Le dernier épisode de la série a été tourné ce jeudi dans les studios de la Belle de Mai à Marseille. 18 ans que la vie des habitants du Mistral rythme les débuts de soirées des accrocs de cette série. Les fans réagissent à l'arrêt définitif des tournages.
Plus Belle la Vie, c'est fini. Les dernières scènes ont été tournées, ce jeudi, dans les studios de la Belle de Mai dans le 3e arrondissement de Marseille.
À 20 h 10 ou 20 h 20, cette série mythique de France 3 a été mon rendez-vous quotidien pendant 18 ans avec ma famille.
J'avais à cœur de faire un article sur la fin de cette série que je suis depuis toute petite. En tant que fan, j'avais envie de témoigner et faire témoigner les téléspectateurs fidèles et on peut le dire un peu tristes.
Pour ma part, cette série m'a guidée dans mon choix professionnel.
En septembre, j'ai choisi de faire une alternance en journalisme à France 3. Coup de chance pour la Rennaise que je suis ! Les locaux dans lesquels je travaille sont à Marseille. En attendant mon feuilleton, j'ai pris l'habitude de regarder le journal télévisé. Cette routine a fait naître mon envie de travailler, un jour, pour cette chaîne française.
J'ai eu envie d'aller à la rencontre de ces fans avec qui je partage la même passion.
Un rendez-vous familial
Pour moi Plus Belle la vie, ce sont des moments que je partage avec ma famille. C'est le cas pour bon nombre d'entre nous. "Petite, on regardait avec ma famille. C'était un peu un rendez-vous familial. Après manger, on se posait tous sur le canapé avec mes cousines et tantes", se souvient Cécile Lafitte le sourire aux lèvres, une téléspectatrice de 21 ans.
Léa Mahé, 24 ans, depuis Rennes, regarde Plus Belle la Vie depuis ses débuts avec sa famille. Cette série fait pleinement partie des discussions avec sa sœur ou sa mère. "Y a une blague qu'on aime bien sortir entre nous. On dit parfois aux personnes qui ont regardé le dernier épisode : "Olala, tu sais pas ce qu'il s'est passé ? Y en a un qui est mort", c'était souvent Roland qu'on avait en tête."
Plus Belle la Vie, c'est un "virus" pour Léa Mahé. "On a contaminé toute ma famille. La femme de mon cousin a fini par regarder, comme ma tante regardait. Et ma tante regardait comme mes grands-parents regardaient. C'était toute la famille ! Même mon frère et mon père regardent, alors qu'ils ne sont pas fans, mais c'est pour partager un moment avec nous", ajoute-t-elle.
Ça fait vraiment partie de ma routine, c'est mon réconfort.
Emma Jacob, une étudiante
Cette routine n'est pas que familiale. Emma Jacob, une étudiante en journalisme de 25 ans, a commencé à visionner le feuilleton sans ses parents, à partir de 15 ans. "Dès que j'ai eu accès seule à la tablette ou l'ordi, j'ai regardé. En dix ans, je n'ai pas loupé un seul épisode. Ça fait vraiment partie de ma routine, c'est mon réconfort. Ça va me faire bizarre de perdre cette habitude."
Bon nombre de téléspectateurs regardent les épisodes en avance. C'est le cas de Hugo Castanet, 23 ans, travaillant dans un magasin de peinture dans le Gard, en Occitanie. "Ça m'intrigue, je suis pressé. Je n'ai pas envie d'attendre le soir, donc je regarde en avance."
La plupart d'entre nous l'affirment : Plus Belle la Vie est une échappatoire du quotidien, un moment de détente où l'on ne réfléchit pas. "Tu penses à rien d'autre en regardant cette série. Les personnages sont attachants. T'as vraiment l'impression d'y être", explique Louise Dequick, une humoriste bordelaise de 25 ans.
Un attachement aux personnages
En suivant quotidiennement un feuilleton, on peut vite s'attacher aux personnages, comme s'ils faisaient partie de notre famille, que ce sont nos amis. Et puis, parfois, ça nous ramène à nos propres histoires. C'est le cas pour Martine Rolland, une Bretonne soixantenaire. "Ça m'arrive de pleurer devant Plus Belle la Vie. J'ai beau me dire que ce n'est qu'une série, je suis à 400 %. Par exemple, l'Alzheimer de Jocelyn (interprété par Jean-Marie Galey), c'était difficile. Ça m'a ramenée à ma propre histoire."
Je pense toujours pareil que lui.
Jacqueline Poulet, une téléspectatrice
Certains téléspectateurs et téléspectatrices s'identifient aux personnages. "J'aime bien Roland Marci (interprété par Michel Cordes) avec son accent. Derrière son bar, c'est un bon commerçant. Il dit toujours ce qu'il pense, je le trouve franc. Je pense toujours pareil que lui", lance Jacqueline Poulet, 86 ans, habitant à Senlis dans l'Oise.
"Baptiste (interprété par Bryan Tresor), c'est un nerveux, mais aussi un grand sensible. Je suis un peu comme ça aussi. Parfois, je me dis : "Putain, j'aurais fait la même chose !"", témoigne Louise Dequick, 25 ans.
Luna Torres (interprétée par Anne Decis) a aussi sa fan zone. "C'est mon actrice préférée. Elle est libre, indépendante. Elle n'a jamais fait de sales coups à personne. Elle est intègre, c'est une bonne copine. Mais elle fait aussi des coups délirants, comme le braquage", affirme Pauline Rapilly Ferniot, 27 ans, conseillère municipale écologiste à Boulogne-Billancourt.
Une série ancrée dans l'actualité
Parler de l'actualité et des problèmes du quotidien ont contribué au succès du feuilleton mythique. " Ils parlent de sujets qui nous sont connus, comme l'homosexualité. Ça ouvre l'esprit, ça nous fait rendre compte que l'amour n'a pas de couleur, pas de sexe. Je trouve ça super qu'on en parle aussi ouvertement comme ça", assure Cathy, une retraitée de 59 ans.
En famille, on a pu débattre sur certains sujets.
Martine Rolland, une téléspectatrice
"En famille, on a pu débattre sur certains sujets, comme la crise d'adolescence, la drogue, le handicap ou encore les transgenres", répond Martine Rolland.
Des comptes fans passionnés
J'ai aussi fait la rencontre de comptes fans. Ils se sont dévoués pour faire vivre cette série en dehors des écrans. Élodie Leger a 36 ans et travaille dans les finances. Il y a dix ans, elle a créé un compte fan sur Twitter, le Commico du Mistral. Passionnée par les personnages du commissariat, elle retrace chaque scène dans laquelle passent ces policiers-acteurs.
Je me suis liée d'amitié avec certains des figurants.
Élodie Leger, créatrice d'un compte fan
"Plus Belle la Vie a changé ma vie. J'ai pu faire des choses dont je n'étais pas capable avant." Son adoration pour ce mythique feuilleton lui a aussi permis de faire de belles rencontres. "Je me suis liée d'amitié avec certains des figurants, notamment avec Eric Vastine. Il est malheureusement décédé cet été. Il m'avait initiée à la plongée et c'est lui qui m'a motivée à créer ce compte Twitter", se livre-t-elle.
Élodie Leger a aussi noué des liens d'amitié avec les acteurs de la série, et particulièrement avec ceux du commissariat. Elle a eu l'occasion de les rencontrer dans les studios. "Stéphane Henon (Jean-Paul Boher dans la série) et Fabienne Carat (Samia Nassri) m'avaient fait la surprise d'être là. J'étais trop contente", confie-t-elle avec enthousiasme.
Thibault Garnier, 22 ans, étudiant en école de commerce, a aussi créé des comptes fan sur les différents réseaux sociaux, comme Twitter, Facebook ou encore YouTube. Tous les jours, il met des extraits des épisodes, des résumés ou publie des photos. "Je prends plaisir à parler de ma passion avec d'autres passionnés. C'est un peu comme si on faisait partie d'une communauté", affirme-t-il.
Une page qui se tourne
Pour les plus grands fans d'entre nous, on se rappelle de ce que l'on faisait lorsque l'on a appris l'arrêt de la série. Pauline Rapilly Ferniot, 27 ans, conseillère municipale écologiste à Boulogne-Billancourt, a un souvenir très précis de ce moment. "J'étais dans le 10e arrondissement de Paris. Je vois ça sur mon téléphone. J'ai eu envie de pleurer, j'ai direct appelé ma mère. Je l'ai quand même rassuré quand elle a décroché en lui disant que personne n'était mort. Mais j'étais triste."
Plus Belle la Vie, c'est fini. Mais les souvenirs resteront. La série continuera à être diffusée jusqu'au 18 novembre 2022.
"Je veux d’abord remercier nos fidèles téléspectateurs qui, depuis dix-huit ans, ont été au rendez-vous de Plus Belle La Vie. Ils ont été les partenaires incontournables de ce succès. Ils ont ainsi témoigné leur attachement à France 3 et à la fiction française. Un épisode final est toujours un déchirement pour le téléspectateur qui vibre et attend chaque jour son feuilleton quotidien. Si Plus Belle La Vie se termine et marque la fin d’une page de la fiction française, je vous assure que France Télévisions continuera à être au rendez-vous de sa mission créative", conclut Delphine Ernotte Cunci.