La mairie de Marseille prête à accueillir les migrants du navire affrété par l'artiste Banksy, l'opposition réagit

La maire de Marseille se dit prête à ouvrir son port aux migrants de Méditerranée sauvés par le navire Louise Michel, affrété par l'artiste de rue Banksy. L'opposition municipale a vivement réagi pour dénoncer cette décision.

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"On est prêts à accueillir le Louise Michel ou tout autre bateau qui est en danger et où des femmes, des hommes et des enfants risquent la mort," a réaffirmé Benoît Payan ce lundi lors d'une distribution de masques à Marseille. "La tradition d'accueil de la ville fait qu'on a besoin d'aller chercher les gens qui sont dans l'eau et de les sauver."

A ceux qui lui renvoient que ce n'est pas du ressort de la mairie, le premier adjoint à la Ville de Marseille répond : "Vous pensez que quand quelqu'un se noie, on demande qui a la compétence ? Des gens meurent sous nos yeux. Je n'accepte pas le procès qui est fait par la droite et la droite extrême de renvoyer ces gens à leur condition."

Emu par la vidéo postée par l'équipage du Louise Michel sur Twitter, Benoît Payan avait posté un Tweet samedi soir annonçant : "Nous ne laisserons pas 219 personnes entre la vie et la mort en Méditerranée. L’histoire de Marseille c’est tout le contraire. Nous ouvrons notre Port si le Louise Michel en fait la demande. L’Europe et la France s’honoreraient à les secourir". 

Dans la foulée, la maire de Marseille Michèle Rubirola a appuyé cette proposition.

"Des gens meurent en Méditerranée. Il est temps de les sauver. Je demande à Emmanuel Macron de nous accompagner et à l'Etat de prendre ses responsabilités. Marseille ville d'accueil et solidaire ouvrira son port", a-t-elle tweeté à son tour.

Une provocation pour le Rassemblement national

"A Marseille Michèle Rubirola les accueille, Martine Vassal les loge", s'est exclamé en réponse le sénateur RN marseillais, Stéphane Ravier sur son compte Twitter. Pour lui, c'est est une "provocation d'accueillir une misère de plus " dans une ville où "25 % de la population vit en-dessous du seuil de pauvreté, quand les Marseillais sont frappés par la crise du logement et un chômage très élevé".

"Ce sont les autres avant les nôtres", ajoute-t-il, en concluant : "Les Marseillais n'en ont pas les moyens".

Dans le camp de l'ancienne candidate à la mairie de Marseille, Martine Vassal, c'est le maire de secteur Lionel Royer-Perreault qui s'est exprimé.

Dans un post sur sa page Facebook, l'élu LR se dit "totalement opposé à cette déclaration prise sans concertation avec les services de l'État et tous les acteurs d'un tel accueil".

Lionel Royer-Perreault dénonce "une posture politique gratuite mais néanmoins lourde de sens" de la maire de Marseille."Ce n'est pas elle qui gère les autorisations de débarquer des personnes sur le territoire national," rappelle-t-il, joint par téléphone. 

"On ne traite pas d'une problématique de cette nature dans le cadre d'une politique municipale, ajoute-il. C'est d'abord aux états de traiter ce problème et de prendre des décisisions et de dire dans quel port ces personnes doivent être accueillies". 

"C'est hyprocrique et surtout cuynique", estime Lionel Royer-Perreault "parce que dire aux gens d'accoster pour se retrouver dans des squats de fortune ou dans des conditions dégradantes humainement, ce n'est pas le signe d'une sincère générosité." 

Il estime que Marseille n'a pas les capacités d'accueil nécessaire. "Ça ne peut pas reposer sur la compétence des seules collectivités locales, souligne le maire de secteur qui craint qu'"une fois qu'ils sont sur le territoire national, on demande aux collectivités de les accueillir dans les structures d'accueil d'urgence qu'elles financent". 

"C'est un sujet politique qui doit être débattu par l'ensemble des acteurs politiques locaux et pas simplement avec la maire, il doit y avoir les responsables des collectivités locales - Département Métropole, Région - et les parlementaires", estime Lionel Royer-Perreault.

350 migrants en quête un port d'accueil

Le navire humanitaire affrété par l'artiste de rue britannique avait lancé vendredi un appel de détresse pour ses 219 passagers, déplorant notamment un mort à bord.

Après un premier sauvetage jeudi, l'équipage du Louise Michel avait récupéré vendredi 130 nouveaux migrants à la dérive à bord d'un canot pneumatique qui prenait l'eau.

Le bateau devenu surpeuplé et ne pouvant plus avancer, avait dû laisser 33 personnes sur un bateau de sauvetage amarré au Louise Michel jusqu'à l'arrivée des gardes-côtes italiens.

Finalement tous les passagers ont pu quitter le navire samedi soir. 49, les plus fragiles, ont été évacués par les garde-côtes italiens et les autres transférés à bord du bateau humanitaire Sea-Watch 4. Sea-Watch 4.

L'ONG allemande qui avait déjà secouru 201 migrants en Méditerranée, compte désormais environ 350 personnes à son bord.

"Nous demandons un endroit sûr pour tous les survivants", a déclaré l'équipage du Louise Michel en annonçant le transfert de tous ses passagers. 



 
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