Une centaine de magistrats et de policiers se sont rassemblés ce jeudi sur les marches du palais de justice de Marseille pour protester contre la réforme de la police judiciaire.
Une nouvelle fois mobilisés contre la réforme de la police judiciaire, une centaine de policiers et magistrats se sont rassemblés ce jeudi midi devant le Palais de Justice à Marseille.
Il s'agit pour ces enquêteurs et professionnels de la justice de dénoncer la dernière version du projet de la réforme de la PJ, qu'ils considèrent comme un recul de leur indépendance et de leur autonomie.
Le 3 mars dernier, Gérald Darmanin avait confirmé l'entrée en vigueur fin 2023 de sa réforme de la police nationale en amendant à la marge son volet le plus controversé sur la police judiciaire (PJ), et ce malgré la levée de boucliers des policiers. Le ministre de l'Intérieur est depuis resté ferme. Sur le calendrier d'abord, il a rejeté la proposition du Sénat d'instaurer un moratoire jusqu'à la fin des Jeux olympiques et paralympiques de 2024 et confirmé sa mise en place fin 2023.
Une réforme qui inquiète
Thomas, porte-parole de l'Association Nationale de la Police Judiciaire, a assuré lors d'une intervention publique, que "l'ANPJ continuera de porter la parole des enquêteurs et que chaque dysfonctionnement, chaque ingérence, chaque manquement dans l'application de cette réforme sera relayé."
Au micro de Mélanie Frey et Emmanuel Zini, Florent Boitard, délégué de l'Union syndicale des magistrats explique que cette réforme porte atteinte à ce qui permet de "lutter efficacement contre la délinquance", à savoir le lien entre les départements de la région, et ce "pour en faire une police par département" alors que "la délinquance est interdépartementale". Ce magistrat regrette par ailleurs que la spécialité de la PJ "se noie désormais dans des tâches de sécurité publique". Florent Boitard se dit inquiet quand aux conséquences de cette réforme sur la séparation des pouvoirs.
Soutien des familles de victimes
L'association Alehan, collectif de famille de victimes, était venue apporter son soutien aux policiers et aux magistrats. Sa présidente, Karima Meziene, elle-même avocate, rappelle que le combat de son association est d'obtenir une élucidation des assassinats, pour les proches des victimes et "on se rend compte que le travail de la police judiciaire était déjà complexe faute de moyens, cette réforme est donc un porte-ouverte à toujours plus de crimes impunis".