Chenilles processionnaires : pourquoi les nids sont si nombreux cette année ?

Le Parc national des Calanques est régulièrement interrogé sur les chenilles processionnaires : "tous ces nids cette année, est-ce normal ?" En 2024, les nids prolifèrent dans les pins. Mais ce n'est pas forcément grave.

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Cet hiver, leurs nids duveteux prolifèrent sur les pins des Calanques, dans les espaces publics, et dans les jardins des particuliers. Les chenilles processionnaires, insectes urticants, peuvent provoquer chez les humains des plaques de boutons, des conjonctivites ou des problèmes respiratoires, la plupart du temps bénins. Chez les animaux qui jouent avec, elles peuvent entraîner une nécrose de la langue. Cette période de procession, normalement en fin d'hiver, est la plus à risque, quand les chenilles descendent des arbres pour se transformer en papillons. Pour autant, le Parc national des Calanques se veut rassurant. France 3 Provence-Alpes vous explique pourquoi.

 Parce qu'elles connaissent un pic de développement

Sur son site internet, le Parc national des Calanques déclare être régulièrement interrogé par les randonneurs sur la forte présence de nids de chenilles processionnaires cette année. Il rappelle que leur présence est normale, que "la chenille processionnaire du pin tisse des nids d'hivernage chaque année sur l'ensemble du pourtour Méditerranéen, dont elle est originaire."

Si elle est particulièrement visible en 2024, c'est qu'elle connaît des "pics de développement" tous les neuf ans environ. Selon le Parc, le pic pourrait être atteint en 2024. "Dans les années à venir, le développement de nids devrait être plus modéré."

(En partie) parce que le climat se réchauffe

Dans le Sud-Est de la France, l'augmentation du nombre de chenilles processionnaire n'est pas lié au réchauffement climatique. "Aucune étude scientifique n'a établi de lien entre le changement climatique et un développement plus marqué de la chenille processionnaire en Provence", précise le Parc national des Calanques. Mais un "redoux précoce" peut en revanche l'inciter à sortir plus tôt de son nid d'hiver.

En revanche, le réchauffement climatique a fait se déplacer les espèces vers le Nord de la France.

"Pour se nourrir, la chenille a besoin d'une température qui est relativement douce", avec un minimum d'environ 9°C à l'intérieur du nid en journée et zéro la nuit", explique Alice Samama, de l'Observatoire des espèces à enjeux pour la santé humaine, mis en place en 2021 sous l'égide de plusieurs ministères.

"On peut légitimement penser que le dérèglement climatique a une incidence sur l'évolution des zones occupées par les chenilles", précise Emmanuel Gachet, chef de l'unité expertise sur les risques biologiques à l'Anses.

Le Parc national des Calanques précise par ailleurs que la raréfaction des mésanges, prédateur bien connu de la chenille processionnaire du pin ne semble pas être lié à leur prolifération. "D'autres oiseaux s'en régalent, comme les coucous et la huppe fasciée. Les chauves-souris, certaines araignées et d'autres espèces d'insectes en ont également fait une part importante de leur régime alimentaire."

Parce que la régulation est difficile

"Il n'est pas prévu de déployer des mesures de gestion à grande échelle sur le territoire des Calanques", indique le Parc. Mais des actions ciblées auront lieu, à titre exceptionnel, cette année. "Dans les lieux particulièrement fréquentés des Calanques (aires d'accueil, plages), des opérations de régulation (enlèvement des nids ou pose de piège) pourront être ponctuellement menées par les communes qui le décident."

Dans les zones où la lutte contre les chenilles processionnaires est préconisée, un seul insecticide est autorisé : le BTK. Mais il nécessite de fermer le site au public pendant un voire plusieurs jours. Il est de surcroît très contrôlé, car nuisible à d'autres espèces.

Parce qu'elle est importante pour la biodiversité

Contrairement aux idées reçues, les chenilles processionnaires ne nuisent pas aux pins, même si elles se nourrissent de leurs aiguilles. La défoliation qui découle de la présence des chenilles peut influer sur la croissance des pins, mais elle implique rarement leur mort. Quand les chenilles rejoignent le sol, les pins peuvent "récupérer".

"De nombreuses espèces se développent uniquement dans leurs nids, qui constituent alors un véritable micro-écosystème (coléoptères remarquables, araignées), insiste le site Pac national des Calanques. Certaines espèces de micro-guêpes ou mouches parasites ont besoin des chenilles ou de leurs œufs pour accomplir leur développement. Pour d’autres comme les chiroptères, les oiseaux (mésanges, engoulevent d’Europe) ou les insectes (Ėphippigère dit Tizi dans le midi), elles représentent une importante ressource alimentaire."

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