Covid : "Nous sommes abandonnés", après huit mois de fermeture, les patrons de discothèques sont à bout

Les patrons de discothèques de la région se sont rassemblés devant la préfecture ce mardi pour dénoncer une fermeture qui se prolonge. Aucune discussion avec les représentants de l'Etat n'est engagée pour une éventuelle réouverture. La situation financière devient compliquée. 

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Depuis le 17 mars, les discothèques sont fermées. Huit mois d'arrêt d'exploitation sans aucune information du gouvernement sur la date probable de réouverture, les patrons de ces établissements sont déséspérés.

Nicolas Abramovitz et sa femme sont à la tête de "Chez Pablo" à Marseille, une discothèque du centre-ville. Trentenaires et motivés, ils n'ont pourtant plus de rentrée d'argent depuis mars. La situation devient tendue. Aucune aide n'est prévue pour les chefs d'entreprises.

Leur établissement de 1000 m2 peut accueillir en temps normal jusqu'à 900 personnes. Depuis mars, leurs 40 salariés sont en chômage partiel.
" Malgré la fermeture, nous devons continuer à payer nos loyers, ils peuvent monter jusqu'à 30.000 euros par mois. L'Etat avait promis des aides de 15.000 euros par mois pour juin, juillet et août pour nous aider à payer nos loyers notamment. Mais ces sommes n'arrivent pas, nous n'avons plus de trésorerie" se désole ce patron.

Première manifestation

Ce mardi matin, une centaine de patrons de discothèques de la région s'est rassemblée devant la préfecture. Ces chefs d'entreprises souhaitaient faire entendre leur mécontentement. Une première pour eux qui sont restés très silencieux depuis le début de la crise. Les patrons de la région se sont réunis dans le ​​​​​​"Collectif des discothèques Paca".
 
"Nous sommes des chefs d'entreprises, nous n'avons pas pour habitude de manifester, et on n'est pas forcément regroupés dans un syndicat ou comme l'UMIH", explique Nicolas Abramovitz, patron de "Chez Pablo" en centre-ville de Marseille.

A l'issue du rassemblement, "une délégation a été reçue en préfecture" pour exprimer leurs doléances.

Ils ont "été écoutés" selon eux, mais "aucune réponse n'a été apportée". La préfecture "s'est engagée à revenir vers nous très prochainement".

L'attente pèse sur le mental

En temps normal, tenir un établissement de nuit, c'est déjà compliqué. 

"On a tous galéré pour monter nos affaires, trouver un cabinet comptable, une banque qui nous fasse confiance. On fait partie des établissements les plus contrôlés toute l'année, par l'URSSAF et la brigade des bars. Il est quasi impossible de créer de nouveaux établissements", détaille le patron de discothèques à Marseille.

Sans activité depuis plus de huit mois, ces entrepreneurs ont envie de travailler, de trouver des solutions pour pouvoir rouvrir.

Ils comprennent la situation et sont prêts à faire de nombreux efforts.

"On veut qu'on nous propose des protocoles sanitaires pour que l'on puisse travailler avec les mêmes règles strictes que les restaurateurs", proposent les patrons de boîtes de nuit.

Les gérants d'établissements de nuit sont résignés à devoir déposer le bilan, "pas à cause d'une mauvaise gestion de nos établissements, mais parce que le gouvernement l'aura décidé".

"Nous, on est désespérés, on va refaire des manifs", indique Nicolas Abramovitz.

Une ouverture en avril prochain ?

Une rumeur se progage dans le milieu de la nuit. Avec comme date éventuelle de réouverture le mois d'avril prochain. 

"Mais en réalité, il n'y a aucun véritable interlocuteur. Donc on ne sait pas du tout ce qu'il en est. On est totalement oubliés", constate ce chef d'entreprise.

Comment rester debout jusqu'en avril prochain, avec déjà huit mois de fermeture ? Beaucoup des 1.600 patrons de boîtes de nuit françaises pensent mettre la clé sous la porte. "Impossible de tenir sur une durée aussi longue sans travailler". 

Très peu de patrons ont contracté le Prêt Garanti de l'Etat, le fameux PGE. "Sans savoir quand on pourra rouvrir, impossible de s'endetter", résume amer Nicolas Abramovitz.

"Le pire dans cette histoire, c'est qu'on ne peut pas se réinventer ou trouver un autre moyen de travailler. On est coincés sans autre alternative que de patienter. Cela devient très dur moralement" confesse Nicolas Abramovitz.

"Les banques et les assurances ne suivent pas, comment faire pour survivre ?", se désespère ce patron.  

A partir de maintenant, les patrons de discothèques vont se réunir et se rassembler pour continuer de se faire entendre.

"Nous, on est desespérés, mais on sait que les étudiants commencent à nous soutenir aussi, ils vont peut-être rejoindre les rassemblements", explique ce patron.
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