Le journal La Provence n'est pas paru en kiosque ce vendredi 17 novembre, en raison d'un mouvement de grève de ses salariés. En cause, l'annonce de la suppression d'une trentaine d'emplois par la direction du groupe.
Ce vendredi 17 novembre, les salariés du groupe La Provence à Marseille sont en grève et le journal n'a pas été imprimé ni diffusé. Ils protestent contre le plan social annoncé qui prévoit la suppression de 30 postes à la rédaction et à terme une soixantaine sur l'ensemble des services.
France 3 Provence-Alpes fait le point sur cette mobilisation.
Quels postes pourraient être supprimés ?
Cette réduction prévue de la masse salariale, dont la rédaction supporterait la moitié de l'effort (30 postes sur 61 suppressions envisagées au total pour un effectif global de 610 salariés, toutes professions confondues), la ferait passer de 185 à 155 journalistes.
Seuls 34 des 60 journalistes en CDD embauchés pour remplacer les titulaires ayant fait jouer la clause de cession, après la reprise fin septembre 2022 seront conservés, a précisé Gabriel d'Harcourt, le directeur général du Groupe La Provence, en soulignant que les effectifs de la rédaction n'avaient pas bougé depuis 2018, alors que dans le même temps le journal a perdu plus de 25.000 exemplaires vendus en moyenne jour (de 92.000 à 65.000).
Ces suppressions de postes étaient-elles prévues ?
Lors de son offre de reprise en 2022, Rodolphe Saadé, dirigeant de la CMA-CGM, s'était engagé à ne pas supprimer d'emplois. Il avait alors mis 81 millions d’euros sur la table, laissant présager de nombreux investissements.
Le 28 septembre dernier, lors d'un Comité social et économique (CSE), les représentants des salariés ont pourtant appris que serait mis en place d'ici à la fin de l'année un plan de gestion des emplois et des parcours professionnels (GEPP). Le but de celui-ci est d'identifier les métiers dont l'entreprise pourrait se défaire, et proposer ainsi aux salariés un départ.
"Les engagements ne semblent pas être tenus, a commenté Catherine Szwarc, avocate du comité social et économique (CSE) de l’entreprise, auprès de France 3 Provence-Alpes. Le 24 mars 2022, la CMA-CGM a obtenu l'avis favorable à l'unanimité de tous les CSE, mais sur quoi ? Sur un projet qui est simple : un investissement de 54 millions d'euros. Est-ce que cela a été fait ? On se pose la question".
Quels sont les arguments de la direction ?
En présentant ce plan mercredi, le directeur général du groupe, Gabriel d'Harcourt, a invoqué la perte d'exploitation de 12,5 millions d'euros enregistrée par le quotidien en 2022. En 2023, il annonce 9 millions de perte.
"On ne peut pas ignorer cette situation financière critique, sinon le journal ira dans le mur", a affirmé le dirigeant au Figaro, disant assumer de ne pas tenir sa promesse initiale. Le quotidien local entend miser sur les revenus issus du numérique pour redresser la barre.
Quelle est l’ampleur de la mobilisation ?
"Une grève immédiate et reconductible a été votée à 89%, avec une participation de 90%" des membres de la rédaction (214 inscrits), comprenant des journalistes titulaires ou en contrat à durée déterminée, des documentalistes, secrétaires et community managers", indique Sophie Manelli, déléguée du Syndicat national des journalistes (SNJ).
"La rédaction de La Provence a désapprouvé le plan qui comprend la suppression de 30 postes de journalistes sur 185, la rédaction de La Provence perdrait selon ce plan un journaliste sur six", déclare Nicolas Goyet délégué syndical CRFE CGC.
Le CSE reproche à la direction d’avoir opté pour un "plan qui prévoit des suppressions d'emplois mais qui n'est pas un plan social, qui garantit l'équilibre des pouvoirs", note Catherine Szwarc. "La CMA ne peut pas invoquer des éléments nouveaux qui nécessitent ce plan, la situation financière était connue", estime-t-elle.