"Des riverains ont vu des gens prendre des objets" : des habitants de la rue de Tivoli inquiets face au potentiel pillage de leurs affaires

Informés vendredi des éventuels vols de leurs biens, les sinistrés de la rue de Tivoli demandent à la Ville de Marseille de leur rendre ce qui a été récupéré sur les lieux de l'accident. Leurs biens personnels sont toujours stockés depuis avril dans une friche à ciel ouvert.

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C'est un nouveau drame qui s'abat sur les habitants de la rue de Tivoli. Victimes d'abord de l'effondrement de leurs immeubles dans le 5e arrondissement de Marseille, survenu dans la nuit du 8 au 9 avril, les résidents du 15 et du 17 viennent d'apprendre que l'entrepôt dans lequel étaient stockées leurs affaires avait été pillé. Et c'est par France Bleu qu'ils ont été mis au courant, vendredi.

Roland Bellessa, un des représentants du collectif Tivoli 9 avril, reproche à la mairie de Marseille de ne plus avoir mis en place de gardiennage depuis le mois de juin. "Ils m'ont dit qu'il n'y avait plus eu de contrat pendant deux ou trois semaines en juin. Après, ils ont mis en place des rondes avec des agents qui passaient une fois par heure." Des rondes insuffisantes pour la victime de cette catastrophe et dont il doute de la véracité.

Un risque de pillage dans un entrepôt à ciel ouvert

Suite à l'effondrement des immeubles en avril, des gravats ont été déposés dans un entrepôt, avec le reste des affaires des habitants du 15 et du 17, retrouvé dans les décombres. Une expertise judiciaire a été réalisée, scellant ainsi les biens personnels des sinistrés.

Roland Bellessa, qui habitait au troisième étage du bâtiment, soutient qu'un bon nombre de ses affaires ont été conservées dans cette friche municipale.

"Des riverains ont vu des gens prendre des objets et ressortir avec des camions."

Roland Bellessa, un habitant du 15 rue Tivoli

à France 3 Provence-Alpes.

Plus aucun espoir de retrouver leurs affaires 

Le sinistré de la rue de Tivoli sait que les chances sont maigres pour qu'il retrouve l'intégralité de ses effets personnels. "Si les gens ont disposé de deux mois pour fouiller, je ne vois pas ce que je peux récupérer." D'autant, qu'aucune caméra de vidéosurveillance n'a pu enregistrer les allées et venues de ces curieux.

L'habitant du 15 ne sait pas quelles affaires ont été conservées, ni l'ampleur de ces pillages. "Ils vont me dire que l'incendie a détruit nos affaires et qu'il ne restait pas grand-chose, mais j'ai vu mes affaires sur les vidéos des différents médias", soutient-il.

"On aimerait que la justice nous envoie la liste de toutes les choses à récupérer qui ne sont pas utiles à l'enquête", ajoute-t-il.

Un souvenir pour se reconstruire

Si ces affaires ont une grande importance pour ces habitants, c'est notamment pour leur valeur sentimentale. "J'avais un cartable de mon père décédé. On gardait les affaires de nos enfants pour nos petits-enfants, ma femme sa robe de mariée, explique avec désespoir Roland Bellessa. Ce sont pleins de choses qui constituent notre vie finalement."

"Quand on vous arrache tout ce que vous avez d'un coup, c'est dur."

Roland Bellessa, un sinistré de la rue de Tivoli

à France 3 Provence-Alpes

Pour Clara Berroir, habitant en face des immeubles disparus et membre du collectif Tivoli 9 avril, récupérer ses affaires fait partie du chemin de la guérison. "Le fait de récupérer quelques traces, ça nous permet de retrouver un peu notre vie d'avant."

De nombreux signalements auprès des autorités

Récupérer les affaires est une demande qui a été maintes fois répétée par les sinistrés auprès de la mairie, du pouvoir judiciaire et des coordinateurs. "Dès qu'on se réunissait, on en parlait systématiquement. Ce n'est pas un sujet qu'ils ignoraient", explique Clara Berroir.

Cette requête est devenue une inquiétude pour les habitants, puisque, selon la sinistrée, la grande majorité des appartements se trouvant dans la zone rouge, entourant les immeubles disparus, se sont fait cambrioler peu de temps après l'effondrement. Une dizaine de plaintes ont d'ailleurs été déposées par les victimes.

Et puis les sinistrés ont en tête les mauvais souvenirs de la rue d'Aubagne, l'effondrement des immeubles survenu le 5 novembre 2018, où les cambriolages ont été nombreux.

Un manque de considération pour cette victime de l'accident. "Les personnes à qui on a signalé ne nous ont pas écoutés par mépris ou parce qu'ils ne voulaient peut-être pas mettre en place un système de récupération, ajoute Clara Berroir. Quand on a rencontré les coordinateurs et élus fin juillet, certains savaient déjà qu'il y avait eu des pillages."

D'après le collectif, l'expertise judiciaire s'est terminée en juin. "Dès qu'elle a été terminée, les services judiciaires ont mis rapidement fin à la période de surveillance. Ils ne nous ont même pas informés", déplore-t-elle.

Un accès toujours interdit

L'accès, interdit auparavant, l'est toujours aujourd'hui. Bien que l'expertise soit terminée, les habitants ne peuvent pas encore récupérer leurs effets personnels. "Ils nous ont dit maintenant qu'il y avait une suspicion d'amiante, donc on ne peut toujours pas y aller", exprime avec amertume Roland Bellessa.

Du côté de la mairie, aucune suspicion de cambriolage. "Le site fait l’objet d’une surveillance renforcée par un gardiennage mise en place par la Ville de Marseille, répond la ville à France 3 Provence-Alpes. Pour l’heure, la Ville de Marseille n’a pas connaissance d’intrusions et/ou de dépôts sauvages sur ce site. Si tel était le cas, la ville de Marseille prendrait toutes les dispositions pour le condamner. Au-delà des besoins de l’enquête, la Ville maintient un contact régulier avec toutes les personnes impactées par le drame de Tivoli."

Une réunion, prévue à l'origine pour parler du suivi général de l'avancée de l'accident, est organisée mardi entre les élus et les victimes. Le collectif compte bien mettre sur la table cette affaire de vols.

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