Depuis 2017 et l'extension du bâtiment pénitentiaire, les habitants du quartier des Baumettes subissent un vis-à-vis direct et des insultes régulières, jusqu'aux menaces. Le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti se rendait ce mercredi à la prison avant d'échanger avec des riverains.
Depuis sa terrasse, Eliane Gastaud a une vue directe sur la prison des Baumettes à Marseille et sur ses détenus. Elle ne doit pas remonter très loin dans sa mémoire pour citer les nuisances de l'établissement qu'elle subit au quotidien.
"Rien qu'hier, j'ai reçu des insultes et menaces des prisonniers qui m'ont dit qu'ils savaient où j'habitais et qu'ils brûleraient ma maison quand ils sortiront", explique la présidente du collectif Voisins des Baumettes.
Mais les problèmes ne se limitent pas aux bruits. Certains habitants du quartier se plaignent aussi d'un vis-à-vis direct avec la prison, les privant d'intimité. Ils doivent aussi faire face à des incivilités de la part des visiteurs de la prison, de tirs de mortiers et de feux d'artifice. "On monte sur nos voitures et quand on leur demande d'en descendre, ce sont des menaces et des cris", déplore Eliane Gastaud.
L'extension et le début des problèmes
C'est depuis 2017 et l'ouverture des "Baumettes 2", un bâtiment de cinq étages, qui dépasse l'enceinte du bâtiment pénitentiaire, que les problèmes ont débuté. "Une conception irréfléchie" de bâtiment que pointe le Collectif des voisins des Baumettes. En cause, la proximité des maisons, les fenêtres des détenus donnent directement sur les habitations.
Pour atténuer les nuisances, des fenêtres de châssis antibruits ont été installées sur la prison en 2019 pour un coût de 1,5 million d'euros de travaux.
Problème, en novembre dernier, les installations ont depuis été cassées, réparées et de nouveau cassées par les détenus. Pour Eliane Gastaud, ce dispositif fonctionnait très bien.
"Nous aimerions qu'une solution soit trouvée pour que l'installation reste en place. Quand ils crient, c'est comme une explosion dans ma maison, ça résonne" assure la présidente du collectif. Le garde des Sceaux se rend sur place, ce mercredi pour rencontrer habitants et élus et visiter les travaux de la prison.
Réputée vétuste et insalubre, de grands travaux sont en cours dans la prison des Baumettes.
A la place de l'historique bâtiment de pierres aujourd'hui détruit, une nouvelle maison d'arrêt de 740 places doit voir le jour à Marseille d'ici 2025 à côté d'une première extension de 1.182 places, "Baumettes 2", ouverte en 2018.
Le chantier des Baumettes "s'intègre dans le plan (national) de construction de 15.000 places" de prison, a encore détaillé Eric Dupond-Moretti.
"Régulièrement, nous sommes condamnés en raison des conditions indignes (de détention) et nous faisons un effort considérable pour sortir de cela", en construisant de nouveaux établissements ou en rénovant ceux déjà existants, s'est-il défendu.
Au 1er août, 816 hommes et 106 femmes étaient incarcérés aux Baumettes. La surpopulation carcérale est chronique en France où le nombre de détenus continue de croître avec 72.067 personnes incarcérées au 1er juillet, soit près de 2.000 de plus qu'il y a quatre mois, selon les données statistiques du ministère de la Justice.
La densité carcérale était au 1er juillet de 118,7% contre 112,5% il y a un an. Le nombre de places opérationnelles est en effet de 60.702 places.
