Dans plusieurs villes algériennes, une partie de la population se mobilise pour protester contre une nouvelle candidature du président Abdelaziz Bouteflika à un 5e mandat. A Marseille, les Algériens ont les yeux tournés vers le Sud et observent. La protestation pourrait aussi prendre de l'ampleur.
Depuis plusieurs jours, les Algériens de Marseille ont les yeux tournés vers le Sud, sur l'autre rive de la Méditerranée, et observent les événements avec attention. A Alger, comme dans plusieurs villes Algériennes, des voix s'élèvent contre une nouvelle candidature à la présidence d'Abdelaziz Bouteflika. Il pourrait se représenter pour un cinquième mandat.
En Algérie, plusieurs mobilisations, globalement pacifistes pour le moment, prennent de l'ampleur. Les manifestants estiment que le président Bouteflika n'est plus en mesure de gouverner. Depuis son accident vasculaire cérébral (AVC) en 2003, le président a fait très peu d'apparitions publiques, il n'avait même pas participé à la campagne pour sa réélection en 2014.
La mobilisation à Marseille
A Marseille, beaucoup en parlent, mais seule une poignée a commencé à manifester. Hichem Doghmane est le patron d'une pizzeria dans les quartiers Nord, il est installé en France depuis 20 ans, il est contre une nouvelle candidature de Bouteflika.explique cet Algérien de 39 ans, qui se présente comme l'une des chevilles ouvrières de la mobilisation naissante dans la cité phocéenne.Le peuple a compris qu'il y avait un bras de fer à mener. On ne peut plus attendre, cinq mandats, c'est trop !
Dimanche dernier, une centaine d'Algériens se sont rassemblés sur le cours Belsunce, un des quartiers historiques de l'immigration algérienne en France. D'autres rassemblements ont été organisés à Paris, Londres ou Montréal.
Dans la cité phocéenne, les Algériens sont plutôt observateurs et attendent de voir l'évolution de la situation.
a indiqué un manifestant du cours Belsunce à nos confrères de l'AFP et il a ajouté que "le contexte social en France avec les gilets jaunes n'est pas favorable (à la mobilisation)".(A Marseille) beaucoup sont des immigrés qui ont connu les décennies noires dans les années 1990 ou ont quitté leur pays à cause de la violence, et "certains sont résignés,"
a souligné au contraire Kader Saiah, imprimeur, à Marseille depuis 30 ans et qui a "toujours voté FLN (le parti au pouvoir depuis l'indépendance), comme (ses) parents". Même chez les jeunes, il y a une forme de résignation.Je ne suis pas favorable aux manifestations, car je me rappelle des années noires. Depuis que Bouteflika préside, c'est le calme, même s'il y a de la corruption,
a expliqué Hamza, 25 ans, à l'AFP. Il est arrivé en France il y a cinq ans. Il avait Bac+4 en Algérie, il est serveur dans un café à Belsunce.Ca ne sert à rien de voter, ce sera Bouteflika. De toute façon, rien ne bougera,
Les élections présidentielles auront lieu le 18 avril prochain. Abdelaziz Bouteflika, 81 ans, est Président de la République Algérienne Démocratique et Populaire depuis le 27 avril 1999 et pourrait se représenter pour un cinquième mandat consécutif, malgré son état de santé.