Canebière, Estaque, Crots... D'où viennent les noms des lieux emblématiques de Marseille et sa région ?

A l'occasion de la semaine des langues régionales, France 3 Provence-Alpes se penche sur la toponymie de certains lieux de la région qui viennent de langue d’oc, du provençal ou de l’occitan.

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L’occitan est très présent dans la vie quotidienne provençale, notamment dans la toponymie régionale, largement issue de la langue d’oc. Connaître le provençal, l’occitan, permet de comprendre de nombreuses indications sur le pays et le paysage. A l'occasion de la semaine des langues régionales, du 13 au 19 novembre, France 3 Provence-Alpes vous livre les clés pour décoder l'origine de ces lieux.

Cela se vérifie pour les noms des quartiers de Marseille, mais aussi pour de nombreux toponymes présents dans la région. Vu à la lumière de langue d’oc, du provençal, de l’occitan, les noms des quartiers de Marseille deviennent transparents.

La Canebière liée au chanvre

A tout seigneur tout honneur : commençons par la Canebière ! Ce mot fait référence à l’activité de la pêche. Les pêcheurs utilisaient des cordages faits de chanvre "lo canebe" en provençal. Le "canebier" / "canabier" / "chanabier" est le lieu où l’on sème du chanvre. On utilisait les fibres de cette matière pour tresser des cordes. La Canebière est donc le lieu où l’on utilise le chanvre pour fabriquer des cordages pour les bateaux.

Autre nom de lieu lié aux pêcheurs : L’Estaque. Littéralement, "l’estaque", c’est l’attache. "Estacar" / "l’estaco", en provençal veut dire attacher, donc "l’estaque", c’est le pieu où l’on amarre son bateau.

Le quartier de Menpenti "s'en repend"

Les noms de lieux décrivent l’activité humaine, mais servent surtout à décrire le paysage pour se repérer. Marseille regorge de noms de lieux immédiatement compréhensibles même si on ne parle pas couramment provençal. Des exemples faciles : le Roucas Blanc pour un quartier construit sur un rocher blanc, la Viste pour un quartier avec une vue dégagée, la Capelette pour une petite chapelle.

Les noms de lieux peuvent aussi donner des indications sur la végétation. Un exemple avec les Arnavaux, "leis arnavèus" en provençal, ce sont des buissons, des saules épineux, qui poussent dans des endroits humides. Des buissons qui n’ont pas résisté à l’urbanisation.

Le quartier de Menpenti, enfin, et là, attention à la prononciation ! Il va falloir y mettre un peu d’accent tonique : "Mén-penti". Il s’agit carrément d’une tournure de phrase en provençal : "Me’n penti !", signifie "Je m’en repends". Allusion soit à une devise écrite sur une bastide du quartier, soit à une église où l’on allait demander pardon et se repentir.

Des indications géographiques et historiques

Faire de la toponymie, c'est étudier l’histoire et la linguistique. Malgré tout, cela n’est pas une science exacte. C’est néanmoins un savoir qui décrit le pays et le paysage. Si on ne connait pas l’occitan, on perd la signification et des indications précieuses dans notre vie quotidienne.

Certains noms se retrouvent dans plusieurs départements. Par exemple avec La Palud, un village dans le Vaucluse près d’Orange ou la Palud-sur-Verdon dans le Haut-Var. Si on connait le provençal, l’occitan, on sait que les "paluds" / "les paluns" désignent des endroits marécageux donc inondables.

Cela peut être dommage de construire un lotissement, une zone artisanale, un camping dans les paluns. Avant de faire passer une route, on devrait ouvrir son dictionnaire de provençal ou d’occitan !

Un article qui change "les crottes"

Les noms de lieux occitans comportent très souvent un article. La tendance est à la francisation et à la perte des articles. Hélas perdre son article c’est perdre un peu de son sens. Un exemple dans le Vaucluse : le village du Crestet. "Le Crestet", en provençal, signifie "le petit sommet". Les panneaux de signalisation ont hésité au fil des ans, gardant le nom complet en deux parties, puis l’article a été recouvert de peinture. Aujourd’hui, Le Crestet a malheureusement perdu son article et Crestet ne veut plus rien dire.

Pire encore, dans les Hautes-Alpes, près d’Embrun, le village de Crots a perdu à la fois son article et son genre : il y a quarante ans, le village s’appelait encore Les Crottes. Cela sonnait assez mal en français, mais cela voulait dire quelque chose. "Les crottes", ce sont les caves dans le rocher ; chaque maison des Crottes possédait une cave de ce genre.

Les crottes - les caves, les grottes - c’est la même chose que les Baumettes, célèbres à Marseille, mais pour d’autres raisons...

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