Le procès des fausses procurations des municipales de 2020 à Marseille devait se tenir ce lundi 23 à la caserne du Muy. Trois des principaux prévenus sur 13 se sont fait porter pâles. Des absences remarquées par le président qui s'en est agacé, et par l'avocat de Julien Ravier ex-maire de secteur du 11/12 qui a demandé un report. Après une expertise médicale de l'état de santé de Richard Omiros, l'audience a repris sans lui.
L'avocat de Julien Ravier avait demandé ce lundi 23 septembre le report de l'audience dans le dossier des fausses procurations, car l'un des protagonistes centraux qui aurait organisé la fraude, le directeur de campagne de Julien Ravier, Richard Omiros, était "hospitalisé en psychiatrie". Mme Hernandez, directrice générale des services de la mairie de secteur, elle aussi est absente pour raison de santé, tout comme Roland Chervet, commandant de police, qui avait validé les procurations. Une expertise médicale a été demandée ce matin, pour connaître l'état de santé de Richard Omiros.
Richard Omiros ne viendra pas
L'expertise médicale a établi que "l'état mental de Richard Omiros est compatible devant la 6ᵉ chambre du tribunal, avec aménagement nécessaire avec pause toutes les heures". Après ce rapport d'expertise, le tribunal a ordonné sa présence. En vain.
"Il ne viendra pas à la suite du rapport d'expertise médicale pour la bonne et simple raison que le docteur en psychiatrie dit tout simplement qu'il n'est pas en état de pouvoir supporter, contrairement aux conclusions de monsieur l'expert qui lui n'a même pas eu accès, si vous voulez, au dossier médical", a justifié son avocat, Claude Deboosere-Lepidi auprès de France 3 Provence-Alpes.
Marlyse, fille d'une victime d'une fausse procuration décédée, a tenu à être présente. "J’ai besoin d'être là, pour la mémoire de maman qui a toujours été digne. À 92 ans, c'était la première fois de sa vie qu’elle n’a pas voté, pour nous dans la famille, c'est très important de voter".
"Il faut que justice soit rendue et que la justice soit dure"
Robert Assante, candidat de droite sur une liste opposée, se présente en victime, "en face, il y avait une liste qui organise un ensemble de malversations qui ont amené des procurations frauduleuses", insiste l'ancien maire de secteur de 2008 à 2014.
"Je me dois, et je le dois à ceux qui m’ont fait confiance, vis-à-vis de la démocratie, d'être pour regarder en face ceux qui, à l’époque se disaient mes amis, n'ont pas hésité à faire la fraude pour essayer de m'enlever un certain nombre de voix".
Pour l'ancien maire de secteur, "toute la vérité n'a pas été dite, il faut que les petites mains finissent par parler, et on saura toute la vérité sur cette histoire".
"Il faut que justice soit rendue, et que la justice soit dure", détaille Robert Assante.
On m’a volé l’expression du suffrage universelle
Robert Assante, ancien maire de secteur
Il est partie civile, "en tant qu’élu, en tant que tête de liste et représentant de la démocratie", insiste-t-il.
Les infractions visées sont "faux et usage de faux".
La justice reproche aux prévenus d'avoir, à de divers degrés, "mis en œuvre un système dit de 'procurations simplifiées" lors des scrutins des 15 mars et 28 juin 2020. Au total, 194 procurations illégales ont été produites, dont une cinquantaine établie au nom de résidents de l’Ehpad Saint-Barnabé, dans le 12ᵉ arrondissement. La plupart des résidents concernés souffraient de maladies neurodégénératives, comme la maladie d'Alzheimer.
Ces procurations illégales étaient validées par un commandant de police du commissariat du 12ᵉ arrondissement, sans la présence des mandants, voire sans leur accord. Parmi les 13 personnes à comparaître, figurent deux anciens maires de secteur Les Républicains (LR) et leurs colistiers.
Deux personnalités locales des LR sont dans le viseur de la justice
Dans les 11ᵉ et 12ᵉ arrondissements (6ᵉ secteur), Julien Ravier a été déclaré inéligible pour un an par le Conseil d'État en 2022 dans ce dossier. L'ex-maire Les Républicains des 6ᵉ et 8ᵉ arrondissements (4ᵉ secteur) et vice-président du Département Yves Moraine, numéro deux de la liste menée par Martine Vassal, a lui été battu. Tous deux encourent des peines de prison ferme et une inéligibilité. Ils contestent les faits. Yves Moraine admet seulement une politique "agressive" de collecte des procurations. Comparaissent les colistiers des deux élus, des militants politiques et associatifs, également le directeur de l'Ehpad Saint-Barnabé, suspecté d'être complice de l'opération, et un commandant de police du commissariat du 12ᵉ, accusé d'avoir authentifié les fausses procurations.