Quatre ans de prison ont été requis mercredi contre Gérard Gallas, ex-policier devenu marchand de sommeil. Une mesure assortie de la confiscation de deux de ses immeubles. Au fil d’une heure trente de réquisitoire, il a été question "d'atteinte à al dignité humaine, une infraction pénale".
Depuis le 13 novembre, le tribunal correctionnel de Marseille examine le dossier de Gérard Gallas, ancien policier reconverti. Au troisième jour de ce procès, emblématique de la lutte contre l'habitat indigne à Marseille, le procureur Guillaume Bricier, à la barre durant plus d'une heure et demi,a requis quatre ans de prison à l'encontre du marchand de sommeil et demandé la confiscation de certains de ses biens.
Gérard Gallas comparaît devant le tribunal correctionnel de Marseille, pour soumission de personnes vulnérables à des conditions de logement indignes et mise en danger d’autrui. Propriétaire d'une dizaine d'immeubles, dont quatre visés par l'enquête, il louait 122 appartements, à des personnes vulnérables.
"Mégalomane cupide"
Dénonçant une "stratégie délibérée" de la part de l'ex-policier de 50 ans, qui avait travaillé plus de dix ans au centre de rétention administrative et dépeint comme une "mégalomane cupide déguisé en bienfaiteur illuminé", le procureur a également requis une amende de 75.000 euros ainsi que la confiscation définitive d'une somme de 220.000 euros déjà saisie.
De même, le magistrat a requis 275.000 euros d'amende au total contre les trois sociétés civiles immobilières (SCI) au travers desquelles il détenait ses immeubles. En son nom propre ou via des SCI, Gérard Gallas possédait une centaine d'appartements dans une dizaine d'immeubles à Marseille, mais n'est jugé ici que pour quatre de ces bâtiments, situés dans les quartiers nord de la ville. Ces 72 logements, parfois aménagés dans des caves, étaient loués jusqu'à 600 euros, principalement à des étrangers en situation précaire.
"Mise en danger d'autrui"
Dans son réquisitoire, le procureur a mis en avant "le choix délibéré" de Gérard Gallas d'acheter des immeubles à bas prix, dans des quartiers pauvres, et de cibler des "locataires vulnérables, des personnes en situation irrégulière, familles avec enfants mineurs, femmes enceintes, demandeurs d'asile, personnes en état de précarité sociale".
"On n'est pas dans une infraction d'ordre administratif, mais dans une infraction au Code pénal : l'atteinte à la dignité humaine", a insisté Guillaume Bricier, avec "mise en danger d'autrui".
Le magistrat a enfin demandé, contre le prévenu, dix ans d'interdiction d'activité immobilière et cinq ans d'interdiction d'activité commerciale, pour sanctionner "une industrialisation de logements dégradés".
Quant à son "homme de main", Ali Faissoili Aliani, absent depuis l'ouverture de ce procès lundi, le procureur a requis trois ans de prison, avec mandat d'arrêt, 25.000 euros d'amende et dix ans d'interdiction d'exercer des activités immobilières.