Les marins-pompiers de Marseille possèdent un savoir-faire bien à eux : ils peuvent mesurer la quantité de Covid dans les eaux usées. Cette semaine, les résultats d'analyses ne sont pas bons. C'est la première hausse depuis le dernier pic du mois d'octobre.
Chaque jour, les marins-pompiers recherchent la présence de la Covid dans les égouts. Chaque semaine, ils réalisent une cartographie de Marseille.
Le bataillon a mis au point une technique permettant de "faire parler les eaux usées". Ces analyses permettent de détecter la présence du virus six jours avant l'apparition des premiers symptômes physiques.
Sur cette carte du 16 décembre 2020, la couleur verte est rassurante.
Et voici la carte du 7 janvier 2021. Le jaune, l'orange et le rouge, répartis un peu partout dans la ville, illustrent la concentration du virus.
La tâche rouge au sud de la ville représente le site de Luminy. Les deux petits points plus hauts représentent un groupe scolaire dans le quartier Saint-Jérôme.
Cette carte multicolore est un signal d’alarme. Celle de la semaine prochaine est évidemment très attendue.
Pour réaliser ce type de cartographie hebdomadaire, une dizaine de pompiers se rend dès 5h du matin sur 37 sites marseillais. Ils prélèvent des échantillons d'eaux usées pour les analyser dans leur laboratoire.
L'heure très matinale a été choisie pour éviter la circulation. Les pompiers vont soulever des plaques d’égout pour réaliser leurs prélèvements. Et celles-ci se trouvent parfois sur la chaussée.
Si l’odeur des eaux usées n’est pas très ragoutante, ils craignent plutôt le gaz H2S. Ils se protègent contre ce gaz mortel susceptible d’exploser avec un masque à cartouche filtrante.
Le bataillon pratiquait déjà des analyses avant la Covid. Lorsqu’un bâtiment municipal est touché par un virus, il est d’abord nettoyé puis les pompiers réalisent des prélèvements pour vérifier qu'il est sain.
Lorsque la pandémie s’installe, des marins-pompiers lisent des articles étrangers sur l’analyse des eaux usées et mettent en place cette méthode.
Détecter le virus plus tôt
Le résultat est extrêmement intéressant puisqu’il permet de détecter la présence du virus plus tôt qu’avant.
D’autres grandes villes font appel à eux, comme Nice et Toulon. Ces villes envoient leurs échantillons d'eaux usées, ils sont analysés à Marseille. Avignon et Pau ont contacté le bataillon pour mettre en place le même procédé.
Car, pour le moment, personne n'arrive à pratiquer ces analyses. "Notre savoir-faire n’est pas tenu secret. Mais nous nous appuyons sur une chaîne logistique robuste et militaire. Nous avons des gens de terrain capables de soulever des plaques d’égout, ce qui n’est pas forcément le cas d’un laborantin. Nous ne sommes pas scientifiques mais nous réalisons des interventions sur les risques chimiques et biologiques depuis longtemps."
Les premiers signes d’une circulation plus forte du virus dans les eaux usées sont apparus depuis 2 jours et plus particulièrement dans certaines zones où TOUS ENSEMBLES nous devons renforcer les gestes ? ?barrières. @sup_recherche @marseille @MarinsPompiers pic.twitter.com/fbdqDRY7QN
— Marins-Pompiers de Marseille (@MarinsPompiers) January 7, 2021
Les marins-pompiers analysent leurs échantillons dans leur laboratoire et envoient les résultats à l’ARS.
C’est l’IHU, leur partenaire, qui leur demande d’accentuer les recherches dans telle ou telle direction. Car cette méthode permet de détecter bien d’autres virus et donne la possibilité de réaliser des veilles épidémiologiques.