La fondatrice de l'association de la Maison des femmes basée en région parisienne, Ghada Hatem est très attachée à Marseille. Depuis la création de son association, cette gynécologue-obstétricienne a toujours voulu que celle-ci s'installe dans la cité phocéenne. Un appel aux dons est lancé pour récolter 30.000 euros pour les nouveaux locaux marseillais, situés à l'hôpital de la Conception.
Cela fait un an que la Maison des femmes s'est implantée à Marseille. Au sein de l'hôpital de la Conception, dans le 5 e arrondissement, c’est toute une équipe qui s'occupe de la prise en charge de femmes victimes de violences en tout genre.
Actuellement l’antenne marseillaise a lancé une campagne d’appels aux dons pour réaménager ses locaux. En novembre 2023, elle souhaite déménager vers un nouvel espace.
Mais si ce projet a pu voir le jour à Marseille, c’est grâce à la gynécologue-obstétricienne Ghada Hatem. Cette médecin franco-libanaise a fondé cette association en Seine-Saint-Denis, en région parisienne en 2016. Depuis son ouverture, la structure francilienne fait entre 14.000 et 20.000 consultations par an.
Un lieu de réparation des violences
La création de la Maison des femmes s’est bâtie au fil de l’expérience de médecin et de vie de Ghada Hatem. À l’âge de 18 ans, elle débarque à Paris en provenance du Liban, où elle a connu la guerre civile, avec une amie pour y faire ses études de médecine. "On est arrivée que toutes les deux. On s’est pris un studio et on a travaillé dur pour atteindre nos rêves", raconte la gynécologue-obstétricienne.
Après plusieurs années d’exercices, notamment en tant que cheffe de service dans différents hôpitaux et cliniques d’Ile-de-France, l’idée de créer un endroit propice à accueillir les femmes et les enfants victimes de violences va germer. "La Seine-Saint-Denis est un lieu où il y a de la précarité. Certes, la violence ne se retrouve pas uniquement chez les pauvres mais cette situation engendre plusieurs formes de brutalité", explique-t-elle.
C’est à partir de ces nombreux constats que la fondatrice de l’association va vouloir créer la Maison des femmes, en Seine-Saint-Denis. "J’avais l’envie de concevoir une unité de soin dans mon hôpital pour prendre en charge ces femmes. J’ai donc monté l’association où je travaillais", précise la Ghada Hatem.
Aujourd'hui, l’association est présente dans une dizaine de villes en France. Et elles se trouvent dans une unité d’un service hospitalier.
Une « offre unique »
Ghada Hatem a donné une direction très large à La Maison des femmes. La dimension médicale n’est que le point de départ des soins apportés aux femmes. "On a pensé l'offre à 360 degrés. C'est le meilleur moyen pour répondre à ce problème", commente-t-elle.
"La violence qui est subie n'est pas uniquement corporelle. Elle est aussi psychologique. C'est pour cela qu'on travaille avec des psychologues mais aussi avec la justice et des policiers qui sont formés et font partie de notre pôle. Les femmes peuvent ainsi porter plainte si elles le souhaitent. Notre objectif est de les accompagner quel que soit leur besoin"
Ghada Hatem, gynécologue-obstétricienne et fondatrice de la Maison des femmes
L'association est également engagée auprès des enfants. Des interventions sont mises en place dans les collèges et les lycées pour parler de ces questions. "C'est important d'en parler avec les jeunes. Cela leur permet de repenser les relations garçons/filles. Plus on fait de la prévention et plus on pourra corriger ces problèmes."
Au sein des centres, trois différents parcours sont proposés pour répondre avec justesse aux besoins des victimes.
- Une unité de soins pour les "Mutilations sexuelles féminines" pour venir en aide aux femmes excisées.
- Une unité de "Planification familiale et IVG", pour le conseil et l'écoute en matière de contraception et d'IVG ainsi que pour la réalisation d'IVG médicales ou chirurgicales.
- Une unité "dédiée aux violences faites aux femmes" (viols, agressions, incestes, mutilations, violences conjugales)
Récemment, un quatrième pôle vient de voir le jour uniquement en Seine-Saint-Denis pour l'instant. Il s'agit d'une unité viol, où les médecins et la police travaillent en collaboration. L'association prélève et conserve sous scellés les preuves en cas de viol pour permettre à une victime de pouvoir porter plainte.
Marseille, le projet qui reçoit le plus d'engouement
À Marseille, la Maison des femmes a ouvert ses portes au public le 3 janvier 2022 à l'hôpital de la Conception. Mais pour Ghada Hatem, la cité phocéenne a toujours résonné comme une évidence pour son projet. "À l'origine, je voulais ouvrir le premier centre à Marseille. Mais c'était plus simple de commencer là où je travaillais", se rappelle la gynécologue.
Très rapidement, le projet va intéresser des gynécologues marseillaises comme la Professeure Florence Bretelle. "C'est une docteur junior de mon service qui m'en a parlé. J'étais fascinée par l'énergie portée par Ghada Hatem pour donner naissance à son association. C'est une initiative que je voulais mettre en place ici. Car à la Conception, on travaillait déjà sur l'accueil des femmes", affirme-t-elle.
Après un premier contact par mail sans réponse, Florence Bretelle parvient à discuter à Ghada Hatem par l'intermédiaire d'une collègue commune. "On pensait toutes les deux que Marseille et la Seine-Saint-Denis avaient de fortes similitudes. On a fait une visio avec une personne de la métropole. Et Ghada nous a laissé carte blanche pour monter la Maison des femmes à Marseille en nous dévoilant ses méthodes."
Quelques mois plus tard, l'initiative s'installe dans la cité phocéenne, ouvrant administrativement le 15 décembre 2021.
Désormais, le projet marseillais est devenu un incontournable pour les donateurs selon Ghada Hatem.
"Marseille est une ville très emblématique. Et sa Maison des Femmes est le projet qui plaît le plus. Certains me disent qu'ils ne veulent donner que pour Marseille"
Ghada Hatem, gynécologue-obstétricienne et fondatrice de la Maison des femmes
Dans chaque ville, la Maison des Femmes est également portée par des artistes qui font figure de marraine. "C'est très important pour nous d'avoir le soutien des artistes. Je suis très fière que la chanteuse et actrice malienne, Inna Modja, soit l'ambassadrice de la Maison des femmes de Seine-Saint-Denis. Elle a été victime d'excision. C'est un geste important", raconte Ghada Hatem.
À Marseille, c'est la chanteuse martégale Clara Luciani qui est engagée auprès de cette association.
Aujourd'hui, une dizaine de centre sont ouverts partout en France et une autre dizaine sont en construction, avec une volonté de développer ces maisons dans les zones rurales.
La Maison des femmes de Marseille se situe au 147 Boulevard Baille, à l'hôpital la Conception dans le 5e arrondissement de Marseille. L'accueil se fait avec ou sans rendez-vous du lundi au vendredi.