À un peu plus d'un mois de la rentrée, de nombreux étudiants recherchent activement un logement. A Marseille, beaucoup de demandes pour peu d'offres, le marché est plus que saturé.
La rentrée approche à grands pas, et bon nombre d'étudiants à Marseille se trouvent encore sans solution de logement. Les agences immobilières croulent sous les demandes. Mais les offres, elles, sont peu nombreuses.
Originaire de Miramas, Othman va bientôt rentrer en fac de droit. Le tout juste bachelier sollicite depuis trois semaines les agences de location pour trouver un studio. Son budget maximum est de 500 euros. Une vingtaine de dossiers déposés, 13 visites effectuées. Sans succès. "C'est assez dur. Il y a plein de personnes qui sont dans mon cas. Ils demandent un garant qui gagne trois fois le loyer", constate le futur étudiant. Sans solution, il devra prendre le train deux fois par jour pour assister aux cours. Cela lui prendra 3 h de son temps dans la journée.
Loué en un ou deux jours
À Marseille, le marché de la location est saturé. Peu d'offres sont disponibles. Surtout pour les petites surfaces, très recherchées. "C'est direct pris d'assaut. En pleine période, on reçoit parfois 8 à 10 appels par jour", indique Henri Perret, gérant d'une agence Laforêt à Marseille. Les plus rapides sont les premiers servis.
Il faut être très réactif et avoir déjà préparé un dossier.
Henri Perret, agent immobilierà France 3 Provence-Alpes.
Bruno Breuner est agent commercial et immobilier dans une agence de Stéphane Plaza. Dès qu'il met en location des petites surfaces à moins de 1000 euros, les appels affluent. "On reçoit entre 10 et 20 appels par jour. En général, on laisse l'annonce seulement un ou deux jours."
Deux fois moins de studios qu'à Toulouse
Bien'ici, site internet qui propose les offres immobilières de location et d'achat, a fait un comparatif de logements pour France 3. Toulouse, au quatrième rang des villes les plus peuplées de l'hexagone, comptent 359 studios disponibles contre 180 à Marseille, deuxième ville de France. Même constat en ce qui concerne les résidences étudiantes. Il y a seulement deux appartements à louer à Marseille. À Toulouse, il y en a 19 disponibles.
Pour l'UNIS, organisation des professionnels de l'immobilier, une des raisons de la pénurie de logements en location, est liée à la rénovation énergétique des "passoires thermiques", prévue dans le cadre de la loi Climat et résilience. "Beaucoup de propriétaires ne louent pas, car ils ne veulent pas faire de travaux", confie l'organisme à France 3 Provence-Alpes.
Des loyers hors de prix
Les étudiants ne sont pas non plus épargnés sur la hausse du prix des loyers, qui a augmenté de 3,58 % à Marseille entre 2022 et 2023, selon l'Union nationale des étudiant.e.s de France. Certains étudiants se retrouvent alors avec peu de sous de côté à la fin du mois. "Lorsqu'on fait des distributions alimentaires, des étudiants nous disent qu'ils doivent faire le choix entre payer le loyer et manger", déclare l'Unef Aix-Marseille.
Plus d'une centaine d'étudiants s'adressent à chaque rentrée à l'Unef Aix-Marseille pour trouver des solutions. "Le Crous n'a pas les moyens de construire d'autres résidences. Alors certains doivent habiter à 4-5 dans un T2 ou font affaire aux marchands de sommeil", analyse le syndicat.
Un effet de la crise du Covid-19
"Ça fait trois ans que le marché est saturé à cause du Covid", souligne l'agent immobilier Henri Perret. La crise sanitaire a rendu Marseille encore plus attractive qu'avant, notamment pour le soleil et sa qualité de vie. Les gens viennent surtout de Paris et de Lyon, selon l'agent immobilier. À cela, s'ajoute "une absence de construction, un manque et une hausse du prix des matières premières".
Selon le site Mysweetimmo, Marseille est une des rares grandes villes à avoir autant profité des effets de la crise du Covid-19, enregistrant une hausse de +23,8% du prix moyen en 3 ans en mars 2022.
La concurrence des locations touristiques
Dans une ville aussi touristique que Marseille, la pénurie de petits logements à tarifs modérés s'explique aussi par la pression des locations saisonnières. Certains propriétaires privés trouvent plus rentable de mettre leur logement en location meublée sur une courte durée, en passant par les plateformes de location saisonnière comme Airbnb.
Étudiante en psychologie, Alice en a fait les frais. Elle recherchait un logement sur Marseille. Le seul qui correspondait à ses attentes était disponible uniquement de janvier à juin, car le propriétaire le mettait en location touristique pendant la saison estivale. "Il préférait se faire de l'argent l'été", explique-t-elle. Une situation malheureusement courante que les agents immobiliers, car elle réduit les offres de meublés.
La solution de l'auberge espagnole
Quand ils ne veulent pas débourser des sommes folles, les étudiants doivent trouver d'autres solutions. D'après une étude datée de Flatlooker datée 2021, les occupants peuvent réaliser jusqu'à 45 % d'économies sur leur loyer en se tournant vers la colocation.
Si elle était réticente à l'idée de partager un logement avec d'autres personnes, Alice a fini par tenter la colocation, par dépit. "Je ne trouvais pas d'appartement seule à un tarif convenable. C'était entre 600 et 700 euros pour un 30 m2", précise-t-elle. Au final, elle dit ne pas avoir regretté son choix.
Selon le site de location en ligne, locservice.fr, 21 % des étudiants se dirigent plutôt vers une colocation, et 53 % vers un studio / T1.
L'option achat ?
Quand ils le peuvent, les étudiants qui ne trouvent pas de logement optent pour l'achat, une option bien sûr beaucoup plus onéreuse. Certains parents décident ainsi d'investir dans un bien pour leurs enfants en études.
"Il y a une personne qui m'a appelée de Nice pour acheter un appartement pour son enfant qui est en fac de médecine", relate Boris Potiomkin, agent commercial chez Budy's immo, à France 3 Provence-Alpes.
En France, seulement 6% des étudiants ont accès à des résidences subventionnées du Crous, selon franceinnfo. La Fédération des associations générales étudiantes (Fage) dénonce ce manque de logements à des prix abordables pour les plus étudiants précaires. "À l’heure des 25% de taux de chômage chez les jeunes et d’un taux d’effort de 47% en moyenne chez les étudiants, il est urgent d’apporter des réponses". L'association prône le lancement d'un plan d’ampleur de construction de 100.000 logements sur l'ensemble du territoire.