"La rédaction a besoin de stabilité" : La Provence change de directeur des rédactions et va le chercher au Midi-Libre

Olivier Biscaye a été désigné comme le successeur d'Aurélien Viers à la direction des rédactions du quotidien la Provence. Les syndicats s’inquiètent de cet "énième soubresaut" qui cultive "l'instabilité" au sein du journal.

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La nouvelle a fuité dans la presse ce jeudi 17 octobre, avant même que l'annonce soit faite officiellement à la rédaction du quotidien. "Désagréable" de l'apprendre par des confrères, pointe Eric Breton (SNJ), le secrétaire du CSE de La Provence, même si ce n'est une surprise pour personne. Le départ d'Aurélien Viers, de son poste de directeur des rédactions du quotidien n'a fait que confirmer un bruit persistant ces dernières semaines.

Son successeur désigné est Olivier Biscaye. Journaliste et auteur de livres politiques, l'actuel directeur de la rédaction du Midi-Libre est donc attendu en janvier, précédé de sa réputation de spécialiste de la transformation numérique et du "cost-killing".

Un manque de stabilité et de confiance

Mais pour les syndicats de La Provence, pas question de faire de procès d'intention. "On ne va l'accueillir ni avec des roses, ni avec des épines", souligne Éric Breton, qui déplore cependant la nomination d'un directeur "venu de l'extérieur, qui ne connaît ni l'entreprise, ni la ville". Nicolas Goyet, délégué CFE-CGC du journal, a eu vent de "son parcours et de son profil axé sur le numérique et les articles à forte audience", ce qui correspond, dit-il, à la volonté de la direction générale de redresser les revenus publicitaires. "Olivier Biscaye est recruté pour ça, ce qui pose la question pour les journalistes de savoir jusqu'où on peut aller pour faire des clics et de l’audience ?"

Au-delà du remplacement d’une personnalité par une autre, ce qui taraude les syndicats, c'est bien "ce mouvement perpétuel" qui plonge la rédaction dans "une instabilité" délétère. Depuis le rachat en 2022 du groupe la Provence par le capitaine d'entreprise Rodolphe Saadé, la rédaction tangue. Le nouvel actionnaire a "remis à flots" le titre, reconnaît Nicolas Goyet, mais les nominations se succèdent, et viennent bouleverser l'organisation interne. "On a besoin d'un cap".

Ce manager du service vidéo au web depuis 10 ans se souvient avoir "connu bien de péripéties" par le passé, "on a appartenu à Bernard Tapie, ce qui n'a pas été de tout repos, mais là, on a l'impression d'être dans une transition permanente depuis deux ans".

Lorsque des journalistes partent, bien plus que leur savoir-faire ou leur carnet d'adresse, c'est la mémoire du journal et son identité que l’on perd.

Eric Breton, Syndicat National des Jounalistes à La Provence

France 3 Provence-Alpes

Nicolas Goyet décrit une rédaction épuisée, essoufflée par deux mouvements de grève en six mois qui ont laissé des traces dans les esprits et écorné la confiance. "La clause de cession est ouverte jusqu'au 30 octobre, ça ne m'étonnerait pas qu’il y ait de nouveaux départs", confie Eric Breton qui estime à près de 80 le nombre de journalistes de la Provence ayant fait jouer cette disposition légale pour quitter le journal depuis l'arrivée du nouvel actionnaire.

Aurélien Viers poussé vers la sortie ?

Aurélien Viers a-t-il été poussé vers la sortie ? Le patron des rédactions, en poste durant un an et demi, affirme avoir saisi une opportunité professionnelle, "en bon accord avec la direction", selon ses déclarations à l'AFP. Pourtant, le 22 mars 2024, le directeur des rédactions avait été mis à pied pour un choix de titre en Une qui avait froissé Rodophe Saadé. Cette sanction avait alors suscité une bronca chez les journalistes, vent debout pour défendre leur indépendance éditoriale. Face à une motion de défiance et une grève illimitée, la direction avait finalement capitulé et réintégré Aurélien Viers dans ses fonctions.

Suite à cet épisode, une charte d'indépendance a été signée en juin 2024. À sa prise de fonction, Olivier Biscaye devra donc soumettre son projet éditorial à la rédaction qui le validera par un vote. Un processus de concertation qui pourrait prendre plusieurs mois.

Selon Nicolas Goyet, il est cependant urgent de retrouver un équilibre. À l’instar de nombreux titres de la presse quotidienne régionale, La Provence se trouve fragilisé par des baisses de recettes publicitaires et "confronté à beaucoup d'incertitudes quant au modèle économique à construire"

Ce que confirme Eric Breton, qui espère que cette nouvelle nomination ne viendra pas "tout chambouler". Avant de conclure, avec une pointe d’inquiétude : "Il est plus facile de perdre des lecteurs et des annonceurs que d'en gagner et ce que l’on perd, on ne peut plus le rattraper".

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