L'Olympique de Marseille a été battu 3-2 aux Pays-Bas par le Feyenoord Rotterdam en demi-finale aller de la Ligue Europa Conférence jeudi soir. Le club marseillais préserve néanmoins ses chances de se qualifier pour la finale.
Arrivé aux Pays-Bas fort de sa série de dix victoires en 11 matches, l'OM est tombé d'assez haut à Rotterdam. Derniers représentants français en Europe, les Marseillais espéraient peut-être un autre résultat, mais ils ont été trop faibles défensivement, dans un match qui a vu s'affronter deux équipes joueuses devant et généreuses derrière.
D'entrée, Feyenoord a mis beaucoup d'intensité, dans la foulée d'un avant-match furieux, où le stade De Kuip s'est transformé en gigantesque boîte de nuit à ciel ouvert avant de se couvrir de la fumée des dizaines de torches allumées par les supporters néerlandais et marseillais.
Pour piéger la défense adverse, Jorge Sampaoli avait misé sur la vitesse de Bakambu et surtout Dieng, plutôt que sur Milik, de nouveau renvoyé sur le banc. Le plan aurait pu fonctionner d'entrée mais le jeune Sénégalais, deux fois lancé en profondeur, a raté deux fois l'occasion, d'abord en butant sur Marciano (8e) puis en frappant à côté (14e).
Gerson irrésistible
Mais en dehors de ces deux actions, les Marseillais ont terriblement souffert et sur chaque rush de l'attaque de Feyenoord, les verres de bière s'envolaient.
Et les gobelets sont montés encore un peu plus haut quand les locaux ont assommé l'OM de deux buts en deux minutes.
A la 18e minute, c'est d'abord Dessers qui a ouvert la marque après une passe décisive de Sinisterra en talonnade. L'ailier colombien, meilleur joueur de son équipe, a ensuite marqué tout seul le deuxième, d'une frappe déviée par Rongier (2-0, 20e).
Marseille était alors loin de Tirana et de la finale du 25 mai, emportée par la fureur du stade où David Trezeguet avait offert l'Euro-2000 aux Bleus d'un but en or. Mais alors qu'ils étaient vraiment asphyxiés, Payet et les siens ont trouvé un peu d'air sur une jolie action collective cette fois bien conclue par Dieng d'une frappe du droit (2-1, 28e).
Sur le coup, on a pu constater que la charnière néerlandaise était suspecte et son gardien douteux. L'impression a été confirmée dix minutes plus tard avec l'égalisation marseillaise.
Parti de Gerson, le mouvement a abouti à une reprise du Brésilien, irrésistible en ce moment, après être passé par Payet et Guendouzi, via une mauvaise intervention du gardien Marciano (2-2, 40e).
Immense fébrilité
L'OM était sorti de la tempête mais les Provençaux se sont remis tout seuls dans la difficulté avec une incroyable bévue de Caleta-Car dès l'engagement de la deuxième période. Comme un mauvais cadeau pour la 100e sortie européenne de Mandanda avec l'OM, le Croate a adressé à son gardien une passe en retrait molle et complètement ratée. Dessers l'a interceptée et les verres de bière ont de nouveau volé (3-2, 46e).
L'OM a eu un peu de mal à se remettre de cet absurde troisième but et la suite a parfois été du même tonneau, avec des frayeurs défensives terribles, nées de l'invraisemblable fébrilité de Caleta-Car et Luan Peres.
Il y a eu quelques frissons offensifs aussi, avec Dieng, qui a encore manqué deux belles opportunités d'égaliser, ou Harit, bien entré dans la partie. En fin de match, Marciano puis Mandanda ont chacun réussi un arrêt déterminant mais le score n'a plus bougé.
Il y a eu beaucoup de facteurs pour expliquer nos difficultés, la pression de l'adversaire, le moment...
Jorge Sampaoli
"On voulait éviter leur pressing mais on y a tout de même été soumis, de commenter le coach de l'OM, Jorge Sampaoli. On n'arrivait pas à s'installer dans leur camp. En première période, il y a eu le jeu que voulait l'adversaire. En deuxième période, on a repris le contrôle mais on n'a pas pu égaliser."
"Le résultat est finalement dicté par une erreur individuelle après la pause. A ce stade du tournoi, tu ne peux pas te tromper et rester asphyxié. Ça a été dur et la frustration de ne pas réussir à jouer a généré des erreurs".
"C'est un apprentissage pour l'avenir et le match retour. En deuxième période, on a contrôlé le jeu et on a plus joué dans le camp adverse. C'est ça qu'il faudra faire au Vélodrome. Si on joue comme en première période, nos possibilités seront limitées".
"Ça a été un match très disputé et on rejoue dimanche, un match très important. Jeudi ça sera la revanche mais il y a forcément une grande usure physique pour les deux équipes, car il y avait beaucoup d'intensité."
Pour Valentin Rongier, l'OM s'en sort "plutôt bien" : "Il y a 3-2 et un match retour. On est capable de le faire, on l'a vu en deuxième période. Il y a forcément des choses positives. On les a mis en difficulté, on va s'appuyer là-dessus. Et on doit régler un des problèmes de ce soir, avec beaucoup de ballons dans notre dos. (...) Ils étaient à domicile, ils voulaient emballer le match, ils ont réussi".
"C'est aussi un problème de personnalité de notre équipe, poursuit-il. On aurait dû réagir plus rapidement. Le résultat est un moindre mal, oui, mais on n'était pas venu pour un résultat potable, on était venu pour gagner. Ça ne sera pas facile, c'est une belle équipe, mais on en est largement capable."
Un virage fermé au Vélodrome
Le nom du finaliste se décidera donc lors du match retour jeudi à Marseille. Il manquera le Virage Nord, fermé par l'UEFA après plusieurs incidents cette saison, mais le Vélodrome, comme De Kuip jeudi, aura son rôle à jouer.
Mais avant cela, Marseille doit recevoir Lyon dimanche. Le rendez-vous n'est pas moins important. Car l'OM veut garder sa deuxième place et retrouver l'Europe la saison prochaine, la grande.