Certaines stations-services sont toujours à sec ce lundi matin. En cause, la ruée des automobilistes pour profiter des ristournes de TotalEnergies et anticiper les répercussions de la grève en cours dans les raffineries. Il est pourtant encore trop tôt pour parler de pénurie, selon l'industriel.
Impossible, ce lundi matin de faire le plein à la station TotalEnergies de Carry-le-Rouet (Bouches-du-Rhône). La situation est à peine plus favorable à Marseille, sur le Boulevard Plombière ou au relais des Mille à Aix-en-Provence. Dans ces deux stations, une seule pompe est fonctionnelle, celle qui délivre de l'éthanol. D'autres sont tout simplement fermées.
Même constat Boulevard Rabataud où se sont rendus Karen Cassuto et Xavier Schuffenecker, notre équipe sur le terrain. "Je cherche une station, n'importe laquelle, pour faire de l'essence", se désole un conducteur au guidon de son deux-roues.
Et sur les réseaux sociaux, certains font part de leurs difficultés : "quelqu'un sait-il où trouver de l'essence?", lance un internaute désepéré.
Une carte mise en ligne par le géant de l'énergie permet de suivre heure par heure les disponibilités en carburant.
Et les données confirment les difficultés rencontrées par les automobilistes.
C'est pour le sans-plomb 95 que le manque est le plus criant. Sur 64 stations-services recensées dans la commune de Marseille par le site du gouvernement "le prix du carburant", seules 10 en proposent.
Les ruptures de stocks touchent désormais la plupart des enseignes. Jusqu'à la semaine dernière, seules les stations Total Energies étaient concernées.
Le groupe propose en effet une ristourne de 18 centimes sur le litre de carburant, qui s'ajoute aux 30 centimes pris en charge par le gouvernement. La ruée des automobilistes vers les stations de l'enseigne a créé des difficultés d'approvisionnement.
Mouvements sociaux à Fos et La Mède
Depuis fin septembre, des mouvements sociaux perturbent également la production de carburant. D'abord, les salariés de Esso, dès le 20 septembre, rejoints par ceux de TotalEnergies dès le 27 septembre. Les grévistes demandent des revalorisations de salaire pour faire face à l'inflation.
Résultat, ce week-end la plupart des raffineries du pays étaient à l'arrêt. Le mouvement touche notamment la plateforme de stockage et de "bio-raffinerie" de TotalEnergies à La Mède (Bouches-du-Rhône), où "plus aucun produit n'entre ni ne sort", selon Fabien Cros secrétaire CGT du CSE à TotalEnergies à La Mède. Mais aussi la raffinerie d'Esso-Exxon Mobil de de Fos-sur-Mer, dans les Bouches-du-Rhône également.
Les stations encore approvisionnées sont prises d'assaut par les automobilistes. C'est la peur de manquer d'essence qui pousse à faire le plein "au cas où".
Comme ce commerçant qui se déplace sur les marchés de la région rencontré par nos journalistes . "Un plein, c'est 1000 bornes, je roule parfois 240 kilomètres dans la journée donc j'ai un plein d'avance au cas où..."
Pourtant, les géants de l'énergie rechignent à parler de pénurie. "Nous confirmons qu’il n’y a pas de manque de carburants car TotalEnergies a constitué des stocks et procède actuellement à des imports réguliers", nous a signalé dans un mail le service presse de Total Energie.
"Malgré les mouvements sociaux, le réapprovisionnement de nos stations se poursuit dans le contexte de l’opération de baisse des prix."
Ne pas se précipiter à la pompe
La raison du manque de carburant ce lundi matin viendrait plutôt selon le géant de l'énergie de l'augmentation de la demande, avec une hausse de 30% de la fréquentation en station service. L'industriel recommande donc à ses clients de ne pas "se précipiter en station ".
Mais la situation pourrait durer. La baisse des prix proposée par Total doit en effet se poursuivre jusqu'à la fin de l'année. De son côté, la CGT a annoncé vouloir inscrire le mouvement de grève dans la durée.
Mais même en cas de pénurie, la France dispose de réserves stratégiques de carburant qui permettraient d'assurer les besoins vitaux du pays.