Marseille : 5 mois dans un coffre de voiture, un chien enfermé comme "un outil de travail" par un agent de sécurité

Alertés par la SPA de Marseille, des policiers de la division Nord ont découvert l’animal, déshydraté et en souffrance. Il vivait dans le coffre de voiture depuis le mois de janvier. Le maître a été déféré devant le parquet. Le syndicat des agents sinophiles s'est porté partie civile.

Ce sont des riverains qui ont alerté la SPA Marseille Provence. Depuis plusieurs heures, ils entendaient des gémissements, en provenance d’un coffre de voiture.

Une patrouille de la division Nord de la police nationale se rend sur les lieux, et découvre un chien "souffrant de déshydratation et malnutrition", a-t-on appris mercredi auprès de la Direction départementale de la sécurité publique.

Très vite, son maître, qui garait chaque jour son véhicule près de son domicile est interpellé. Il s’agit d’un agent de sécurité.

"C'est juste un outil de travail", déclarera-t-il aux policiers. D’après la DDSP, l’homme ne connaissait même pas le nom de son chien.

5 mois dans le coffre de la voiture

En réalité, le chien s’appelle Storm. Et il vivait dans ce coffre de voiture depuis le mois de janvier.

La DDSP tient à rappeler qu'"un chien est un être vivant, qui a besoin de soin et d’affection. Chaque maître a un engagement moral envers son animal".

"C’est grâce à la bonne collaboration entre les enquêteurs et la SPA que le chien a pu être sauvé, mais aussi grâce au civisme des habitants qui nous ont alertés", ajoute la police.

Le syndicat des agents cynophiles s'indigne

L'obligation de soins est confirmée par le syndicat autonome des agents cynophiles, qui a saisi maître Isabelle Terrin afin de se porter partie civile, pour la défense de Storm et de l'image de la profession.

"On ne peut pas laisser passer ça", lance Daniel Madeira, président du jeune syndicat. "Le métier d'agent sinophile prévoir 175 heures de formation d'agent de sécurité et 315 heures soit neuf semaines consacrées à la relation avec le chien". 

"Chez les agents de sécurité un code de déontologie prévoit de considérer l'animal comme un binôme et non pas comme un outil", précise Me Terrin, spécialisée dans la défense de la cause animale.

Elle rappelle aussi qu'en France, depuis 2015, "le statut de l'animal a été modifié. Il est maintenant reconnu comme un être vivant doué de sensibilité. Et dans cette affaire, les besoins affectifs, physiologiques n'étaient pas pris en compte".

"L'animal, un binôme, pas un outil de travail"

L'article 521-1 du code pénal prévoit jusqu'à 2 ans de prison pour actes de cruauté et sévices graves envers les animaux. 

Maître Terrin précise l'esprit de la loi : "Le législateur en France a estimé qu'une personne qui commet des actes de cruauté envers les animaux présente un risque aussi envers les êtres humains".

"Aux Etats Unis c'est même reconnu par des études scientifiques : les délinquants les plus dangereux se sont d'abord "entraînés" sur les animaux. Ne pas avoir d'empathie à ce point là ce n'est pas normal", déclare l'avocate.

L’agent de sécurité encourt deux ans de prison et 30.000 euros d’amende, assortis d’une interdiction d’exercer ou de posséder un animal.

Il a été placé sous contrôle judiciaire, avant sa comparution devant le tribunal correctionnel de Marseille, pour sévices et acte de cruauté envers un animal.

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