Coronavirus : le gouvernement autorise la prescription de chloroquine en traitement du Covid-19

Le gouvernement a autorisé jeudi 26 mars le traitement par hydroxychloroquine des patients atteints par le coronavirus Covid-19. La prescription du médicament anti-paludique reste toutefois soumis à un cadre très strict, réservée à certains médecins spécialistes. 

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C'est une petite victoire pour celui qui se bat pour la prescription de la chloroquine, depuis le début de la crise épidémique liée au nouveau coronavirus Covid-19. 

Le directeur de l'Institut Méditerranée Infection basé à Marseille, le Pr. Raoult, fervent promoteur de l'utilisation de cet anti-paludique, s'est aussitôt fendu d'un tweet de remerciement à l'attention du ministre de la Santé.

"Dans le cadre de l'urgence sanitaire, l'hydroxychloroquine peut être prescrite en traitement du COVID-19. Merci à @olivierveran pour son écoute", écrit l'infectiologue.

"L'hydroxychloroquine et l'association lopinavir/ritonavir peuvent être prescrits, dispensés et administrés sous la responsabilité d'un médecin aux patients atteints par le covid-19, dans les établissements de santé qui les prennent en charge, ainsi que, pour la poursuite de leur traitement si leur état le permet et sur autorisation du prescripteur initial, à domicile", détaille le décret, paru au Journal Officiel, le 26 mars.

La distribution du traitement reste très encadré. Il ne pourra être dispensé que par les "pharmacies à usage intérieur", comprendre au sein des établissements hospitaliers concernés.

Le décret précise qu'il s'agit des hôpitaux des armées, l'Institution nationale des Invalides et les structures médicales opérationnelles relevant du ministre de la défense déployées dans le cadre de l'état d'urgence sanitaire. 

En ce qui concerne le médicament Plaquenil et les préparations à base d'hydroxychloroquine, elles pourront être dispensées par les pharmacies d'officine mais "que dans le cadre d'une prescription initiale émanant exclusivement de spécialistes en rhumatologie, médecine interne, dermatologie, néphrologie, neurologie ou pédiatrie ou dans le cadre d'un renouvellement de prescription émanant de tout médecin".

Ces mesures s'appuient sur l'avis du Haut Conseil de la Santé Publique (HSCP) publié mardi, excluant, hors protocole d'essai, l'utilisation de l'hydroxychloroquine en prophylaxie (prévention et traitement, ndlr) sauf "pour les cas présentant des signes de gravité".

L'IHU fervent promoteur de la chloroquine

L'hydroxychloroquine, un dérivé de l'antipaludéen chloroquine, est préconisée par plusieurs médecins, dont le professeur Didier Raoult, directeur de l'Institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection, pour traiter les patients atteints du coronavirus.

Le professeur Raoult, dont la volonté de vouloir traiter à la chloroquine tous les malades du Covid-19 fait polémique, avait annoncé mardi se mettre en retrait du conseil scientifique accompagnant l'exécutif sur la maladie.

Depuis l'apparition du nouveau coronavirus en Chine, le Pr Raoult défend l'usage de la chloroquine contre la maladie, nourrissant des réserves chez de nombreux autres spécialistes qui estiment notamment que les essais restreints menés à l'IHU ne répondaient pas à tous les critères nécessaires.

Affrontements autour de la chloroquine

Quand le 26 février, après le traitement de 24 patients à la chloroquine, il déclare dans une vidéo rapidement virale la "fin de partie" contre le Covid-19, les critiques se déchaînent sur les plateaux télé. 

C'est "le traitement le moins cher et le plus simple pour traiter le Covid-19", martèle le spécialiste, classé rappelons-le, par la prestigieuse revue Nature parmi les 10 meilleurs chercheurs au monde, par le nombre de ses publications.

On lui reproche de promettre un "remède miracle" qui relèverait de la croyance et non de la science.

Karine Lacombe, infectiologue réputée, cheffe de service à l'hôpital Saint-Antoine à Paris, torpille ses travaux, parle "d'un essai contestable sur le plan scientifique", de "faux espoir de guérison" et se dit "ecoeurée" par la situation marseillaise.

Dans ce match des "chloro-sceptiques", le Pr. Raoult a aussi ses supporters. Des politiques, maires et élus, médecins aussi, qui soutiennent l'usage de l'anti-paludique, en ce "temps de guerre".  Au sein du conseil scientifique Covid-19, les désaccords se multiplient. Trop pour le professeur Didier Raoult. Le 24 mars, il annonce ne plus participer aux réunions et vouloir traiter directement avec le président de République.

Le même jour, le Haut conseil de santé publique recommandait encore de ne pas utiliser l'antipaludique chloroquine, sauf pour des formes graves et sous surveillance médicale stricte.
 
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