"Je ressens du dégoût", ces jeunes qui se sentent politico-anxieux après le premier tour des élections législatives

Suite au premier tour des élections législatives, une certaine politico-anxiété règne auprès des jeunes. Entre propos racistes et climat économique instable, ils nous ont confié leurs inquiétudes.

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Depuis l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale, prononcée par Emmanuel Macron dimanche 9 juin, certains jeunes se disent angoissés. La peur de la montée du racisme avec l'extrême-droite, de la place des femmes dans la société, du contexte économique et du manque d’opportunités professionnelles : tout se mélange. France 3 Provence-Alpes est allée à la rencontre de ces jeunes qui ressentent, au lendemain du premier tour, cette "gueule de bois électorale".

Jacine a 19 ans. Originaire du Cap-Vert, elle a été adoptée à ses quatre ans. Au réveil, ce matin, elle a regardé sur ton téléphone, a scrollé son TikTok. Elle est tombée sur une vidéo dans laquelle un homme noir se fait agresser. "C’est ça que j’aime pas, c’est les noirs. Allez dégage", profère un homme à l’encontre de l’internaute, un technicien venu pour un rendez-vous. Il a publié la vidéo pour dénoncer ce dont il a été victime.

Je n’ai même pas voulu regarder les commentaires, par peur de voir des remarques racistes.

Jacine

à France 3 Provence-Alpes.


"J’ai pleuré, je ressens du dégoût", nous confie-t-elle. La lycéenne a remarqué que sur les réseaux sociaux les personnes "se lâchaient". "De plus en plus, elles se sentent en droit d’exprimer ce qu’elles pensent."

Une angoisse que Jacine ressent au-delà de l’écran noir fumé de son écran, mais dans l’espace public également. "Je n’ai plus envie d’aller en ville. J’ai peur de me prendre des remarques." Auparavant, la lycéenne affirme avoir déjà subi quelques propos, mais elle estime ressentir la différence depuis le début des campagnes législatives. "Là, c’est du sérieux", souligne-t-elle.

Cette inquiétude, elle la partage avec des milliers d’autres jeunes. Jacine en parle avec son amie Estelle*, une lycéenne d’Aix-en-Provence, âgée de 17 ans. Elle aussi a été adoptée et a la peau noire. "J’ai peur", nous confie-t-elle. "Même si je suis Française, je suis noire, poursuit Estelle. J’ai l’impression que ces élections vont banaliser le racisme."

J’ai peur que ça finisse en guerre.

Estelle*

à France 3 Provence-Alpes.

Elle n’a pas l’âge de voter, et pourtant elle se dit inquiète par ces élections et leurs conséquences. "Je me sens triste et angoissée, j’ai peur que le Rassemblement national soit au pouvoir. Bardella propage la haine et la peur."

Des inquiétudes pour l’avenir professionnel

Si certains ont peur des réflexions liées à leur couleur de peau ou leur religion, d’autres ressentent de l’inquiétude face à l’emploi. C’est le cas d’Arnaud*. En études de cinéma, ces élections législatives et la montée du Rassemblement nationale sont source d’angoisse. "Quand j’aurai fini mes études, je serai intermittent du spectacle. Le RN ne propose aucune stabilité financière et aucune mesure appropriée."

Depuis l’annonce de ces élections législatives, le jeune homme se mobilise auprès de ses amis. "C’est important que les jeunes ne se laissent pas faire", nous explique-t-il. À l’annonce des résultats, ce dimanche 30 juin, il s’est senti "incompris" et "pas entendu". Arnaud, comme une centaine d’autres jeunes est allé manifester dans les rues de la cité phocéenne pour exprimer sa colère.

Sur les seize circonscriptions que comptent les Bouches-du-Rhône, trois ont été pourvues dès le premier tour : une par un candidat du Rassemblement national et deux par La France insoumise sous la bannière Nouveau Front populaire. 

*Les prénoms ont été modifiés.

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