Les rapports de la chambre régionale des comptes sur la gestion de Marseille était au centre des débats lundi, lors du dernier conseil municipal de l'année. Des rapports "stigmatisants, injustes et infondés" juge Jean-Claude Gaudin qui annonce saisir le premier président de la Cour des comptes. 

Le dernier conseil municipal de Marseille va sans doute s'éterniser lundi, si les élus souhaitent voter les 287 rapports présentés.

Avant de débuter les délibérations, les chefs de l'opposition ont bien l'intention d'utiliser un temps de parole illimité, pour débattre des deux rapports de la chambre régionale des comptes (CRC), sur la gestion de la ville.

Les rapports de la CRC étrille la gestion de la ville depuis 25 ans : écoles délabrées, finances publiques dégradées, gestion parfois illégale du personnel, ou politique immobilière erratique. De quoi agacer son premier magistrat, en poste depuis 1995 et qui ne se représente pas en mars prochain.

"Cette ville est gérée comme dans les années 1980", affirmait déjà Benoît Payan, élu PS, au micro de France Bleu Provence. "On paye les impôts les plus chers et pourtant, regardez l'état des services publics, des équipements sportifs. On a la ville la plus pollué et la plus embouteillée de France".

Des rapports "stigmatisants, injustes et infondés"

Pour les élus de la majorité, la meilleure défense, c'est l'attaque. Et l'attaque ne s'est pas faite attendre. C'est Jean-Claude Gaudin qui a annoncé la couleur, dès le début de la séance.

"Ces rapports de la CRC sont un mauvais travail qui n'est pas à la hauteur de la Chambre. Un mauvais travail où le faux disqualifie le vrai, bâclé à cause du parti pris à tout prix. N'est-ce pas la définition même de la partialité ?". Dans sa plaidoirie, Jean-Claude Gaudin dénonce "de lourdes erreurs et des manquements déontologiques" dans les rapports qu'il juge "stigmatisants, imparfaits, injustes et infondés".

Il s'interroge notamment sur le maintien des accusations portées par les magistrats financiers lors d'un précédent rapport, alors qu'il indique que la ville avait apporté des réponses qui "permettaient d'annihiler pour l'essentiel ces critiques".

"J'ignore s'il existe une inspection générale chargée des chambres régionales des comptes mais en toute hypothèse je vais saisir le premier président de la Cour des comptes (...) en particulier sur les questions de déontologie", a-t-il déclaré.

"Il s'agira également de faire corriger tout ce qui est inexact, déformé, oublié ou diffamant" dans ces rapports, qui épinglent notamment la ville sur l'immobilier, le personnel ou les écoles, a-t-il poursuivi. 

"En 25 ans, je sais que je n'ai pas tout bien fait, qu'il y a beaucoup de choses à faire. Mais j'ai mis tout mon coeur, tout mon temps, et ce réquisitoire que nous avons reçu (...) m'affecte considérablement comme d'autres évènements qui se sont hélas produits dans cette ville", a-t-il poursuivi, en référence aux huit morts dans l'effondrement des deux immeubles de la rue d'Aubagne, il y a un an.

Martine Vassal soutient le maire

Martine Vassal, candidate LR aux prochaines élections municipales, a salué le courage du maire, "de ne pas avoir éludé ce débat, d'apporter toutes les réponses dans la plus grande transparence". Elle a toutefois précisé qu'elle intervenait "comme simple marseillaise, et non comme héritière".

La présidente de la métropole Aix-Marseille a indiqué que la municipalité avait fait ce qu'elle pouvait. "Marseille a été mise au pain sec et à l'eau", affirme-t-elle, précisant que la ville a été peu soutenue par les autres institutions.

Le sénateur Bruno Gilles, également élu de la majorité, depuis 25 ans et candidat LR aux prochaines élections, a préféré ne pas prendre part au débat sur les rapports de la chambre régionale.

L'opposition règle ses comptes et fait campagne

Ces deux rapports de la Chambre régionale des comptes tombent à pic et donnent du grain à moudre, pour les élus de l'opposition.

À droite, le sénateur RN, Stéphane Ravier, a lancé le premier assaut. "Votre municipalité brille par ses méfaits étalés sur la place publique grâce au travail de fonds réalisé par ces magistrats dans un rapport de vérité", ont relaté nos confrères de La Provence.

L'ancien maire des 13e et 14e arrondissements s'interroge. "Où est passé l'argent?" des contribuables marseillais. Il accuse le maire de n'avoir jamais cessé de mentir.

À gauche, Benoît Payan avait annoncé réserver ses coups pour l'hémicycle. Selon lui, "Marseille arrive à la fin d'un cycle". Ces rapports de la chambre des comptes "ne sont pas un simple caillou dans votre chaussure, ni une péripétie que vous pouvez balayer d'un revers de main", a-t-il lancé à Jean-Claude Gaudin.

C'est le thermomètre qui montre la fièvre, pas la maladie

Le chef de l'opposition reproche au maire, d'avoir toujours agi en fonction des étiquettes politiques et de ses intérêts électoraux.

"Vous avez balayé toutes les remarques, fermé les yeux sur tous les scandales tout simplement parce que je n'étais pas du même bord politique que vous... Vous avez vu la politique partout", a-t-il poursuivi.

À l'adresse de la majorité municipale toute entière, peut-être pour impliquer les candidats LR aux prochaines élections, Benoît Payan est repartis à la charge : "Vous avez méprisé ceux qui vous ont dit que les écoles n'allaient pas, que les comptes viraient au rouge. Il serait trop facile que le problème ne soit que celui d'un homme, fut-il maire de marseille. C'est la faillite d'une équipe".

Sur les rapports de la Chambre, il termine :"C'est le thermomètre qui montre la fièvre, pas la maladie."

Ce dernier conseil municipal de l'année devait initialement se dérouler en décembre, mais compte tenu des élections municipales et des devoirs de réserve qui auraient empêchés la publication de ces rapports, le maire LR, Jean-Claude Gaudin a accepté d'avancer la date au mois de novembre, à la demande de l'opposition, pour permettre les débats.

Le dernier conseil municipal présidé par Jean-Claude Gaudin aura lieu en janvier. Ce sera l'occasion, pour lui, de faire son bilan et de recevoir les hommages républicains de circonstance.
 
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