L’Europe au chevet du savon de Marseille, les Indications Géographiques évoluent, un enjeu majeur pour les régions.

La Commission Européenne s’est penchée sur une possibilité d’ouvrir les IGP aux produits autres que les produits alimentaires et les vins. Une manière de protéger un savoir-faire, un label tant attendu par les derniers savonniers de Marseille.

Révolution

Ils se sentent spoliés depuis des décennies, car leurs ancêtres n’ont pas pu, su, protéger à temps leur savoir-faire, avec une marque tombée dans le domaine public depuis longtemps… Les derniers savonniers traditionnels de Provence luttent depuis des décennies pour protéger leur patrimoine.
Une proposition de Bruxelles récente irait dans leur sens, une bonne nouvelle, car à l’heure actuelle, un savon « made in China » peut arborer un sceau avec « savon de Marseille » sans être inquiété… Seuls les initiés sont conscients de la différence de qualité.  

Une seule procédure pour tous

Il existe déjà les IG, et des Indications Géographiques Protégées. Signes utilisés pour indiquer qu'un produit a une origine géographique spécifique et jouit d'une certaine réputation ou possède certaines qualités liées à ce lieu d'origine. Elles s’appliquent aux secteurs agricoles, agroalimentaires ou encore viticoles. Même si la loi de 2016 a permis l’ouverture des indications géographiques aux produits industriels et artisanaux en France, ces IGP artisanales peinent encore à voir le jour pour l’instant.

L’Europe pourrait faire accélérer les choses  

Sonya Gospodinova, porte-parole de la Commission Européenne à Bruxelles pour le marché intérieur et l’industrie, explique que les instances vont proposer une procédure d’enregistrement simplifiée pour garantir la qualité et la provenance de produits :

Le but c’est d’élargir la mesure pour éliminer la fragmentation très diverse des états membres. Par exemple, à l’heure actuelle si un producteur de savon de Marseille veut protéger son savon en Europe, il doit demander à chaque état membre, ce qui peut être long ! Avec cette proposition, il n’y aura qu’une seule demande auprès de son pays.

Les producteurs soumettront donc d’abord leurs demandes d’IG aux autorités nationales, (en France, il existe déjà l’INPI, qui pourrait être désigné), et une fois la demande faite, l’Europe via l’Office de l'Union européenne pour la propriété intellectuelle (EUIPO) pourra octroyer l’IG et l’enregistrer. 

Le temps des navettes entre la Commission, le Conseil et le Parlement Européen… Le projet est lancé mais pas voté… Le temps de devenir Loi, le nouveau label européen pourrait entrer en vigueur dès 2024, après avoir été approuvé par les Vingt-Sept…

Plus de 800 produits européens pourraient bénéficier de l’IG.  

Lutter contre la contrefaçon

C’est le but principal de Bruxelles.

Distinguer le vrai du faux. A Marseille, les savonniers savent de quoi ils parlent… Depuis des dizaines d’années ils se mobilisent pour défendre un savoir-faire ancestral. L’UPSM, l’Union des Professionnels du Savon de Marseille lutte  « Pour que le Savon de Marseille authentique soit enfin protégé ».

Quatre membres fondateurs (la Savonnerie du Fer à Cheval, la Savonnerie du Midi, la Savonnerie Le Sérail à Marseille, et La Savonnerie Marius Fabre, à Salon-de-Provence), ont même déposé une marque collective pour que les consommateurs s’y reconnaissent…
Julie Bousquet Fabre, présidente de l’UPSM, est ravie de l'annonce de l'Europe :

Pour nous c’est enfin la reconnaissance d’un savoir-faire qui fait notre renommée. C’est très encourageant on ne peut que se réjouir.

Car rappelle-t-elle, la fabrication ancestrale du « vrai savon de Marseille » répond à des critères spécifiques. L’UPSM a d’ailleurs déposé son cahier des charges pour obtenir une IG en France auprès de l’INPI… en 2015.  
Raphaël Seghin, président de La savonnerie du Fer à cheval, espère une accélération de la procédure :  

Je suis content que ça avance enfin. J’attends la suite, nous avons déjà initié une action auprès de l’INPI il y a 7 ans… Nous avons reçu une première réponse la semaine dernière… J’espère que l’Europe bougera plus vite !

Ce savonnier rappelle que malheureusement près de 90% des savons dits de Marseille dans les grandes surfaces ne correspondent plus au savon original.  

L’authentique savon de Marseille  

Sa composition a été définie selon une recette ancestrale, avec 3 ingrédients clefs simples : de l’huile végétale exclusivement (sans parfum, ni colorant), de l’eau, du sel et de la soude. Bref, si vous voyez un savon de Marseille à la noix de coco ou à la lavande, pour les puristes, ce n’est pas un véritable savon de Marseille.  
5 étapes de fabrication sont clairement définies également par l'UPSM : le savon est fabriqué en chaudron, selon un procédé de saponification spécifique, appelé « procédé marseillais ».

Il faut être clairs pour les consommateurs, comme pour la mozzarella : maintenant le client peut choisir entre la standard ou l’IGP. Le savon doit être protégé de la sorte, nous sommes là pour maintenir un savoir-faire.

souligne Julie Bousquet Fabre.  

Au 20e siècle, il y avait plus de 50 savonniers à Marseille. Il ne sont plus que 4 fabricants traditionnels….   Selon l’institut national de l’origine et de la qualité, en 2020 l'ensemble des produits sous IGP représentaient 4,8 milliards d'euros de chiffre d'affaires en France.

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