Stade 3 coronavirus : écoles, crèches fermées, enfants à la maison, "on teste le télétravail depuis ce matin"

Depuis lundi, crèches, écoles, collèges, lycées et universités sont fermés. Un service minimum est assuré dans les écoles et les créches pour accueillir les enfants de soignants. Le stade 3 de l'épidémie est décrété et les mesures de confinement obligatoires.

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Annoncée jeudi soir par le Président de la République, la fermeture des établissements scolaires n'a laissé que peu de temps aux parents pour s'organiser.

Impossible de faire appel aux grands-parents considérés comme personnes fragiles et à risques.

Alors comment faire face à cette configuration inédite? 

Certains parents ont trouvé la solution : garder les enfants des autres à tour de rôle et se rendre service mutuellement. Même si le regroupement est déconseillé, certains n'ont pas le choix.

La fermeture des établissements scolaires va durer cinq semaines minimum et il va falloir trouver une organisation pérenne. D'autant que les professeurs commencent depuis lundi matin à envoyer les devoirs et consignes.

"Nous venons de recevoir un mail de l'école, la maîtresse nous a expliqué que chaque jour nous allions recevoir les consignes et du travail à faire avec nos enfants", explique Michaël, papa de deux garçons dont un en CP.

"Ce ne sont pas de simples devoirs, assure le jeune papa, c'est vraiment assurer la continuité pédagogique. La maîtresse sera présente par mail pour répondre aux questions des parents, deux heures le matin et deux heures l'après-midi".

"Nous devrons ensuite envoyer les photos des activités et exercices fait pour s'assurer du travail effectif de l'enfant". 

Le télétravail avec les enfants, un exercice pas facile 

D'autres travaillent depuis la maison, mais bien souvent avec les enfants. Pas toujours évident de jongler avec cette nouvelle organisation.

"On teste le télétravail depuis ce matin avec les enfants. explique Florence maman de trois enfants dont un en bas âge. C'est compliqué parce qu'ils ne comprennent pas forcément que je suis là mais pas vraiment là. Ils ont envie de jouer. J'essaye de leur trouver des occupations et d'avoir un oeil sur eux, mais la concentration pour moi n'est pas optimale".

On se partage la journée en deux, moi je fais la classe aux enfants le matin et mon mari les occupent l'après-midi.

Pour Gaëlle, maman de trois enfants de deux ans, quatre ans et  neuf ans, l'organisation repose sur un partage de la journée en deux : "Nous sommes tous les deux avec mon mari en télétravail, on se partage la journée, moi je fais la classe aux enfants le matin et mon mari les occupent l'après-midi".

Malgré tout, quand il s'agit de trouver des occupations, ce n'est pas toujours facile. "Tant qu'on peut encore les sortir un peu ça va, le plus dur c'est pouvoir les occuper en même temps, malgré la différence d'âge", indique Gaëlle. 

Avec d'autres parents de la même école, ils avaient prévu de faire classe commune chez les uns ou les autres. "Mais ce lundi matin, l'idée a été abandonnée car nous avons trop peur des risques encourus, donc chacun reste chez soi", ajoute Gaëlle. 

Une occupation à 200%, avec un grand en seconde, une moyenne en cm2 et un petit de six mois.

Maman a plein temps, c'est le nouveau travail d'Anne-Sophie, cadre supérieure dans une grande entreprise. C'est "une occupation à 200%, avec un grand en seconde, une moyenne en cm2 et un petit de 6 mois", confie cette maman.

César en seconde a reçu ses cours ce lundi matin et il s'y est mis de suite. "Il doit déjà plancher sur un devoir surveillé de français", explique Anne-Sophie.

"C'est quand même rigolo de faire ses devoirs en pyjama"

Pour les enfants, la dramaturgie de la situation se limite au cours de français, car pour ce qui est de la nouvelle organisation, chacun y trouve son compte.

"Moi ce que j'aime, c'est de me lever à neuf heures au lieu de sept heures, mais j'aurai préféré être à la maison sans devoirs quand même, ne se démonte pas le jeune adolescent. C'est quand même rigolo de faire ses devoirs en pyjama".

Romy est en classe de Cm2 et ne voit, pour cette première journée de l'école à la maison, que des avantages. "Elle choisit les matières qu'elle veut traiter en premier, cette autonomie lui plaît et elle est en demande de travail", reconnaît sa maman. 
"Pour les pauses et récréations, c'est en plein air dans le jardin", pour profiter de ce temps doux de printemps, "et le grand a le droit d'envoyer quelques textos à ses copains de classe, sur le temps de pause", conclut Anne-Sophie.

Etablissements ouverts pour les enfants de soignants

A l'école Copello, dans le 5ème arrondissement de Marseille, six professeurs étaient lundi matin en classe, accompagnés de six ATSEM. Ils ont accueillis quatre élèves, dont au moins un des deux parents est personnel soignant.

Les parents de ces enfants ont dû justifier de leur statut médical, avant de pouvoir laisser leurs enfants. Une situation particulière pour le chef d'établissement qui compte 270 élèves répartis en neuf classes.

"Avec les nouvelles préconisations sanitaires, nous ne pouvons accueillir que 16 élèves, sur deux classes de huit avec un professeur dans chaque classe", explique Hakim Traikaia. 

"Les élèves doivent se tenir à un mètre minimum de distance et se laver régulièrement les mains".

Dans un autre établissement marseillais d 9e arrondissement, une maman a eu moins de chance. "Mon fils n'a pas pu être accepté car lorsque nous sommes arrivés, le nombre limite d'enfants était déjà atteint".

"Heureusement mon conjoint a pu s'organiser pour aujourd'hui de son côté. Mais dès demain ça va être compliqué de s'organiser comme cela au jour le jour", s'inquiète cette maman. 

La continuité pédagogique pour les profs

Christophe, professeur d’anglais de 6e, 5e, 3e au collège Henri Wallon à Marseille dans le 14e, a mis en place des cours en ligne via "un système qui s’appelle pronote. D’autres collègues souhaitent utiliser d’autres plateformes pour ne pas utiliser Google", explique l'enseignant. 

"L’idée, c’était d’être sûr que les parents puissent suivre les devoirs des enfants s’ils le souhaitaient", ajoute le professeur.

"On met des liens, YouTube, Internet, pour avoir accès aux documents via le web. Le professeur peut joindre des fichiers que l’élève doit ou compléter ou imprimer dans le meilleur des cas, ou les télécharger", détaille Christophe du collège Henri Wallon.

Les limites des cours en ligne

"Le problème pour les langues, c’est que l’élève doit répéter, répondre. Là c’est impossible", reconnaît le professeur. Les élèves ne sont pour autant pas livrer à eux-même. S'il ont des questions, ils peuvent le faire avec leurs enseignants.

"Pour dialoguer, ça se fait via la messagerie pronote, pour que tout soit centralisé. Une élève de 6e m’a déjà contacté ce matin pour savoir comment faire un exercice", explique-t-il.  

"J’ai des élèves de troisième qui étaient censés avoir un oral en anglais pour le brevet début avril, on ne sait pas s'il aura lieu et dans quelles conditions".

Fracture numérique

"J’avais déjà fait ça la semaine dernière, j’avais pris les devants pour mettre des sujets et expliquer aux enfants, leur montrer les manipulations. Certains étaient un peu inquiets, certains le prenait avec désinvolture. Contents d’être en vacances tout en n'étant pas en vacances", confie Christophe

"Le collège où j'enseigne est classé REP+. Certains élèves de conditions très modestes ont des parents qui ne maîtrisent pas suffisamment le français et/ou l'informatique pour pouvoir les épauler, les guider, ou s'assurer qu'ils assurent le travail donné, constate le professeur. Je suppose que d'ici quelques jours, d'autres moyens seront utilisés pour réussir à accompagner tous les élèves dans cette nouvelle forme d'enseignement à laquelle ils ne sont pas habitués".

"Outre le problème de maîtrise de l’informatique, d’autres vont dire qu’ils n'ont pas internet, pas d’ordinateur". 

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