Droits des femmes : une affiche jugée "sexiste" interroge à Marseille

A l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, la mairie du 13e et 14e arrondissement de Marseille a partagé une affiche du programme de la semaine. Jugée "sexiste" et critiquée par des élus, l'affiche a fait polémique sur les réseaux sociaux. La mairie assume et ne l'a pas retirée.

C'est un talon aiguille, en très gros sur l'affiche, qui a déclenché la polémique. La mairie du 13e et 14e arrondissement de Marseille a choisi un escarpin rouge sur fond rose pour illustrer son affiche présentant le programme de la Journée internationale des droits des Femmes, le 8 mars. 

Un choix qui a soulevé de nombreuses critiques sur les réseaux sociaux, notamment du côté des élus de la ville. Théo Challande Névoret, adjoint à la mairie de Marseille, demande à la mairie de secteur de modifier son affiche : "Les stéréotypes de genre en 2022, c'est plus possible !", a-t-il déclaré sur Twitter. "You're not a shoe ! (Vous n'êtes pas une chaussure, NDLR) La journée internationale des droits des femmes approche... et le concours de l'affiche la plus sexiste & misogyne avec". De son côté, l'adjointe à la mairie se dit "affligée"

"Ah mais alors là dans la catégorie "qui tua le game avant même que les autres candidatures aient fini leur petit dej", la mairie de Marseille et son sexisme du siècle dernier, fascinant !", déclare la conseillère régionale Anaïs Widiez. 

La première adjointe à la mairie du 2e secteur, Emilia Sinsoilliez, compare cette affiche à celle de la mairie du 4e et 5e arrondissement et ironise : "Les filles, vous préférez aller sur mars ou rester dans votre cuisine en talons aiguilles ?"

Stands culinaires et défilé de mode

Le talon aiguille n'est pas le seul élément à avoir alimenté la polémique. La programmation des événements de la semaine autour des droits des femmes a également été critiquée. Notamment l'installation de stands culinaires le samedi 5 mars, ou encore le défilé de mode de la créatrice Sylvie Kameli mardi 8 mars. 

"La vision des droits des femmes à la mairie LR du 13e et 14e arrondissement : talons aiguilles, stands culinaires et défilé de mode. Je sens qu'on tient notre champion pour le concours du 8 mars le plus dégueu", a tweeté Kevin Vacher, sociologue et militant au sein du Collectif du 5 novembre.

Même constat du côté du compte Jeunes & Fraîches, qui se définit comme un "compte d'élues qui subissent tous les jours le sexisme" et qui interpelle la maire (LR) du 13e et 14e arrondissement, Marion Bareille : 

La mairie assume son affiche

Pas de rétropédalage du côté de la mairie. Au contraire. La mairie du 13e et 14e arrondissement assume l'affiche qu'elle dit être inspirée d'une affiche de 1994 et de son slogan : "Pas besoin d’être en talons pour être à la hauteur".  

"Aujourd’hui certaines personnes pensent que les femmes doivent être qu'en baskets. Mais les femmes peuvent être féminines en baskets, en pantalon, en jupe ou en talon. Tout ce qu'elles veulent", réagit Céline Aycard, déléguée à l'égalité homme-femme, aux droits et à la protection de la femme à la mairie du 13e et 14e arrondissement.

"Ce buzz dénote une certaine façon de voir la vie. Ce sont des critiques infondées, très basses, des critiques politiques. C'est vraiment dommage." 

Au sujet de la polémique autour du défilé de mode, Céline Aycard ne comprend pas : "Qu’est-ce qui est sexiste de montrer une artiste qui crée pour les femmes ? La critique est tellement petite. Je les invite à venir voir tout le travail qui a été fait."  

Ces femmes-là se disent féministes mais jugent à tout-va les femmes…

Hayat Atia, déléguée à la mairie du 13e et 14e arrondissement

"Si tu portes des talons ça ramène à la prostitution … Si tu cuisines tu es soumise… (...) Voilà ce dont je parle tout le temps… le mépris condescendant qui se veut ou se croit bienveillant de ces idéologues des réseaux prêts à tenir les discours les plus démagogiques pour avoir un mandat d’élu (e) fonction qu’elles et ils dénigrent en permanence…", dénonce Hayat Atia.

Dans le 13/14 les femmes ne vivent pas comme dans le 4/5 ou le 6/8.

Hayat Atia

L'élue dénonce "la morale" d'une "gauche bobo dans le sectarisme et l'idéologie pure et dure sans prendre en considération les différences de terrain et d’arrondissements pour commencer. (...) Dans le 13/14 les femmes ne vivent pas comme dans le 4/5 ou le 6/8… "

La mairie du 13 et 14e persiste et signe. "Pendant des années, on n’a plus entendu parler de nous. Beaucoup de choses se passent autour de la femme dans notre mairie. On a des pépites dans notre secteur, on veut les mettre en lumière. J'invite les personnes qui critiquent à venir voir tout le travail qui a été fait. Cette semaine est quelque chose d’exceptionnel, qui ne se faisait plus depuis des années et des années."

Les polémiques sont récurrentes au sujet d'affiches ou de publicités jugées sexistes.  En mai 2021, à Strasbourg, un collectif féministe avait recouvert des publicités pour du papier-toilette montrant un corps d'homme. 

"C'est l'objectification du corps humain, ou réification, qu'il soit identifié comme masculin ou féminin", qui était alors en question. 

Dans un rapport publié le 21 janvier, l’association Résistance à l’agression publicitaire a appelé" à ne plus utiliser de corps dans la publicité.

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