Infographie. Quartiers nord : radiographie à Marseille d'une banlieue parmi les plus pauvres de France

A cinq mois du premier tour de la présidentielle, Ma France 2022 donne la parole aux citoyens sur les sujets qui les préoccupent au quotidien. France 3 s'est rendu dans les quartiers Nord de Marseille. On vous explique pourquoi nous avons choisi de mettre en lumière ce territoire.

Marseille est une ville pauvre, elle est même la plus pauvre des six plus grandes villes de France.

Sur ce territoire de 24.060 hectares, deux fois et demie plus grand que Paris, l’Observatoire des inégalités estime à 210.000 le nombre de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté. 

Selon l'INSEE, plus d'un quart de la population marseillaise est pauvre. Plus d'un ménage fiscal sur deux n'est pas imposé. 

Ville des superlatifs, Marseille est aussi la plus inégalitaire. Revenus, éducation, emploi, logement, transports.... Entre Nord et Sud de la ville, la fracture ne cesse de se creuser. 

Une concentration de pauvreté

À Marseille,  la pauvreté est exceptionnelle. Et elle se concentre principalement sur les quartiers Nord. Dans la cité phocéenne, cinq arrondissements affichent un taux de pauvreté supérieur à 40%, dans le centre et au nord de la ville (1er, 2e, 3e, 14e, 15e).

Au fil des ans, la situation n’a fait que s’aggraver. Selon l’INSEE en 2012, quatre arrondissements de Marseille figuraient parmi les plus pauvres de métropole. Près de dix ans plus tard, ils sont sept sur la liste et le 3e est toujours en tête.  

Aux portes des quartiers Nord, cet arrondissement de Marseille qui englobe Saint Mauront et la Belle de Mai est aussi l'un des plus pauvres d'Europe. Dans certains quartiers abandonnés, plus de sept habitants sur dix vivent sous le seuil de pauvreté. Un record.

L'éducation, une priorité

Quand Emmanuel Macron a "visité" la cité Bassens le 1er septembre 2021, les habitants lui ont demandé des écoles et des emplois. Le chef de l'Etat a promis des moyens pour la deuxième ville de France.

Première urgence, la mairie s'est engagée à rénover 174 des 470 écoles et à construire 30 nouveaux groupes scolaires dans les secteurs où les besoins sont les plus criants.

On voit clairement sur notre carte du plan de rénovation que là encore les besoins sont beaucoup plus importants dans les quartiers Nord qu'au Sud.

Dans le domaine de l'éducation, Marseille bat encore de tristes records. C'est la ville de France qui compte le plus d’écoles en zone d’éducation prioritaire REP+ et REP. 

Selon les chiffres de l'académie d'Aix-Marseille, 168 maternelles élémentaires et primaires sont en REP+, 35 en REP. 24 collèges sont en REP+ et 6 en REP.

Un chômage élevé

Selon les données de l'INSEE, sur la ville, 16,9 % de la population active de Marseille est au chômage. Le taux grimpe à 31,5 % chez les 15-24 ans. 

Dans les cités, l'inemploi touche des populations moins qualifiées et souvent discriminées. Dans ces quartiers, le chômage est trois fois supérieur à la moyenne nationale.

Des quartiers enclavés

À Marseille, l'inégalité entre le Nord et le Sud s'illustre aussi dans la différence d'offre dans les transports en commun. En dehors d'une centaine de lignes de bus de la RTM, les 868.227 habitants ne disposent que de deux lignes de métro et trois lignes de tramway pour se déplacer.

Et pour ceux qui habitent dans les cités des quartiers Nord, c'est pire. Pas de tram et le terminus Nord de la ligne 2 du métro, livrée en décembre 2019 avec plus de cinq ans de retard, s'arrête à la station Gèze, dans le quartier des Arnavaux, bien loin du 16e arrondissement. 

Le désenclavement de ces quartiers par les transports est l'un des grands axes du plan Macron pour la ville. Il prévoit notamment la création de quatre lignes de tramways et de cinq lignes de bus à haut niveau de service.

Des zones sensibles enclavées

Dans ces quartiers périphériques mal desservis et sans accès aux services publics, Marseille concentre de grands ensembles HLM anciens.  

Dans ces immenses copropriétés à hautes tours très dégradées se combinent tous les maux : la pauvreté, le chômage, les difficultés d'éducation et la main mise des trafiquants de drogue. 

Dans le 1er arrondissement, la misère a viré au drame le 5 novembre 2018 quand un immeuble vétuste s'est effondré rue d'Aubagne. La mort de huit personnes et l'évacuation de centaines d'autres a brutalement mis en lumière l'ampleur de l'habitat insalubre dans les quartiers pauvres. 

Une réalité connue depuis le rapport Nicol de 2015 qui dénombrait 40.000 taudis soit 100.000 personnes concernées.

Un parc immobilier délabré dans le centre-ville marseillais mais aussi dans des grands ensembles des quartiers Nord. 

Suite à l'effondrement des deux immeubles de Noailles, une vague d'arrêtés de péril imminent et d'évacuation a déferlé, partant de l'hypercentre ancien pour s'étendre ensuite aux secteurs paupérisés du 3e, 14e et 15e arrondissements comme le montre la cartographie réalisée par le média en ligne marsactu.

Au problème de l'insalubrité s'ajoute à Marseille le manque de logements sociaux. La deuxième ville de France compte un parc social de 77 588 logements, mais des milliers de familles marseillaises sont attente d'un logement.

41.000 demandes déposées auprès des bailleurs sociaux sont sans réponse. Il faut en moyenne huit ans d'attente pour obtenir un logement.

Au coeur des préoccupations pour 2022

Education prioritaire et décrochage scolaire, enclavement des quartiers, problème de logement, chômage.. ces préoccupations nous sont revenues sur Ma France 2022, une grande consultation citoyenne lancée pour donner la parole aux Français sur leurs attentes dans le cadre de la présidentielle.

Nous rendrons compte de ces préoccupations quotidiennes en allant à la rencontre de citoyens, dans leur quartier. 

Nous débutons cette série Ma France 2022 par une immersion dans les quartiers nord de Marseille. Chaque semaine, nous allons interroger les habitants sur une thématique qui est ressortie de la consultation.

Jusqu'à la présidentielle, vous avez la parole dans deux autres territoires de la région, le Vaucluse et les Hautes-Alpes pour connaître leurs attentes avant l'échéance électorale.

A la fin de chacun de nos articles, vous trouverez un formulaire pour vous aussi participer à cette grande consultation.

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