L'association Vert de Rage a regroupé les données concernant la présence d'amiante dans les écoles élémentaires et maternelles de Provence-Alpes-Côte-D'azur.
Au moins 369 écoles élémentaires et maternelles de Provence-Alpes-Côte d'Azur contiendraient de l'amiante, sur les 3173 que compte la région. C'est ce que révèle l'étude menée par l'association Vert de rage, parue ce lundi 12 juin.
Ce chiffre est probablement sous-évalué : un grand nombre de mairies, qui ont la charge de ces établissements, n'ont pas fourni les éléments en leur possession concernant la présence d'amiante.
De l'amiante dans un dortoir à Marseille
C'est le cas notamment de la mairie de Marseille. Malgré les refus essuyés, l'association Vert de rage a obtenu des témoignages au sujet de 5 établissements, dont 4 où la présence d'amiante a été établie. Deux écoles dépassent le seuil d'alerte américain, de 5000 fibres par cm². En France, les prélèvements effectués par des lingettes en surface, tels que les a faits Vert de Rage, ne sont pas normés.
Dans la première école, le prélèvement réalisé est 1,4 fois supérieur au seuil d'alerte dans la salle des maîtres (6991 fibres par cm2). Dans la seconde école, un prélèvement dans une salle de classe révèle une concentration d'amiante 3 fois supérieure au seuil d'alerte (16314 fibres par cm2).
L'association a aussi observé la présence de fibres d'amiante dans deux autres écoles marseillaises, notamment dans un dortoir pour les élèves de maternelles, à proximité des lits.
Pour la ville de Marseille, l'association n'a pas communiqué le nom des établissements concernés, pour préserver l'anonymat des personnes ayant accepté de parler.
Une enquête dans toutes les écoles de France
Vert de rage s'est penchée sur l'ensemble des établissements primaires de France, à partir de plusieurs sources : des données partielles, déjà collectées en 2016 par l'ONS (observatoire national de la sécurité et de l'accessibilité des établissements d'enseignement) et des éléments fournis par les mairies, les chefs d'établissement et une partie du personnel scolaire. À partir de ces informations, les membres de l'association ont effectué des prélèvements sur place pour évaluer la quantité exacte de fibres d'amiante présente.
Nombre de mairies ont refusé de répondre ou confié à l'association être dans l'impossibilité de rénover ou de désamianter, pour des raisons budgétaires.
Une fibre peut suffire à provoquer un cancer
L'amiante est un cancérogène sans seuil, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS) : une seule fibre peut suffire à provoquer un cancer. Il a été utilisé dans la construction des bâtiments jusqu'en 1997. Or, selon Vert de rage, 85% des établissements scolaires en France ont au moins un bâtiment construit avant juillet 1997 et l'interdiction de l'amiante.
“Plus les enfants sont jeunes, plus ils ont de facteurs de risque. Le premier, c’est que leurs défenses immunitaires sont plus faibles et ils ont des voies respiratoires plus proches du sol du fait de leur taille”, estime Alain Bobbio, président d'Andeva, la plus importante association des victimes de l’amiante.
En théorie, n'importe quel parent d'un enfant scolarisé peut exiger de consulter le Diagnostic Technique Amiante (DTA) auprès du chef d'établissement. Mais de nombreux parents ont confié à Vert de rage que cela leur avait été refusé.