L'association Papillon lutte contre les maltraitances faites aux enfants et installe des boites aux lettres pour qu'ils puissent écrire et poster ce qu'ils ressentent. Bénévoles et mécènes sont recherchés pour multiplier les actions.
"Je sais que ce qu'on m'a fait n'est pas bien. Aidez-moi svp". Au-dessus de ses mots, la fillette avait dessiné un smiley qui pleure. Ce message a été retrouvé dans une des boites aux lettres installées par l'association Papillon.
Des mots pour des maux, le jeu de mots est facile, pas la mission. L'association papillon a été créée il y a deux ans par Laurent Boyet, un homme violé par son frère lorsqu'il avait entre six et neuf ans.
Si aujourd'hui il peut le verbaliser à haute voix, c'était inimaginable quand il était enfant. Impossible d'en parler, mais d'écrire ou de dessiner, c'était envisageable.
"J'ai compris qu'il manquait un outil aux enfants victimes de maltraitances : libérer la parole par l'écrit".
Il crée alors l'association avec une idée toute simple : implanter des boites aux lettres, dans les écoles ou les clubs de sports. Deux fois par semaine, les lettres mises à l'intérieure sont récupérées par des bénévoles, puis transmises à l'association.
"Nous travaillons avec des pédopsychiatres, des policiers, des avocats ... des professions qui ont l'habitude d'être confrontées à la parole de l'enfant".
Lorsque le message est jugé préoccupant, l'association se met en relation avec les cellules de recueil, de traitement et d'évaluation des informations préoccupantes (CRIP). Elles collectent toutes les transmissions de situation d'enfant en risque ou en danger. Il existe une CRIP par département.
33 boites installées dans les écoles en France
Depuis le premier janvier 2021, sur les 33 boites installées dans les écoles, 381 mots d'enfants ont été recueillis.
50% des messages concernent le harcèlement scolaire. Si le département de Seine-Maritime compte le plus de boites et de bénévoles, le département des Bouches-du-Rhône est bien doté.
Et la ville de Marseille vient de se doter d'une première boîte aux lettres, dans le 9e arrondissement.
"Généralement, dès qu'une boite est installée et que le référent bénévole a expliqué son rôle aux enfants, on retrouve des mots dans la boite dès le lendemain", explique Laurent Boyet.
La maison inclusive Cinclus est un laboratoire créé il y a deux ans à Marseille, qui s'étend petit à petit dans les "maisons pour tous", les CMA de la ville (Centre Municipal d'Animation)
"L'association fait de l'inclusion par le sport. Après avoir fait quelques recherches, j'ai découvert l'association Papillon que j'ai immédiatement contactée", témoigne Stéphane Grassi, président de l'association Agissez Marseille (AJC Marseille).
Depuis le 28 juin, une boite aux lettres est donc désormais installée pour permettre aux enfants de glisser des mots ou des dessins pour exprimer ce qu'ils ressentent.
"Nous sommes les premiers sur Marseille mais j'ambitionne de pouvoir en installer une dizaine dans d'autres CMA cette année".
Et si vous demandez pourquoi l'association s'appelle Papillon, Laurent Boyer a son explication : "chaque enfant victime est prisonnier de son silence comme dans une chrysalide".
Pour devenir bénévole ou pour installer une boite aux lettres dans une structure, il suffit de contacter l'association papillon.