C'est un pari réussi pour ses promoteurs, la réplique de la caverne sous-marine des calanques de Marseille vise un environ 500 000 entrées annuelles en rythme de croisière, d'ici trois ou quatre ans.
Installée à deux pas du Mucem, la reconstitution de la grotte Cosquer a attiré 800 000 visiteurs. Le pari est gagné. Depuis son ouverture au public en juin 2022, le lieu ne désemplit pas. L'immersion dans ce monde souterrain avec ses peintures rupestres découvert dans les calanques de Marseille par Henri Gosquer a attiré 200 000 enfants. Ils représentent un quart des visiteurs.
Bientôt une visite virtuelle de la Grotte
Pour rester attractif, le site doit se renouveler. Dès cet été, les experts de Cosquer vont proposer une nouvelle formule de visite, dans une cabine d'exploration, avec une version numérique à partir des images en 3 D qui ont permis aux plasticiens de donner forme à la réplique.
"J'enfile un casque et je me promène comme si j'étais dans le module d'exploration de la grotte mais en plus si je tourne la tête je vois la vraie grotte dans tous les sens, en haut en bas devant derrière, comme dans la réalité virtuelle, à son propre ryhtme, avec la même visite et le même commentaire", explique Laurent Delbos, directeur régional Sud Est Kléber Roussillon à nos journalistes Mélanie Frey et Cédric Cottaz.
Menacée par la montée des eaux, la véritable grotte située sous la calanque de Morgiou, est destinée à être engloutie avec les traces d’une civilisation vieille de 45.000 ans avant notre ère.
Témoignage d'un passé bientôt englouti
À cette époque, Marseille est à l'ère glaciaire, la mer se situe à plusieurs kilomètres des côtes. Des pingouins et bouquetins cohabitent dans cet environnement. Des stalagtictes et stalagmitese forment les voûtes de la grotte Cosquer.
Le réchauffement climatique augmente le niveau des mers de ce lieu historique qui sera englouti par la mer. Le travail de reconstitution actuel permet de conserver la trace de ce lieu archéologique.
Ornée d’esquisses, la grotte Cosquer est l’un des rares vestiges de la région, décoré aussi bien de peintures rupestres et pariétales, c'est-à-dire sur ses parois et roches.
Des saïgas, une espèce d’antilopes et des pingouins ont été représentés par des homosapiens. Les dernières traces laissées dans cet habitat nature datant de 10 000 ans avant notre ère. La grotte sombre elle aussi dans les pronfondeurs des abysses, depuis neuf millénaires.
C'est en 1985 qu'Henri Cosquer s’aventure dans les profondeurs de la calanque de Morgiou, par un tunnel, à 35 mètres de profondeur. Il y fait la découverte de dessins en partie immergés et donc en voie de dégradation. Une équipe de préhistoriens composée de Jean Courtin et Jean Clottes accréditent l’authenticité des lieux.
Cosquer heureux de partager sa grotte avec le public
En visite au coeur de cet espace qui porte son nom, le prolongeur scaphandrier se dit "heureux" d'avoir découvert ce lieu et de pouvoir le partager avec le grand public. "Ce qui me fascine, c'est l'art que j'y ai trouvé en plongeant, explique Henri Cosquer. Je suis allé ensuite visiter les grottes de Chauvet, Lascaux, Peche-Merle, pour voir cet art pictural".
Le musée est interactif, un ascenceur simule une plongée dans les abysses. Un voiturette fait déambuler les visiteurs, sur rails, dans les 1750 m2 reconstitués. Afin que l'immersion soit totale, la température est calquée aux températures de la grotte, 18°C, l’éclairage y est assombri. Une galerie Méditerranée prolonge la visite en exposant des reconstitutions des espèces animales d'époque, ainsi que la civilisation humaine.
Actuellement, la grotte attire majoritairement un public scolaire et familial originaire de la région. L'objectif affiché est de séduire les étrangers qui représentent moins de 10 % des visiteurs.