Un Marseillais sur huit vit dans un logement "indigne" à Marseille. Appartement en péril ou insalubre, ce n'est pas la même chose, mais quelle est la différence ? Qui est responsable ? A qui s'adresser ?
Depuis l'effondrement des immeubles de la rue d'Aubagne, beaucoup de marseillais vivent dans la peur et l'angoisse. Plus de 400 personnes ont été contraintes de quitter leur logement dans l'urgence et presque chaque jour, de nouveaux immeubles sont évacués.
A Marseille, 40.000 logements sont jugés "indignes", un marseillais sur huit vit dans une de ces habitations.
Votre logement est-il "indigne" ?
Un habitat "indigne" est une notion qui désigne un logement dont l'état expose les occupants à des risques pouvant porter atteinte à leur sécurité. Il y a deux possibilités :- Si la sécurité physique est menacée, le logement est en péril
- Si la sécurité sanitaire est menacée, le logement est insalubre
explique Eddie Jacquemart, président de la Confédération nationale du logement (CNL), à nos confrères de l'AFP.Le problème pour les locataires d'un logement en mauvais état, c'est déjà de savoir le classer pour savoir à qui s'adresser
Votre logement est-il "insalubre" ?
Un logement "insalubre" désigne une habitation de mauvaise qualité, la dégradation des structures du bâtiment menace la santé des occupants. Par exemple, la présence de plomb ou de moisissures qualifient l'habitat d'insalubre.Dans ce cas, c'est une responsabilité de l'Etat. Il faut alerter la préfecture. Après une visite de l'Agence régionale de santé (ARS) ou du service communal d'hygiène, le préfet prendra un arrêté d'insalubrité.
Si le propriétaire du logement n'est pas en mesure de remédier à l'insalubrité ou de reloger les locataires, c'est le préfet qui se substitue à lui.
Votre logement est-il "en péril" ?
Si votre sécurité physique est menacée, si des fissures sont apparues, si des morceaux de murs se détachent, si l'escalier menace de s'effondrés ou encore si le plancher risque de céder, votre logement est peut-être dangereux. Dans ce cas, c'est une responsabilité du maire de la ville. Après expertise, il prendra un arrêté de péril, que le logement soit public ou privé. Les locataires seront évacués et pris en charge par les services municipaux.explique Jean-Baptiste Ollier, avocat, spécialisé en droit public.Un logement en péril est de la compétence propre du maire avec intervention de la puissance publique pour contraindre le propriétaire à agir
A Marseille, l'immeuble n°63 de la rue d'Aubagne était sous le coup d'un arrêté de péril imminent depuis dix ans. La mairie en a fait l'acquisition via sa société Marseille-Habitat en 2017.
a indiqué maître Jean-Baptiste Ollier.Comme tout propriétaire, la mairie a la responsabilité de l'entretien et des réparations de ses immeubles
Pour le numéro 65 de la rue d'Aubagne, une copropriété, le premier étage avait fait l'objet d'un arrêté de péril imminent en octobre avec interdiction d'y habiter. Pour les autres étages, l'arrêté municipal préconisait une série de travaux à réaliser en urgence avant le 9 novembre. Il s'est effondré le 5 novembre.