C’est une petite victoire pour les horticulteurs. Les plants et semences à vocation alimentaire sont désormais reconnus comme produits de première nécessité. Ce week-end, les producteurs marseillais ont pu rouvrir leurs serres et espèrent ainsi limiter la casse.
Depuis mercredi 1er avril, le gouvernement autorise les horticulteurs à reprendre leurs ventes malgré le confinement. Seule une petite partie de leur culture est concernée : les plantes alimentaires.
Dans le sud-est, la nouvelle est apparue comme un rayon de soleil inespéré pour Eric et Bérengère Caillol, deux horticulteurs aux petits soins pour leur plantes.
Dans leur serre du 12ème arrondissement de Marseille, les fleurs de printemps côtoient des plants de tomates et et semences de concombre.
Si le confinement reste dramatique pour leur activité, le couple a retrouvé le sourire depuis quelques jours. Ils vont pouvoir sauver une partie de leur production.
"On prend déjà des commandes par téléphone ou sur Facebook. Et pour tout ce qui est plantes ornementales, on peut aussi les vendre, mais uniquement en livraison", se réjouit l’agricultrice Bérengère Caillol.
Ici, les cinq employés sont au chômage partiel, mais l’activité se maintient tant bien que mal.
Un drive dans le potager
Panier en main, une cliente se présente. Habituée des lieux, cette jeune femme vient récupérer des plants de tomates et d’aubergines. Pour cette habitante du quartier, il est nécessaire de soutenir les agriculteurs."C’est très très important. On a l’habitude de venir quotidiennement le reste de l’année. Mais c’est maintenant qu’il faut être là, pour qu’ils puissent continuer d'exister."
Les transactions se font devant le portail de l’établissement, pour éviter toute circulation à l’intérieur des serres. Comme un drive, les commandes sont prises en amont et à distance.
"Ça nous fait du bien moralement, et ça permet de garder des liens avec les clients fidèles, mais ça ne nous sauvera pas", regrette Bérengère Caillol.
70% de pertes d'exploitation
Les plantes alimentaires ne représentent que 30% de leur production. Si le couple arrive à écouler les mille pieds de tomates qu’ils produisent par an, cela restera toujours insuffisant pour sauver la saison."Ça nous fait du bien, mais ça ne va pas combler le manque à gagner", se désole Bérengère Caillol.
Dans ce secteur agricole, la haute saison bat son plein : les serres de cette petite entreprise sont remplies de bégonias et autres géraniums. Autant de fleurs qui pourraient partir à la poubelle."Notre période de production, c’est de fin février à mi-juin. On est en plein dedans", explique l’horticultrice.
Un sentiment d'injustice
Les horticulteurs comprennent les mesures restrictives du confinement, mais se sentent lésés par rapport aux grands distributeurs."Beaucoup de grandes surfaces vendent toutes les fleurs de la création. Ils ont le droit, pas nous", indique Eric Caillol.
Un sentiment d’injustice qui ne passe pas. "Tous les jours je jette les plantes. Ça fait mal au cœur, c’est écœurant. On ne compte plus", se lamente l'horticuleur, en jetant à la benne un nouveau lot de pensées.
Le muguet, fleur de l’espoir
Depuis quelques jours, Eric Caillol place tous ses espoirs dans le muguet. Le 1er mai arrive, et les premières pousses sortent déjà de terre.Le couple arrose les pots précieusement, en croisant les doigts. "J'espère que le déconfinement sera fini avant le premier mai. On a 7.800 griffes de muguet. Je suis prêt. On y croit. Ces ventes sont vitales pour nous."
Les deux horticulteurs misent tout sur leur clientèle fidèle du 12ème arrondissement pour traverser cette crise.
Ils acceptent les commandes sur leur page Facebook Caillol Horticulteur, où sont indiqués les tarifs, ou par téléphone au 04.91.49.56.71.
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