Le port du masque est obligatoire dans les transports en commun et dans certains commerces. Il va sans doute falloir vivre avec cette obligation encore de longs mois. Grâce aux créateurs de mode, c'est devenu un accessoire esthétique et beaucoup moins anxiogène.
Les créateurs de mode ont été mis à contribution dès le début du confinement pour palier la pénurie de masques grand public. Rapidement, leurs créations originales ont séduit les fashion victimes les plus réfractaires.
Chic, branché ou humoristique, c'est devenu un "must have" qu'on s'arrache dans les boutiques artisanales.
"C'est le nouveau rouge à lèvre puisqu'on ne peut plus en mettre avec le masque, s'amuse Nathalie De Belleval, costumière pour le cinéma qui a ouvert une boutique-atelier d'upclycling, Tombé du ciel Vintage, à Marseille il y a 8 mois.
"C'est devenu un accessoire presque coquet, du moment que le tissu est joli, c'est joyeux. Ça amène du sourire, note la créatrice. Je vois la tête des gens qui portent les masques médicaux, ils sont complètement flippés".
Les masques Vintage s'arrachent
"J'ai commencé à faire des masques dès le premier jour du confinement pour les commerçants du quartier qui n'en avaient pas, explique-t-elle."Je me suis retrouvée confinée avec ma fille Margaux, qui a aussi sa boutique vintage, Marcel et Simone, elle a ramené tout ce qu'elle avait de joli et on a fait des masques en reconditionnant sans rien avoir à acheter".
L'atelier de Nathalie De Belleval devient rapidement LA bonne adresse pour se faire faire un masque original et unique.
"Les gens choisissaient le tissu qu'ils voulaient et on faisait sur commande", raconte-elle.
"On en a fait avec des tissus de Marvel, avec des vieux T-shirts collectors de l'OM et ça a eu un succès fou, on a fait des marinières, et d'autres avec une multitude de couleurs, et les masques "mère-fille" déclinés pour les mamans et les petits enfants".
Ces masques réversibles, déclinés en modèle enfant, junior, femme et homme, à 10 euros pièces, ont eu tellement de succès que Nathalie a été submergée par la demande.
D'ailleurs, elle ne croit pas vraiment à un nouveau marché de masques "mode"sur la durée. "Ça va s'arrêter aussi, pense-t-elle, avec le coronavirus les choses vont se calmer. Ça peut revenir mais pas pendant l'été."
Masque assorti au maillot
Les plages ont rouvert et là aussi le port du masque s'impose. La collection 2020 de la société marseillaise Pain de Sucre s'est enrichie de ce nouvel accessoire de mode, assorti à sa collection de maillots.Comme d'autres marques haut de gamme, au début de la crise, elle a mis ses ateliers à disposition pour "contribuer à l'effort national et à l'urgence".
25.000 masques barrières en polyamide et élasthanne ont été offerts aux personnes les plus exposées, notamment aux soignants, alors qu'un tuto était par ailleurs mis en ligne pour pouvoir faire son masque soi-même.
Face à "la demande grandissante du public", Pain de Sucre s'est mis à les commercialiser. Lavables en machine à 60°C, ces masques sont réutilisables, mais leur port doit se limiter à la demi-journée. Le lot de 4 unités unis ou imprimés est vendu 32 euros.
L'entreprise aixoise "Je viens du sud" qui s'adresse aux jeunes a fait un carton avec ses masques à message.
"On a réussi à détourner ce produit en le rendant plus humoristique et plus identitaire, raconte David Darmon-Bonifaci, le créateur et gérant de la société lancée il y a 5 ans. On a créé quatre expressions : "Je crains dégun", "T'approche pas fada", "Finis les gâtés" et "Méfi, j'ai le squinfus".Des masques stylés
Et rien ne vaut un masque "stylé" pour plaire aux jeunes et un peu d'humour du sud pour sortir du climat anxiogène."Quand on voit tout le monde avec des masques verts dans la rue, c'est pas drôle, alors que je le vois avec nos masques, les gens ça les amuse. Ça respecte les gestes barrières et en même temps, ça casse les distances! Ça apporte un peu plus de légèreté".
David Darmon-Bonifaci a fait fabriquer ses masques dans l'usine d'un ami à Valence. Du "made in France", avec un textile répondant aux normes AFNOR et DGA, catégorie UNS1, parce que, dit-il, "il ne faut pas oublier que les masques, à la base, il faut qu'ils nous protègent".
Les masques sont vendus 8,90 € pièce. "On est en rupture de stock, ajoute-t-il. On a fonctionné en pré-commandes pendant deux semaines et là, on a arrêté, on reprendra les ventes quand on aura à nouveau du stock d'ici la mi-juin".
Pense-t-il que le masque a un avenir comme accessoire de mode ? David Darmon-Bonifaci est partagé sur la question.
"D'un point de vue professionnel, j'aimerais que ça continue, reconnaît le chef d'entreprise qui en a vendu des milliers en quelques semaines, mais d'un point de vue personnel, je préfère voir le sourire de quelqu'un, plutôt que de le voir avec un masque."
Au Japon, le masque est depuis une dizaine d'années déjà une affaire de coquetterie. Lucas, étudiant marseillais rentré d'un séjour du pays du soleil levant juste avant le début du confinement a remarqué que "les Japonais en portent tout le temps, contre la pollution, les allergies, s'ils sont malades, mais aussi par exemple, les femmes si elles ont des boutons, et les hommes aussi quand ils sont mal rasés".
"Dans les métros de Tokyo, il y a énormément de publicités pour les masques, certains qui raffermissent la peau ou d'autres qui affinent le visage, c'est très à la mode et c'est normal d'en porter".30 % des Japonais porteraient un masque pour une raison autre que sanitaire... Voilà de quoi faire sans doute rêver les créateurs de masques français.#Japon ?? Une artiste d'effets spéciaux devenue créatrice de mode @MALICIOUS_Xx créé un masque ? qui vous permet de montrer vos dents en cas de besoin
— AsieNews (@AsiaNews_FR) May 17, 2020
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