, 2020
Les voyageurs s'organisent
À 16h et après une longue journée d'attente dans le hall de l'aéroport, les cinq amies ont décidé de retourner dans leur riad.
Sans oublier de s'inscrire sur une liste qui répertorie les centaines de concitoyens bloqués devant les guichets fermés des agences de voyage.
Une voyageuse a minutieusement rempli, toute la journée, un interminable fichier excel en espérant le faire remonter au consulat.
Face au manque d'information, un groupe facebook "Les ressortissants français bloqués au Maroc" a été créée. Il compte déjà plus de 700 membres.
De nouveaux vols, mais à quel prix ?
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a affirmé qu'il donnerait les autorisations nécessaires pour les vols retour mais la situation ne s'est pas débloquée.
#Coronavirus
— Jean-Yves Le Drian (@JY_LeDrian) March 14, 2020
Les autorisations nécessaires pour l’organisation des vols retour seront données. Notre ambassade au #Maroc et le centre de crise du ministère sont pleinement mobilisés au service de nos ressortissants.@francediplo @AmbaFranceMaroc
Mourad était en vacances à Rabat depuis le 26 février avec son épouse et leur fille. Leur vol retour avec la compagnie Ryanair pour Marseille a été annulé.
Dans l'aéroport de la capitale marocaine, la file d'attente est aussi longue que celle de Marrakech.
Il a cherché un autre vol mais les prix sont "exorbitants" : "plus de 700 euros pour un adulte avec plusieurs escales via des pays tiers", se désole-t-il.
Marseille : des vols annulés vers l'Italie
"L'information à notre disposition ne nous permet pas d'assurer la sécurité sanitaire ni des passagers ni de nos équipages" nous a affirmé Guillaume Collinot, le directeur général de Twinjet.
La compagnie aérienne a annulé, pour les trois prochaines semaines, ses vols directs entre Marseille et Milan et va donc indemniser les voyageurs. Une décision qui lui coûtera plus de 300.000 euros.
Fondée en 2001 à Marseille, Twinjet assure normalement quatre allers-retours journaliers entre la cité phocéenne et la deuxième ville d'Italie, mise sous quarantaine par les autorités.Situé dans le nord du pays où la contamination du coronavirus est importante, Milan est considérée comme une zone à risques.
Des voyageurs inquiets
À l'aéroport Marseille-Provence, les voyageurs français en provenance d'Italie, déplorent un manque d'indications contre l'épidémie."Je suis arrivée de Budapest à Milan, ils ont pris nos températures mais je n'ai vu personne, autour de moi, porter un masque", s'étonne une passagère qui en avait prévu un.
Dans les couloirs de l'aéroport marseillais, les recommandations affichées sont assez discrètes : se laver les mains fréquemment ou encore éviter les lieux trop fréquentés.
Pas d'indications pour les travailleurs
Face aux flux de voyageurs, en moyenne 850.000 par mois, le manque d'indications spécifiques inquiètent les travailleurs comme ce serveur d'un fast food qui ne sait pas vraiment quels gestes adoptés."Après on est dans la restauration donc on a heureusement des recommandations qu'on applique tout le temps pour l'hygiène".
Près de 150.000 contaminations personnes sont contaminées, ce samedi 14 mars, à travers le monde et 5.500 sont décédées.
En France, plus de 3.600 cas sont dénombrés et 79 morts. Face à l'épidémie, le président de la République a annoncé la fermeture des écoles la semaine prochaine.