Interrogé ce mardi dans son rôle dans la mise en place d'un vaste système de procurations illégales, l'ancien maire de secteur Julien Ravier a nié toute connaissance de la fraude et toute chasse aux voies pour gagner les municipales de 2020.
"Certes, je suis le bénéficiaire, mais je ne suis pas le donneur d'ordres". Si le système des fausses procurations lui a permis d'être réélu maire du 6ᵉ secteur, en 2020, sur les listes LR de Martine Vassal en 2020, malgré la candidature dissidente de Robert Assante, Julien Ravier assure qu'il n'est pas quelqu'un qui s'est lancé dans une chasse aux procurations", pour gagner des voix.
Richard Omiros, absent et omniprésent
À la caserne du Muy qui accueille ce procès et ses 200 victimes, constituées parties civiles depuis lundi, l'élu de 46 ans, a été longuement interrogé ce mardi 24 septembre sur son rôle dans la mise en place de ce vaste système de "procurations simplifiées", révélé par les médias en juin 2020, juste avant le second tour.
L'ex-député continue de mettre en cause son directeur de campagne, qui était par ailleurs son directeur de cabinet à la mairie des 11ᵉ et 12ᵉ arrondissements de Marseille, Richard Omiros. Grand absent depuis le début du procès.
Un épisode "abject"
"Je ne lui ai jamais demandé de faire des procurations illégales", soutient-il, indiquant l'avoir démis de ses fonctions dès que l'affaire a éclaté dans la presse. Cet épisode pour lui est "abject". "Je n'aurais jamais pu tolérer ça", assure-t-il. Quand le président du tribunal pointe un mail du 16 janvier 2020, qui comportait la liste des résidents de l'Ehpad avec comme objet "liste pour les procurations", Julien Ravier répond qu'il n'en a aucun souvenir. "Je reçois 150 mails par jour", s'est-il défendu.
Pour l'avocat de Richard Omiros, Me Claude Deboosere-Lepidi, Julien Ravier essaie "de faire reporter la responsabilité à des gens qui n'ont été que des subalternes".
La veille, devant le tribunal, des "petites mains" ont dévoilé les dessous du système. Ces ex-secrétaires de mairie ont déjà raconté comment Richard Omiros leur mettait la "pression" pour effectuer des procurations, dont 51 attribuées à des résidents d'Ehpad.
"Vous mettez les mandataires au hasard"
Elle a expliqué être allée à l'accueil de l'Ehpad Saint-Barnabé récupérer une enveloppe qui contenait une liste de pensionnaires, des photocopies de leurs pièces d'identité et un certificat médical expliquant que les mandants ne pouvaient pas se déplacer, rédigé par un médecin. Ce dernier a été condamné le 4 septembre dans une procédure de plaider-coupable. Mme Di Quirico raconte qu'installée directement dans le bureau de la directrice générale des services de la mairie, on lui apporte des noms de
mandataires potentiels sur des bouts de papier. Richard Omiros lui aurait dit : "Vous mettez les mandataires au hasard" et pour la signature des procurations "c'est vous qui signez, de toutes les manières, c'est légal et ça s'est toujours fait en mairie".
"Je n’ai pas eu le choix"
"Je ne suis quand même pas bébête. J'ai posé la question : 'c'est quoi ça ? Il y a ni mandant ni mandataire'. Mais Richard Omiros me dit : 'ne t'inquiète pas, c'est le Covid, cette fois, c'est différent'", rapporte à la barre Joëlle Di Quirico. Elle "assume ses erreurs" mais refuse de porter le chapeau pour les autres.
"Je n'ai pas eu le choix, on m'a dit 'tu vas aider Joëlle', a témoigné l'autre secrétaire. J'ai posé la question à Richard Omiros, lui disant : mais j'ai jamais vu ça !'," Ajoute-t-elle." Il voulait que je prenne une procuration" en mon nom, "je n’ai pas voulu ".
Le procès doit durer jusqu'à vendredi et la plupart des 13 prévenus encourent cinq ans de prison et 75.000 euros d'amende.