Trois jours dans la même ville, c'est une première pour un président de la République, un acte symbolique. Marseille n'a pas besoin de symbole, mais de moyens. Emmanuel Macron aura face à lui des femmes et hommes politiques locaux qui connaissent les problèmes de la ville. Et veulent des solutions.
Nous savons que Brigitte et Emmanuel Macron aiment Marseille, surtout depuis leurs vacances (presque incognito) du mois d'août 2017. Beaucoup de visiteurs aiment également cette ville, ils sont plus rares à débloquer des millions, ou des milliards, pour l’aider.
Le président de la République ne vient pas en repérage mais avec un plan intitulé "Marseille en grand". Attendu dans la cité phocéenne mercredi après-midi, le président présentera ce plan au Pharo jeudi. Avant d'inaugurer vendredi le congrès mondial de la nature.
Logement, école, trafic de drogue, transports, les chantiers sont nombreux.
"Quelles sont les solutions pour les quartiers de Marseille ?" Samia Ghali ne peut pas répondre, "c'est trop vaste, tout est imbriqué."
Adjointe au maire de Marseille, conseillère de la métropole Aix-Marseille-Provence et conseillère départementale des Bouches-du-Rhône, la socialiste Samia Ghali incarne les quartiers nord depuis des décennies.
Elle a donc préparé une note de quatre pages à l'attention d'Emmanuel Macron. "Il faut mettre toutes les questions au coeur du dispositif de sécurité : éducation, emploi, justice, économie... Tous les ministères doivent être impliqués de la même manière. Tous les ministres doivent être mobilisés sur Marseille."
"L'Etat n'est pas un distributeur. Il faut qu'on présente des projets. En 2013, Jean-Marc Ayraud a annoncé 3 milliards d'euros pour Marseille. La ville doit être en capacité de saisir la main tendue. Et ça n'était pas le cas," analyse la femme politique.
Le seul espoir, c'est cette visite. Si l'Etat ne vient pas à la rescousse, c'est foutu.
Pour Saïd Ahamada, député LREM des Bouches-du-Rhône, la ville a besoin d'être rééquilibrée. Les quartiers nord et est doivent retrouver le même niveau de service que le reste du territoire.
"Aujourd’hui, on ne met pas les moyens où elle en a besoin. On ne met pas les politiques de transport là où les Marseillais ont besoin de se déplacer. Dans le nord de la ville mais aussi dans l’est, on ne réhabilite pas les écoles alors que c’est là où ça se passe, là où les enfants apprennent la République," observe le député.
"Evidemment, en matière de sécurité, il faut aller plus loin que ce qui a été déjà fait. Mais penser que le problème de sécurité à Marseille est uniquement sécuritaire serait faire une erreur."
Egalement députée des Bouches-du-Rhône, l'ex-LREM Alexandra Louis espère un choc dans la ville. Une autre façon de fonctionner entre les différentes institutions.
"Un Marseillais sur dix vit dans un logement insalubre. J'ai longtemps travaillé sur des copropriétés dégradées, pour réunir tous les interlocuteurs autour d'une table, j'ai parfois mis trois ans", témoigne Alexandra Louis.
"Le sujet le plus compliqué à gérer ne se résout pas avec un chèque, il y a un problème de pilotage des projets." Comment résoudre ce problème ? "Pas de collégialité, pas d'argent", tranche la députée.
Pas de collégialité, pas d'argent !
Stéphane Ravier, sénateur RN des Bouches-du-Rhône, se méfie des annonces et se souvient de celles faites par Jean-Marc Ayraud, premier ministre de François Hollande en 2013"On a annoncé un milliard pour Marseille. On n’a jamais vu l’ombre d’un euro", critique le sénateur.
"Emmanuel Macron vient à Marseille, il a quand même pris conscience des urgences. Parce que la situation est en tout point catastrophique. Le chômage est supérieur à la moyenne de deux points, un quart de la population survit en-dessous du seuil de pauvreté. Nous connaissons la situation migratoire et celle de l’insécurité avec un quinzième règlement de comptes cette année. Marseille est une urgence, il était temps que le président de la République s’en rende compte", déclare Stéphane Ravier.
Le président de la République devrait rencontrer ces élus à deux reprises minimum au cours de sa visite de trois jours. Quelques instants pour convaincre, si le plan "Marseille en grand" laisse encore place à des touches locales.