Coronavirus : "On le redit, on le redira, il est hors de question que l'on déménage", une pompier à nouveau menacée

Deux lettres en dix jours, mais pas question de déménager. "Vous n'auriez pas dû en parler aux médias". Alexia, pompier, et sa sœur Marie, aide-soignante, ont été une nouvelle fois menacées par un mot de leurs voisins les priant de déménager par peur du coronavirus.

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Face caméra, Alexia ne se démonte pas. "Il y a dix jours ma sœur et moi, (...) on a reçu un papier nous demandant de ne rien toucher dans les communs, et de demander à notre employeur de déménager", explique Alexia dans sa tenue de pompier.

"Hier (vendredi, ndlr), on a reçu un deuxième mot de menaces, nous disant que l'on aurait pas dû en parler aux médias et qu'on aurait juste dû faire ce qu'ils nous demandaient de faire, c'est-à-dire déménager".

"Mais on le redit, on le redira, il est hors de question que l'on déménage", ajoute la jeune femme. 

La vidéo a été tournée par les sapeurs-pompiers du Bouches-du-Rhône, qui ont fait une nouvelle fois part de leur soutien indéfectible à Alexia et à sa soeur, Marie. 

Cette fois pas question d'en rester là. La première fois les deux jeunes femmes avaient déposé une main-courante au commissariat. Elles y sont retournées, mais pour porter plainte.

Cela fait près de quatre ans que les deux sœurs vivent ensemble dans un petit immeuble du 9e arrondissement à Marseille.

Un premier mot et aucun voisin pour assumer 

Le 29 mars, en rentrant chez elles, Alexia et sa sœur Marie avaient trouvé un premier mot affiché sur leur porte.

"Suite à l’actualité, nous savons que dans cet immeuble logent des soignants (pompier et aide-soignante au dernier étage)", attaquent en préambule les auteurs du texte.

"Malheureusement nous avons peur", expliquent-ils avant de demander à ce que les deux jeunes femmes puissent "ne plus rien toucher dans les communs de l'immeuble", et de "voir pour que [leur] employeur [les] loge ailleurs"... Signé "des voisins."

"On a d’abord été choquées. On est tombée des nues", raconte Alexia. "Avec ma sœur, on n’a pas compris. On rentrait de nos gardes respectives, Marie à l’hôpital de la Casamance à Aubagne et moi au centre d’appel d’urgence de Marseille."

"On n’a jamais eu de problèmes avec nos voisins. Le soir même on a décidé d’aller les voir. On a toqué chez eux, mais partout la même réponse : 'non, non, ce n’est pas nous'. C’était personne."
 

 Hélas, les demoiselles du dernier étage ne déménageront pas. 

Après en avoir parlé avec leur famille et leur entourage, Alexia et Marie ont décidé de répondre avec un trait d’humour. 

"Nous souhaitons vous remercier pour votre soutien durant cette crise sanitaire", commencent-elles. 

"Hélas les demoiselles du dernier étage ne déménageront pas, ajoutent-elles invitant leurs voisins à bien respecter le confinement pour éviter de faire face "à un malencontreux cas de covid-19 dans l'immeuble".

"Actuellement, nous avons d’autres préoccupations : nous occuper de la population malade". Et de conclure avec une pointe d'humour : "PS : Si vous voulez enlever ce mot, n’oubliez pas, nous l’avons touché."

 Un acte odieux et injuste 

"C’est l’œuvre ignoble, malheureuse et incompréhensible de quelques-uns. Heureusement, la grande majorité des Français n’en sont pas là ", a réagi le colonel Grégory Allione, chef de corps des sapeurs-pompiers des Bouches-du-Rhône.

Dans un communiqué, les 6.500 Pompiers13 avaient déjà affiché leur "soutien" à leur camarade face à "cet acte odieux et injuste".

"Au moment où les témoignages de satisfaction inondent les réseaux sociaux, qu’une clameur émouvante monte chaque soir des balcons et fenêtres à 20 heures pour remercier les personnels de santé et de secours engagés pour sauver, exprimant ainsi le meilleur dans une communion populaire, certains n’hésitent pas à commettre le pire". 

Malheureusement, ce n’est pas la première fois que circule ce genre de mot anonyme dicté par la peur de l’épidémie. D’autres désagréables expériences de ce genre ont eu lieu ailleurs en France.

A Toulouse le 24 mars, après une longue journée de travail, une aide-soignante a ainsi eu la désagréable surprise de retrouver le même petit texte d'encouragement sur la porte de son domicile. 

Inquiets pour leur santé, ils demandent à leur voisine aide-soignante de quitter son logement

Publiée par France 3 Occitanie sur Mardi 24 mars 2020

 La peur fait faire n’importe quoi. 

A 24 et 21 ans, Alexia et Marie sont en première ligne depuis le début de l’épidémie, engagées toutes les deux au quotidien auprès de malades et de blessés. 

"On a tous ou presque des métiers de service à la personne dans la famille. Ma mère est dans le social, Marie travaille en milieu hospitalier à Aubagne, et moi je suis pompier depuis sept ans", explique Alexia. 

"En intervention, ça arrive qu’on nous parle mal, mais là, c’est à la maison. On a vraiment pris ce mot comme une agression. C’est la bêtise des gens, la peur fait faire et dire n'importe quoi."

Depuis qu'elles ont reçu ces deux mots, les deux sœurs continuent de travailler, de prendre leur garde. Car pour elles, pas question de s'arrêter là.

"Avec ma soeur, on continuera d'exercer nos métiers, ce sont nos vocations et nous passerons au-dessus de ces menaces et feront en sorte de ne pas les écouter". Donc acte. 
 
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