Nordine Achouri est mort, tué par des tirs de kalachnikov, dans la nuit du 25 décembre. Ancienne tête de réseau de la Castellane, il sortait récemment de prison.
Le parquet de Marseille a confirmé à France 3 Provence-Alpes ce que plusieurs sources de terrain et policières assuraient depuis la veille : c'est bien Nordine Achouri, 42 ans, qui a été tué dans la nuit du 25 décembre avec une kalachnikov.
Que sait-on de ce trafiquant, bien connu des services de police à Marseille ? France 3 Provence-Alpes fait le point.
Une tête de réseau générant des millions
Jusqu'à son arrestation en 2013 lors d'un vaste coup de filet à la Castellane, Nordine Achouri était à la tête d'un des plus gros point de deal marseillais : celui de la "Tour K", dans la cité de la Castellane, dans les quartiers nord de Marseille. Une source policière rapporte qu'il avait jeté plus d'un million d'euros par la fenêtre en liquide lors de son interpellation. 1,3 millions, pour être précis.
En 2015, l'homme a été condamné à huit ans de prison. Les points de vente de la drogue au pied des tours des quartiers nord, fréquentés par des milliers d'acheteurs, pouvaient rapporter 50 à 80.000 euros par jour, avait souligné la représentante du parquet lors de son procès, en s'appuyant sur des feuilles de compte retrouvées chez les trafiquants.
"Ce qui me déçoit, c'est qu'il est condamné pour acquisition, cession et transport (de stupéfiants) mais je n'ai toujours pas vu de preuve dans ce dossier", avait estimé à l'époque Philippe Vouland, un des avocats de Nordine Achouri: "Il n'a jamais eu de produit, d'argent entre les mains, et son nom ne figurait pas dans les livres de comptes".
Un train de vie luxueux
Nordine Achouri n'avait pas d'activité connue. Mais des écoutes et des "renseignements anonymes" décrivaient un train de vie luxueux, entre casino, équitation et voyages à Marbella. Le Point racontait que l'homme "possédait une Rolex, s'offrait des nuits en hôtel 5 étoiles et roulait en voiture de luxe".
"Je suis un porteur d'affaires", disait-il à son procès. "Avec mon gabarit, je ne peux pas intégrer les cercles vicieux, je me ferais manger."
Tué le soir de Noël
Le 25 décembre, trois mois après sa sortie de prison, Nordine Achouri a été tué à l'arme de guerre. Il a reçu plus de 25 balles dans la tête.
"Ils ne voulaient vraiment pas le louper et on sent qu'il devait y avoir beaucoup de colère à l'endroit de cet individu", résume Bruno Bartocetti, Secrétaire national Zone Sud, Unité Sgp Police-FO. "Ce n'était pas un vrai parrain parce que ceux-ci se trouvent à l'étranger, mais il fait partie des dealers très connus dans les réseaux marseillais", ajoute-t-il.
"Nono [c'est surnom, ndlr] s’est fait dégager de la Castellane. On pense qu’il est vraiment parti et a arrêté les stups", explique un policier à La Provence. "A notre connaissance, il était plutôt sous les radars", confirme à France 3 Provence-Alpes le parquet de Marseille.
L'enquête sur les causes de sa mort a été confiée à la Jirs de Marseille, juridiction interrégionale spécialisée dans la lutte contre la criminalité et la délinquance organisée.
Faut-il craindre des représailles ?
Depuis plusieurs semaines, aucun assassinat n'avait eu lieu à Marseille, malgré une année record de décès liés au trafic de drogue. Faut-il craindre une intensification de la guerre liée au trafic de drogue après la mort de Nordine Achouri ?
"La situation reste fragile mais il n'est pas certain que cela soit en lien avec le conflit entre les gangs DZ Mafia et Yoda", explique Dominique Abbenati, patron de la PJ à Marseille, dans un entretien au Parisien.