"Un chien vaut moins qu'une chose" : à Marseille Loïc Dombreval présente ses mesures contre la maltraitance animale

Le député des Alpes-Maritimes Loïc Dombreval a remis en début de semaine au Premier ministre un rapport sur la cause animale. Dans la foulée, il est venu à Marseille féliciter les policiers de la DDSP des Bouches-du-Rhône pour leur engagement dans les dossiers de maltraitance des animaux.

On le sent passionné, et il a mené son travail jusqu'au bout : un rapport de 300 pages et 121 propositions pour encadrer la possession d'animaux de compagnie en France. Le député des Alpes-Maritimes Loïc Dombreval a remis son document au Premier ministre mardi dernier.

On traite aujourd’hui parfois nos animaux comme même pas des choses.

Loïc Dombreval, député et défenseur de la cause animale

Ce vétérinaire de formation et président du groupe "Condition animale" à l'Assemblée nationale est un passionné, et il compte bien faire avancer les choses.

15 policiers référents de la cause animale

Loïc Dombreval évoque ainsi l'insuffisance des armes législatives face aux cas de maltraitance et de cruauté envers les animaux.

"On traite aujourd’hui parfois nos animaux comme même pas des choses", a-t-il expliquait jeudi à Marseille, lors d'une visite à la Direction départementale de la Sécurité publique (DDSP), où travaillent 15 référents sur ces sujets spécifiques.

"Par exemple, je vole votre voiture, je l’abîme, je peux prendre trois ans de prison et 45.000 euros d’amende. Je prends votre chien, je le coupe en deux, c'est deux ans et 30.000 euros d’amende".

Dans sa proposition de loi présentée à l’Assemblée nationale, Loïc Dombreval compte renforcer les mesures pénales contre ceux qui maltraitent les animaux. Et passer ainsi à "cinq ans de prison et 75000 euros".

Cela correspond à "la peine maximale lorsque l'on dégrade un bien. Il n'y a donc rien de choquant", ajoute-t-il.

Un point de vue absolument partagé par les policiers marseillais de la DDSP 13, et qui prennent parfois sur leur temps libre pour traiter les cas de maltraitance et de cruauté envers les animaux. Ils ont été nommés par la commandante Dorme "référents de la cause animale", une première en France. "Il n'existe pas à l’heure actuelle de policier spécialisé en France dans ce domaine-là", confirme Fanny, gardienne de la Paix.

"Il n’y a pas de brigade dédiée à la maltraitance animale. Donc on fait avec les moyens du bord, avec l'aide des réseaux et des associations, pour sauver les animaux qui sont dans des détresses épouvantables".

Et les cas ne manquent pas.

Maltraitance animale et humaine souvent liées

Parmi les affaires qui ont eu un retentissement médiatique dans la région, figure celle du démantèlement d'un réseau de chiens de combat dans les quartiers Nord de Marseille en 2019.

Face à ce genre d'individus, le député propose la création d’un fichier des personnes interdites de détention d’un animal, à l’image du Finiada pour les armes.

Il y a eu aussi il y a quelques mois l'affaire de ce bouledogue français de cinq ans, jeté du 4e étage par un voisin alcoolisé. "Les cas de maltraitance animale sont parfois précurseurs de maltraitance sur des humains", souligne le rapporteur. "Il y a de plus en plus de cas de cruauté rendus visibles. Donc c’est un travail essentiel de les traiter,  pour le bien être des animaux, mais également celui des humains. Maltraitance animale et humaine sont très souvent liées".

Récemment, une autre affaire a défrayé la chronique : le chien d'un agent de sécurité enfermé depuis cinq mois dans un coffre de voiture, utilisé comme "un outil de travail" par son maître.

Pour ces animaux qui travaillent, Loïc Dombreval demande "des contrôles vétérinaires plus fréquents".

Connaît-on vraiment l'animal que l'on adopte ?

Notre pays détient le record du nombre de chiens et chats (21 millions), mais il arrive aussi en tête pour le nombre d'abandons : plus de 300.000 par an, selon une étude de l’Icad, chargée de l’identification des animaux domestiques, et de la Sacpa, principale société de fourrière en France.

Aussi Loïc Dombreval veut-il rendre obligatoire un petit questionnaire pour les candidats à l'adoption.

"Il y a des gens qui prennent des animaux qui ne sont absolument pas adaptés à leur mode de vie ou à leurs revenus", souligne le député. "Quand vous prenez un chien qui fait 50 kg et que vous vivez dans un deux-pièces, c’est très compliqué pour le chien, pour vous, pour vos voisins".
Les adoptants ne réalisent pas toujours le coût mensuel nécessaire à la nourriture et au soin de l'animal.

"Pour un chien de 20 kg, c'est 150 euros par mois, il faut le savoir, poursuit Loïc Dombreval. Donc avec ce questionnaire, on va apprendre à connaître l’animal, sa physiologie, les contraintes liées à sa possession, pour éviter un divorce trop rapide. C’est une connaissance minimale, 10 à 20 questions tout au plus. Si on rate, on recommence. C’est gratuit".

La vente d'animaux plus encadrée

Parmi les 121 propositions, la question de la vente des animaux est également abordée. Le rapport s'oriente vers une habilitation des seuls éleveurs et refuges, et l'abandon de la vente par petites annonces.

Loïc Dombreval bénéficie d'un soutien de poids, l’avocat et ancien ministre Robert Badinter. Ce grand militant à l’époque contre la peine de mort, défend une nouvelle fois la vie, celle des animaux cette fois-ci.

Il réclame la création d’un poste de défenseur des droits des animaux. Cela pourrait être sous la forme d’un délégué interministériel, voire d'un secrétaire d’État dédié.
 
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