138 des 302 évacués de la rue de Tivoli à Marseille ont pu réintégrer leur logement ce vendredi matin. Mais tout n'est pas réglé pour ces habitants, analyse Kaouther Ben Mohamed, présidente de l’association Marseille en colère.
"Il y a des familles qui vont avoir peur de rentrer chez elles et c'est là qu'il faut un accompagnement", a expliqué vendredi 28 avril sur France Info Kaouther Ben Mohamed, présidente de l’association Marseille en colère, alors que 138 des 302 évacués de la rue de Tivoli rentrent ce vendredi chez eux, vingt jours après l'effondrement des immeubles.
- Les habitants rentrent-ils rassurés ?
C'est un soulagement mais les personnes devront être accompagnées. On rentre à son domicile, mais dans un périmètre de sécurité qui est encore viable et valable. Il va y avoir des barricades de partout, les bâtiments sont soutenus par des étais qui sont énormes et nombreux. Il y a encore le souvenir. Le traumatisme est là, il est présent. On va réintégrer son domicile mais ce n'est pas celui qu'on a quitté. Les vitres sont à terre, les fissures sont là, il y a de la nourriture pourrie, des odeurs. Donc, les gens doivent être accompagnés. Le combat administratif va commencer. Il va y avoir une vraie bataille avec les assurances parce que souvent ce type de dégâts n'est pas couvert par les assurances.
- Des inspections ont été faites. Cela a pris trois semaines, est-ce une durée normale ?
C'est normal parce que le périmètre était large. Il vaut mieux prendre trois semaines. On a déjà eu ce cas dans le passé de réintégrer des personnes à la hâte et de le réévacuer la semaine qui suit. De ce côté-là, la mairie a assuré. Je les salue de prendre la mesure de cette catastrophe et les potentiels dangers. Il faut être prudent, prendre le temps d'expertiser voire de contre expertiser les habitations où il y a un doute avant de réintégrer les familles.
- Quel est l'état d'esprit des habitants ?
Il y a des familles qui vont avoir peur de rentrer chez elles et c'est là qu'il faut un accompagnement de professionnels de santé, mais aussi du bâtiment, avec des architectes qui vont les rassurer. On est sur un traumatisme humain important et il va falloir qu'ils sécurisent et accompagnent les familles pour qu'elles réintègrent leur domicile en ayant confiance. Il va vraiment falloir les rassurer.
- Qu'en est-il pour les autres familles ?
C'est du temporaire. C'est du cas par cas quotidien. Il y a des bâtiments qui ne seront pas réintégrés, c'est impossible. Je pense aux numéros 19, 11, à l'angle de la rue de Tivoli. Il y a des bâtiments où les expertises et la sécurisation prendront des années.
(avec France Info)