"De nombreuses pharmacies vont fermer, si on ne fait rien", retour sur la grève des pharmaciens pour la Pentecôte

Ce week-end de Pentecôte, au niveau national, des pharmacies de grade sont en grève à l'appel de L’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Un premier mouvement social avant la grande grève du 30 mai prochain où les pharmacies seront fermées. Les raisons de la colère sont nombreuses. France 3 Provence-Alpes fait le point.

"NON aux pénuries de médicaments, NON aux plateformes de vente en ligne de médicaments (type Amazon), NON à la vente en grande surface des médicaments, NON à l’entrée des groupes financiers dans les officines, NON à la fermeture des officines", dénonce le syndicat USPO dans la description d'une pétition en ligne qui recueille à ce jour plus de 26 000 signatures. Et c'est pour cette raison, que ce week-end de Pentecôte, les pharmacies de garde sont appelées à faire grève. Un mouvement social qui n'a pas pris de court les usagers" qui ont su prendre les devants", estime Stéphane Pichon, président de l'ordre des pharmaciens de PACA.

Un préambule au 30 mai

Stéphane Pichon rappelle l'importance des officines, de leur maillage de proximité." être pharmacien, ce n'est pas que la dispensation de boîtes de médicaments. Il y a un volet social, il a un professionnel et un patient qui a des conseils".

Il alerte sur les conséquences du projet de loi" qui va être très agressif contre les pharmacies et pousser un bon nombre à la fermeture, alors qu'on a en France un réseau très performant, plus personne n'a plus accès à une pharmacie". 

Valérie de Lecluse, la présidente du syndicat général des pharmaciens des Bouches-du-Rhône, explique que "l'an dernier 200 pharmacies ont fermé, certaines sans pouvoir trouver de repreneurs et d'autres pour éviter le dépôt de bilan, et depuis janvier 30 ont déjà tiré le rideau".

L'USPO de son côté "les pharmacies de proximité sont en danger. Votre santé est menacée. Nous avons besoin de votre soutien pour maintenir un accès aux soins de qualité pour tous les patients et sur tous les territoires", pour sensibiliser les patients à l'importance des officines de proximité qui bien souvent pallie le manque de médecins en territoire rural notamment pour délivrer des conseils.

"Des augmentations de toutes parts sauf du prix des médicaments"

Les pharmaciens regrettent que l'inflation qui touche tout le monde, eux, doivent la subir par la "non-augmentation du prix des médicaments, que la CNAM ne joue pas le jeu. Nous avons augmenté les salaires de nos employés, il y a eu la hausse des tarifs de l'énergie, mais nous ne faisons plus de marges qui nous permettent de continuer ainsi. Cela va être une catastrophe", prédit Valérie de Lecluse, la présidente du syndicat général des pharmaciens des Bouches-du-Rhône.

"Les négociations conventionnelles avec l’assurance maladie ne sont pas à la hauteur des attentes et des besoins des pharmaciens, le rapport Ferracci est désormais un projet de loi qui a pour objectif de déréguler la pharmacie, les pénuries de médicaments ne s’améliorent pas", détaille l'USPO.

Pour Stéphane Pichon, "c'est tout le système de santé qui est en danger, après la dégradation de l'hôpital, les déserts médicaux, il va y avoir moins de pharmacies, et une véritable dégradation de l'accès au soin en général".

"La troisième réunion a eu lieu le 14 mai, au cours de laquelle la direction de la CNAM nous a fait part de ses propositions pour la période 2025-2027. Alors que nous avions chiffré les besoins de la profession à un milliard d’euros dès 2024, il nous est proposé à peine 180 millions d’euros en 2027, si on déduit l’évolution tendancielle espérée de la marge brute", précise l'USPO.

La pénurie de médicaments

Un des principales raisons de la colère des pharmaciens est aussi la pénurie de médicaments organisée par les laboratoires.

"Après la pénurie de médicament, l’État organise la pénurie de pharmacies", indique l'USPO.

"Chaque matin, je fais mon marché, au lieu de passer mes commandes", indique Stéphane Pichon. Lorsqu'il expose ses besoins aux grossistes-répartiteurs (intermédiaires entre les laboratoires et les pharmacies), il est obligé de prendre ce qu'on lui donne et non ce dont il a besoin car toutes les quantités demandées ne sont pas disponibles. Et comme ses homologues dans toute la France, il reste suspendu au bon vouloir des arrivages. 

Une plus grande autonomie des officines

Pour pallier les pénuries, Stéphane Pichon préconise une plus grande autonomie pour les pharmaciens. "Ce serait bien que l'on puisse, comme pour les médicaments génériques, délivrer un autre médicament existant dans notre vaste pharmacopée qui pourrait aussi traiter ces maladies, pour la bronchiolite par exemple l'azithromycine est tout aussi efficace", indique le spécialiste.

Mais il déplore le fait de devoir appeler "systématiquement le médecin prescripteur" pour valider le changement. Ce n'est pas de demander l'autorisation qui le contrarie, mais la difficulté pour joindre la médecin. "Quand c'est un médecin en cabinet, c'est déjà difficile, car ils sont en consultation et répondent peu au téléphone, mais si l'ordonnance émane d'un hôpital, retrouver le médecin relève du parcours du combattant" détaille Stéphane Pichon.

Les pharmaciens souhaitent une évolution de leur rémunération,  en lien avec leurs missions  qui ont évolué avec les prescriptions et la réalisation de la vaccination, entre autres.

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