Les Baumettes II, un bâtiment récent mais qui ne satisfait pas les détenues, notamment l'été où la chaleur est intenable, sans pouvoir ouvrir les fenêtres. Sept détenues ont obtenu, mardi, du tribunal administratif de Marseille la désignation d'un expert chargé de vérifier les conditions sanitaires de leur détention.
Suite aux plaintes des riverains, pour nuisances sonores dans le quartier, le bâtiment a été équipé en 2019 de fenêtres anti-bruit dans 87 cellules du quartier des femmes.
Ce dispositif est constitué d'une partie vitrée fixe et d'une partie ouvrante mais qui donne sur une plaque métallique percée de trous avec des ventelles à l'extérieur. Plusieurs détenues ont été sanctionnées cet été par l'administration pénitentiaire pour les avoir dégradées. Leurs témoignages ont été joints à la requête déposée par leur avocat Me Emmanuel Docteur. "J'ai le sentiment de ne jamais avoir un nouvel air", dit l'une d'elles. "J'avais besoin de respirer", indique une autre.
Un désaccord sur l'efficacité et le système mis en place
Si ces fenêtres ont réduit les nuisances dénoncées par les riverains, elles ont été critiquées par le contrôleur général des lieux de privation de liberté dans un rapport de mars 2020. Les contrôleurs recommandaient en effet "un aménagement complémentaire devant impérativement et rapidement être mis en place pour compenser l'effet d'enfermement et de manque d'air, dans l'attente d'un autre système permettant l'ouverture des fenêtres".
Dans un mémoire au tribunal, le Garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti a demandé au tribunal de rejeter cette demande d'expertise soulignant que "l'apport d'air naturel issu des châssis acoustiques est conforme à la réglementation".
Dans son ordonnance consultée par l'AFP, la juge des référés relève que l'instruction ne montre pas que "les aménagements et installations dont fait état le ministre (de la Justice) seraient suffisants pour remédier notamment au manque d'air et de ventilation".
Réponse dans 4 mois
L'expert qui devra rendre son rapport dans les quatre mois aura à mesurer le débit minimal d'air neuf par heure au regard des normes sanitaires en vigueur. Me Docteur se dit d'ores et déjà "satisfait d'une décision qui montre que le tribunal s'intéresse aux conditions de détention indignes" de ses clientes. L'avocat marseillais regrette seulement que cette expertise ne soit pas intervenue durant l'été.
A l'issue d'une visite de l'établissement, fin août, le bâtonnier de l'ordre des avocats de Marseille, Me Jean-Raphaël Fernandez déclarait dans La Provence: "On ne pourra pas, je crois, pendant des étés et des étés, laisser des gens avec des températures aussi élevées".
Avec AFP.